Blé, maïs, soja – Le marché des grains morose, en attendant le rebond chinois


Risques climatiques, crainte de récession et possible rebond chinois : face aux incertitudes, le marché mondial des céréales se montre prudent en ce début d’année, en léger reflux.

Les cours des céréales se sont repliés mardi à Chicago et ont ouvert dans le rouge mercredi sur Euronext, où le blé est passé en séance sous la barre symbolique des 300 euros la tonne, son niveau de début mars, effaçant les fluctuations à la hausse de la fin décembre. Le maïs s’affichait à la mi-journée autour de 290 euros la tonne.

Le marché a beaucoup de questions et encore peu de réponses : la levée des restrictions sanitaires en Chine va-t-elle favoriser un rapide rebond du géant asiatique ? Quelles traces laisseront sur les cultures la tempête aux États-Unis et la sécheresse en Argentine ? Comment va évoluer le conflit ukrainien ? « Le marché est prudent, notamment à cause de la Chine », où l’activité manufacturière a reculé en décembre pour le cinquième mois consécutif, relève Michaël Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.

L’embellie chinoise, très attendue, pourrait être plus lente qu’espéré. « À long terme, on est optimiste sur le fait que la demande va monter(…), le consommateur chinois économise depuis trois ans. Mais à court terme, c’est autre chose. La demande est affaiblie », explique Arlan Suderman, de la plateforme de courtage StoneX.

Les inquiétudes quant au ralentissement de l’économie ont été ravivées par les déclarations de la directrice générale du FMI Kristalina Georvieva, qui a dit dimanche s’attendre à ce qu’un tiers de l’économie mondiale entre en récession en 2023.

S’il est possible, selon elle, que les États-Unis y échappent, la moitié des 27 Etats de l’Union européenne sera en récession cette année en raison de l’impact « très sévère » de la guerre en Ukraine.

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Le soja très haut

Sur le marché européen, la baisse des cours du blé et du maïs « traduit un ajustement des prix face à la concurrence des céréales originaires de la mer Noire », et en particulier du blé russe, indique Gautier Le Molgat, analyste au cabinet Agritel.

Depuis la mi-novembre, l’Egypte s’est par exemple presqu’exclusivement fournie en blé auprès de la Russie, qui a assuré près de 60 % des importations égyptiennes pour la campagne 2022-23 en cours, selon un bilan récapitulatif publié par Inter-Courtage. Moscou a totalement compensé les importations égyptiennes d’Ukraine, réduites à peau de chagrin cette saison (contre 24% lors de la campagne précédente).

Mais, relève Gautier Le Molgat, le marché de la mer Noire pourrait pâtir de l’attitude des réassureurs, qui rechignent désormais à couvrir les risques liés à la guerre en Ukraine, laissant augurer d’une nouvelle flambée des primes d’assurance.

Sur le continent américain, les éventuels dégâts de la tempête Elliott qui a balayé les États-Unis fin décembre sont difficiles à évaluer sur des cultures encore à un stade précoce. L’inquiétude reste plus liée au manque d’eau. Dans le Kansas, premier producteur de blé aux États-Unis, seules 19 % des cultures ont été jugées « bonnes » ou « excellentes » selon le rapport mensuel sur l’état des cultures publié mardi dans cet État, qui continue de souffrir d’une sécheresse considérée comme « exceptionnelle » par l’observatoire US Drought Monitor.

L’autre grande inquiétude sur le continent concerne le soja. « Le marché est partagé entre ce qui s’annonce comme une grande récolte au Brésil et la sécheresse en Argentine. Il cherche à déterminer à quel point l’un va compenser l’autre », indique Arlan Suderman. Mais, précise-t-il, il est trop tôt pour estimer l’impact de la sécheresse, « la maturation étant lente en Argentine ».

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L’oléagineux a atteint son plus haut niveau depuis quasiment cinq mois en fin de semaine dernière sur le marché américain. Comme les prix sont élevés, « les fermiers brésiliens vont être tentés de vendre immédiatement » leur production, ce qui « va rendre plus difficile un rebond prolongé des cours », pour Arlan Suderman.

Au niveau mondial, après un ralentissement fin 2022, « deux choses peuvent faire rebondir le marché des huiles : les agrocarburants et le déconfinement chinois », souligne Antoine de Gasquet, président de la société de courtage en huiles Baillon-Intercor, qui souligne que la demande, notamment chinoise, sera « l’arbitre » du début d’année.



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