Biodiversité – Macron à l’UICN ne convainc pas les ONG


Fini le temps des promesses : face à l’urgence environnementale, des ONG attendaient des actes et des financements de la part d’Emmanuel Macron à l’occasion de l’ouverture du congrès de l’UICN vendredi à Marseille, mais elles n’ont pas été entièrement convaincues.

Le Congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui rassemble agences gouvernementales, ONG, scientifiques, représentants des peuples autochtones, est un temps fort pour la protection de la nature. La France, pays hôte dont le patrimoine naturel est très riche, y tient un rôle particulier.

« L’urgence est là », a mis en garde le président de la République lors de la cérémonie d’ouverture du congrès. Il a pris l’engagement de placer en protection forte 5% des eaux françaises en Méditerranée en 2027, promis une « initiative forte » pour sortir des pesticides au niveau européen ou encore réaffirmé que Paris est contre l’accord Mercosur « tel qu’il est négocié aujourd’hui ».

Ces déclarations, comme l’annonce d’un sommet dédié à l’océan, « One ocean summit » en 2021 ou 2022, n’ont pas entièrement convaincu.

« Globalement, c’est un beau discours comme on en a déjà entendu dans la bouche d’Emmanuel Macron », a critiqué auprès de l’AFP Jean-François Julliard de Greenpeace France, regrettant la tenue d’un « énième sommet ».

Pierre Cannet, de WWF France, parle d’une « rentrée mitigée du président de la République sur le front de la biodiversité ». S’il salue les déclarations pour la Méditerranée et les engagements à ne pas importer des matières premières liées à la déforestation, sa « vision et le cap (…) restent flous et sans consistance ».

« Incohérences »

Emmanuel Macron doit, d’ici la fin de son mandat, « engager la sortie des subventions publiques dommageables à la nature, changer de braquet pour une véritable transition agricole » ou encore « s’engager à un objectif mondial de réduction de la pollution plastique », poursuit-il.

Lire aussi article :  un emballage pour les produits cosmétiques sans pollution aux microplastiques

« Il faut rehausser notre niveau d’ambition », demandait plus tôt l’ancien ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot, lors d’une sortie en mer avec Emmanuel Macron.

Les annonces faites par Emmanuel Macron n’ont pas non plus convaincu des sympathisants d’Extinction Rébellion.

« La planète est en danger, plus de biodiversité ! », ont scandé une centaine de manifestants réunis dans le centre de Marseille. « Ce n’est pas en mettant en conserve la nature qu’on la conservera. Il faut changer notre mode de consommation », explique Cyprien, défilant sous une pluie battante.

« Le mandat du président Macron ne laisse pas d’empreinte écologique », assénait Alain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue de protection des oiseaux (LPO), interrogé en amont de l’ouverture du congrès.

« Quelques mesures n’ont pas démérité », comme l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ou celui Europacorp, « mais la biodiversité reste le parent pauvre dans les questions environnementales », disait-il à l’AFP.

« J’ai regretté qu’on soit souvent dans la question climatique et dans les grandes stratégies », a-t-il réagi auprès de l’AFP après l’intervention d’Emmanuel Macron. « Le vivant est à l’agonie » et il faut « des plans d’actions pour les espèces en direct ».

Inverser le déclin des espèces sur 10 ans

Le gouvernement revendique à son actif une stratégie nationale pour la biodiversité visant à inverser le déclin des espèces sur 10 ans, une autre sur les aires protégées ou encore une stratégie visant à lutter contre la déforestation causée à l’étranger par la consommation de produits en France, comme le soja ou l’huile de palme.

Amandine Le breton, de la Fondation Nicolas Hulot (FNH), s’est réjouie de la « clarification de la position française par rapport au Mercosur » et la promesse que la France portera lors de sa présidence de l’UE le dossier des « clauses miroir » imposant aux produits agricoles importés de respecter les normes européennes pour éviter toute distorsion de concurrence.

Lire aussi article :  myCANAL : 10 films qui donnent la patate pendant le confinement - Actus Ciné

Mais elle relève aussi des « incohérences ». « Ce que nous attendons, au-delà de ce congrès, c’est que chaque décision du gouvernement soit, a minima, non dommageable pour la biodiversité, voire positive », explique-t-elle.



Source link