Au Gaec Porquier (80) – Faire plus de lait : un pari plus rentable que de reprendre de la surface


Fraîchement installé, Quentin Porquier nous ouvre les portes de sa toute nouvelle stabulation vaches laitières. Le jeune éleveur a préféré miser sur la robotique pour produire plus de lait, plutôt que de reprendre des hectares hors de prix.

À moins de 30 ans, Quentin ne pensait pas revenir tout de suite sur l’exploitation familiale située à l’ouest de la Somme. Livreurs de la coopérative de la Bresle (Eurial), ses parents ont eu l’opportunité de récupérer du litrage et ainsi augmenter leur référence laitière il y a maintenant 4 ans. « C’était l’occasion d’accélérer mon projet d’installation », explique-t-il. Un projet officiellement abouti en 2021.

« On est passé de 800 000 litres à un droit à produire d’1,6 million. Pour grossir le troupeau, on a donc commencé par acheter quelques génisses entre 0 et 1 an et inséminer tout le monde en semences sexées dès 2020. On a viré l’atelier taurillons et vaches allaitantes pour saturer la stabulation (une aire paillée qui avait déjà été agrandie d’ailleurs), mais on a vite été obligés de mettre des lots de vaches dans d’autres bâtiments et c’est devenu compliqué à gérer. »

Un bâtiment de stockage transformé en stabulation

Derrière l’ancienne stabulation (qui abrite aujourd’hui les élèves et taries) se trouvait le bâtiment de stockage à paille. C’est celui-ci qui été agrandi dès 2018 jusqu’en limite de propriété (61 m de long x 33 m de large) en prévision de l’agrandissement de troupeau. Dans ces 2 000 m2, les éleveurs ont pu monter 137 places en logettes matelas + 10 places en aire paillée.

Les vaches laitières ont pris leurs quartiers dans cette nouvelle stabulation en décembre 2021. (©TNC)

« On était dépendants des voisins pour la paille (on en achetait 40 ha chaque année), c’était le moment de passer en logettes et de se mettre aux normes pour stocker le lisier », explique Quentin qui ne regrette pas. « Cela nous a permis de diminuer en cellules, là où on était toujours limites en aire paillée… On a dû réformer quelques vaches certes, mais à cause des bétons, pas à cause des logettes. De ce côté-là, elles s’y sont bien faites. »

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S’ils trayaient encore 80 vaches il y a à peine 2 ans, le troupeau compte désormais 125 vaches laitières, « et il reste encore des génisses à vêler ». L’objectif : atteindre 140 vaches traites et produire 1,4 million de litres par an.

Un projet à 800 000 €

« Avant même mon installation, on songeait au robot de traite, notamment pour soulager ma mère qui trayait le plus. Mais avec 80 vaches laitières à l’époque, c’était trop pour un seul robot et pas assez pour deux. L’agrandissement du troupeau était l’occasion de franchir de le cap. » Les trois associés ont alors opté pour deux VMS 310 Delaval via la concession Dehan située à Saint-Aubin-Rivière (80). Ils ont été mis en route en février 2022 et tournent à environ 2,6 passages/jour de moyenne.

Quentin a préféré installer les robots en circuit forcé pour maximiser le passage au robot. Au quotidien, il repousse jusqu’à 5 vaches en retard maximum. (©TNC)

Double actif, Quentin est aussi inséminateur (500 h/an pour respecter la dérogation en Gaec). C’est donc en fin connaisseur qu’il s’est laissé convaincre par l’option analyse de progestérone : « Ça nous permet de mieux voir les vaches en chaleur, même les chaleurs discrètes. On peut aussi savoir si la vache est gestante et si elle revient bien en chaleur après un vêlage. » Les consommables représentent un coût moyen de 4 000 €/an, mais les éleveurs estiment s’y retrouver avec le gain sur le suivi repro et l’arrêt des colliers de détection des chaleurs (remisés aux génisses). Ils ont aussi pris l’option OCC (comptage cellulaire) aux robots.

En prime, les associés ont acheté le robot racleur Delaval, « suffisant pour la surface du bâtiment, quand chez d’autres marques il en faut deux pour faire 140 vaches », et le repousse fourrage Optiduo.

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Le projet se chiffre à 800 000 €, subventionné à 40 %. Il comprend : les deux robots de traite, la maçonnerie des deux fosses (intérieur et extérieur), les bétons, les filets brise vent (gérés par station météo), les logettes et matelas, les tubulaires, le robot racleur, le taxi-lait, le robot repousse fourrage, une balayeuse pour les logettes et un silo supplémentaire.

Au Sud Est, les éleveurs ont monté des filets brise vent contrôlés par une station météo. (©TNC)

Du lait plutôt que des terres à 15 000 € de l’hectare

Faire plus de lait quand d’autres arrêtent, pour Quentin il n’y a pas de gêne tant qu’on est passionné : « On est éleveurs dans l’âme, on voulait conforter l’atelier lait car côté cultures, le prix du foncier est très important. D’après mes calculs, c’est plus rentable aujourd’hui d’investir dans les vaches que dans des terres à 15 000 €/ha. »

Si le projet se chiffre à 800 000 €, les subventions lui ont permis de ne débourser « que » 500 000 €. « L’objectif est de faire 80 000 € d’EBE en plus donc les investissements devraient être rentabilisés dans 7 ou 8 ans. Je ne suis pas sûr qu’on ait la même rentabilité sur les terres au prix où elles sont chez nous. »

Un an après la mise en route du robot, les trois associés commencent à trouver leur rythme. L’objectif maintenant : établir un roulement pour réussir à se libérer un week-end sur deux !

Si Quentin est le plus intéressé des trois par la robotique, sa mère Béatrice maitrise l’outil. Son père Alain en revanche « n’est pas du tout informatique », il se contente de regarder les vaches en retard pour l’instant. (©TNC)



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