Au-delà des murs, l’art reprend son souffle



Une respirations continue, un instant de grâce suspendu… jusqu’à essoufflement. Au cœur du hall de béton nu de la mythique Funkhaus de Berlin, ancien siège de la radio d’État est-allemande de la RDA, résonne une longue complainte hypnotique jouée au saxophone par l’artiste queer norvégien Bendik Giske. Inspiré du free jazz, l’artiste qui s’est emparé du saxophone à l’âge de 12 ans propose aujourd’hui des performances musicales envoûtantes, repoussant toujours plus loin les limites de l’instrument. Dans une respiration continue, le musicien crée des boucles semblables à celles de la musique électronique. Ici, de minuscules micros ont été placés sur le corps de l’artiste et sur l’instrument afin de capturer chaque respiration entre les notes, chaque bruit des doigts claquant sur le laiton. Jusqu’à épuisement, les notes dansent, le corps dérive, exprimant plus que jamais sa fragilité face au temps.

Dédicacée à « un ami décédé et pleuré par sa communauté – dans la solitude », cette pièce live a été spécialement imaginée pour inaugurer le programme digital Lifetime initié jeudi dernier par Lafayette Anticipations. « Pendant cette période de confinement, des artistes sont invité.e.s à poser une œuvre, des mots, des images, des gestes, des sons sur notre temps, qui seront partagés sur les réseaux sociaux », a annoncé la Fondation, contrainte de fermer ses portes le 15 mars dernier alors que venait de s’ouvrir l’exposition « Rachel Rose ». Après Bendik Giske, Félicia Atkinson et Cécile B. Evans ont également apporté leurs contributions vibrantes, sonores et vidéos, au projet Lifetime. Pour que l’art ne cesse d’apporter à ce monde, qui retient son souffle, une nécessaire respiration.

Projet digital de Lafayette Anticipations – Fondation d’entreprise Galeries Lafayette



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