au procès d’un féminicide, l’insoutenable violence d’un homme


Ils l’ont vu, «un couteau dans une main, un marteau dans l’autre». Les parents d’Isabelle T. ont livré lundi devant les assises des Yvelines un récit cru du meurtre de leur fille par leur ancien gendre, dont ils ont été les seuls témoins. Ce 24 janvier 2019, Martine et Guy étaient venus aider leur fille à déménager, cinq mois après qu’elle eut divorcé de Jean J., le père de ses enfants. Cet homme aujourd’hui âgé de 50 ans se tient assis, quasiment immobile, le regard perdu, dans le box à Versailles, accusé de l’assassinat de son ex-femme – ce qu’il a reconnu – et de tentative de meurtre sur ses anciens beaux-parents, parties civiles.

En dépression depuis une tentative de suicide en 2014, ce haut cadre en mairie n’avait, en son «fort intérieur», jamais accepté le divorce signé en septembre 2018, avait-il reconnu vendredi, au premier jour d’audience. Haut clair et chevelure blanche, Martine T., âgée de 71 ans au moment des faits, s’agrippe de ses deux mains à la barre, lundi, pour témoigner devant la cour. Ce matin du 24 janvier, son petit-fils vient de partir prendre le bus scolaire, sa fille s’apprête à quitter sa maison pleine de cartons pour partir au travail. Isabelle est prof de sport.

« C’était d’une violence ! »

«Quand elle s’est approchée de la sortie, elle a crié tellement d’effroi que ça nous a fait sursauter», raconte-t-elle à toute vitesse, «quelqu’un de courbé s’est jeté sur ma fille». Son mari, retraité alors âgé de 74 ans, couché dans le canapé-lit du salon, se lève et tente de s’interposer, muni d’un tabouret, dans le déchaînement de coups qui s’abat sur sa fille.

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Jean J. avait acheté un marteau et un couteau en céramique quelques semaines plus tôt, pour cet assassinat dont les quelques instants ont été disséqués à l’audience par la médecin légiste. Des vingt-deux plaies par arme blanche, a-t-elle précisé, une seule est «pénétrante», portée «en région thoracique basse» et remonte, sur treize centimètres, jusqu’au cœur. Mortelle. «C’était d’une violence!», lance de sa voix forte Guy, le père. «Je ne l’avais jamais vu comme ça», dit-il à propos de son ancien gendre. À part dans des SMS injurieux les mois précédant le meurtre, l’accusé n’avait jamais été violent.

«Pleins de rage»

«J’ai dû le frapper, mais bon, ça n’a pas été efficace», regrette le père d’Isabelle. Et puis «j’ai vu les étoiles, j’ai senti un truc chaud, là», dit-il en pointant son cou. Il lui sera constaté une cicatrice de quinze centimètres au niveau du cou, une autre de treize centimètres au niveau de l’abdomen. Alors qu’Isabelle est au sol, «il lui tapait sur la tête avec le marteau», crie aussi le père à la cour d’assises. Quinze plaies seront dénombrées sur le crâne de la victime. «J’ai souvenir de crier +arrête, arrête, elle est morte!+», poursuit-il de sa voix forte. L’accusé, lui, ne bouge pas d’un iota dans le box, son regard bourru fixé vers un point flou, près de la barre.

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Retour au témoignage de Martine, qui tentait de joindre les secours par téléphone. «Ça y est, je les ai», crie-t-elle alors dans ce pavillon de Cernay-la-ville, dans le Sud des Yvelines. Elle ne l’a pas encore remarquée, mais elle est blessée à l’abdomen. Elle décrit ce «moment là», quand l’assassin l’a «regardée». «On s’est regardés quelques secondes. C’est là que j’ai vu les yeux révulsés, plein de rage, quelques secondes, un couteau dans une main, un marteau dans l’autre», dit-elle, toujours arrimée à la barre des deux mains.

Quand il lance le marteau vers la septuagénaire, elle l’évite, il s’échappe, laissant Isabelle «dans son bain de sang» devant la cuisine. «Quand vous avez vu ce que vous avez vu», reprend Guy, témoignant au procès, «ça ne sort pas». Sa femme, elle, fait des sudoku pour éviter d’y revenir en pensées. L’accusé répondra sur les faits mardi, le verdict est attendu mercredi.



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