Au quai Branly, l’amour sans l’ombre d’un doute


C’est un décor fantastique comme on en voit peu. Un jeu d’ombres grandeur nature, où personnages mythiques et paysages immémoriaux reprennent vie pour faire découvrir au monde la richesse des légendes perses. Après Shâhnâmè – Une Épopée persane (Feathers of Fire), un premier théâtre d’ombres présenté il y a trois ans, le réalisateur Hamid Rahmanian est de retour sur la scène du théâtre Claude Lévi-Strauss où il propose pour la toute première fois son nouveau spectacle Shâhnâmè – Les amours de Bijan et Manijeh (Song of the North).

Une fois de plus, c’est dans le Shâhnâmè, ou Livre des Rois, qu’il puise son inspiration. Comprenant environ 60 000 distiques (ou couplets de vers), cette fresque épique conte les fondations légendaires du royaume d’Iran. Composé au Xe siècle par le poète Ferdowsi, le Shâhnâmè est sans nul doute la plus riche et la plus célèbre des épopées persanes.

Shâhnâmè – Les amours de Bijan et Manijeh (Song of the North)

Shâhnâmè – Les amours de Bijan et Manijeh (Song of the North)

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Faîtes l’amour, pas la guerre. Ainsi pourrait-on résumer le propos de ce spectacle, où les amours interdites triomphent de la haine. C’est à la princesse et guerrière Manijeh, au chevalier Bijan et à leur histoire impossible, qu’il rend hommage. Nés de deux royaumes ennemis, les jeunes amants mènent une lutte acharnée pour maintenir la paix entre les deux nations. Coup de foudre immédiat, pouvoirs magiques, esprits maléfiques, monstres et guerres… Les péripéties ne manquent pas, et auraient bien de quoi les éloigner, mais l’amour et le pardon finissent heureusement par l’emporter.

Accompagné d’une riche équipe d’artistes visuels, de marionnettistes, de danseurs, musiciens et acteurs, Hamid Rahmanian déploie des trésors de délicatesse pour offrir aux spectateurs de nouveaux tableaux immersifs. Sur une composition originale du musicien Loga Ramin Torkian, interprétée par la chanteuse Azam Ali, danseurs et comédiens animent plus de 300 marionnettes et 200 paysages pour plonger le public au cœur des enluminures persanes. Lumières, silhouettes sombres et couleurs se répondent avec poésie pour reproduire l’univers singulier des tapisseries et des illustrations de la Perse. Hamid Rahmanian fait appel aux techniques du cinéma d’animation pour réinventer le théâtre d’ombres : « C’est un endroit où je peux combiner toutes mes connaissances et compétences artistiques […] en une seule forme d’art. Je dis souvent avec humour que le graphisme et le cinéma se rencontrent dans l’ombre. »

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Shâhnâmè – Les amours de Bijan et Manijeh (Song of the North)

Shâhnâmè – Les amours de Bijan et Manijeh (Song of the North)

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Faire dialoguer les princes légendaires de l’Iran et l’Occident contemporain : voilà le défi que l’artiste installé aux États-Unis entend relever ! Après avoir officié comme designer graphique à Téhéran puis à New York, Hamid Rahmanian s’est finalement tourné vers l’animation numérique. Très vite, il a fondé sa propre société et produit des documentaires et des fictions pour lesquels il a été maintes fois primé. À partir de 2008, il débute son travail autour de la poésie persane, et voit dans le Shâhnâmè l’occasion de « donner vie à sa culture ». Il commence par l’adapter et l’illustrer dans un livre immersif, qui connaît un vif succès : Shâhnâmè : the Epic of the Persian King, avant de le porter sur les planches.

En animant cette épopée millénaire, il espère mettre à l’honneur les couleurs de son pays. Partager au monde la beauté de sa civilisation et de son histoire. Une manière pour lui de défendre l’universalité et l’atemporalité de certaines valeurs car « les messages issus du Shâhnâmè ne sont pas assignés au moment et au lieu de leur création ». En effet, les grandes questions qui jalonnent le recueil dépassent largement les frontières de l’Iran et le siècle où il a été écrit. Les amours empêchées – en témoignent Roméo et Juliette – sont un topos en littérature, et le pardon, le courage ou la trahison autant d’idées et de récits communs à toutes les civilisations.

Théâtre Claude Lévi-Strauss – Musée du quai Branly – Jacques Chirac

Le jeudi 10 février 2022 de 20h00 à 21h25
Le vendredi 11 février 2022 de 20h00 à 21h25
Le samedi 12 février 2022 de 15h00 à 16h25
Le samedi 12 février 2022 de 18h00 à 19h25
Le dimanche 13 février 2022 de 15h00 à 16h25
Le dimanche 13 février 2022 de 18h00 à 19h25

Billet spectacles
Plein tarif : 20,00 €
Tarif réduit : 15,00 €
Le billet donne accès au musée et à ses expositions le jour de la représentation

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