En Guadeloupe et Martinique, la défiance vaccinale se nourrit du précédent scandale sanitaire autour de ce pesticide qui a massivement contaminé la population.
«On s’est déjà fait avoir avec le chlordécone, ça n’arrivera pas une seconde fois avec le vaccin». À Fort-de-France, Noah*, 36 ans, tient une entreprise de tourisme. La crise sanitaire, ce Martiniquais l’a subie de plein fouet quand les frontières se sont fermées, et que les déplacements ont été limités aux seuls motifs impérieux. Son chiffre d’affaires en a pris un coup. Plus douloureux encore, un membre de sa famille est décédé du Covid-19. Pourtant, Noah n’en démord pas : l’injection contre le coronavirus, il ne la fera pas.
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Quand on lui demande pourquoi, un récit surgit : à 70 ans à peine, son grand-père est décédé d’un cancer de la prostate. Il venait de Guadeloupe où la molécule toxique chlordécone a été largement utilisée dans les bananeraies trente années durant, pour lutter contre les charançons, ces petits insectes redoutables pour les cultures. C’est seulement dans les années 2000 que des contrôles des eaux et sols révèlent l’ampleur de la pollution. Le pesticide était…