Au Cniel, les éleveurs laitiers espèrent un « monde d’après » plus rémunérateur


L’interprofession laitière tenait son assemblée générale en format masqué ou virtuel mercredi 9 septembre 2020. L’occasion pour les représentants des éleveurs laitiers, au premier rang desquels le président du Cniel Thierry Roquefeuil, d’appeler – encore – le ministre de l’agriculture à une meilleure répartition de la valeur. Et de faire de l’indépendance des éleveurs aux aléas du marché une priorité.

Lors de l’assemblée générale du Cniel, qui s’est tenue mercredi 9 septembre 2020 en format physique masqué et à distance, son président Thierry Roquefeuil, également président de la FNPL, a appelé tous les représentants de la filière – les coopératives, les industriels privés et les distributeurs – à poursuivre les efforts « pour une meilleure répartition de la valeur ».

« La crise économique est devant nous. De nombreux élevages sont sous pression des sécheresses successives, entraînant des charges énormes. Et le prix du lait n’est pas au rendez-vous, en tout cas pas à la hauteur de ce qu’on imaginait début 2020 », a-t-il expliqué devant les représentants des quatre collèges qui composent le Cniel. Sur l’enjeu de la répartition de la valeur entre tous les acteurs de la filière, « nous n’y sommes pas encore », estime-t-il. « Cette meilleure répartition, c’est la feuille de route du Cniel. Personne ne peut se soustraire à cette feuille de route », prévient-il.

Le président du collège des industriels du lait et directeur général adjoint du groupe Savencia, Robert Brzusczak, reconnaît volontiers  qu’il s’agissait d’un « moment clé pour la survie de la loi Égalim » qui impose depuis deux ans cette meilleure répartition de la valeur. « Si elle ne s’applique pas à toutes les marques », sous-entendu marques de distributeurs comprises, « elle mourra de sa belle mort », a-t-il jugé.

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Venu conclure l’événement, le ministre de l’agriculture Julien Denormandie le reconnaît aussi. « La loi Égalim va dans le bon sens mais l’objectif n’est pas encore atteint », a-t-il concédé, tout en promettant d’être « extrêmement vigilant vis-à-vis de comportements pas acceptables ».

L’objectif de rémunération visé par l’interprofession reste le même : les éleveurs doivent pouvoir se verser « au moins l’équivalent de deux Smics mensuels » pour vivre correctement de leur métier.

Des attentes fortes sur le plan de relance et l’Europe

Outre la pleine application de la loi Alimentation, Thierry Roquefeuil pointe du doigt d’autres cailloux dans les chaussures de la filière laitière. « Le monde d’après ne peut pas se faire avec le mode de fonctionnement du monde d’avant », a-t-il expliqué à l’attention de Julien Denormandie. « Malgré nos alertes dès la mise en place du confinement, Bruxelles n’a pas été capable de mettre en place une cellule de crise européenne », a-t-il illustré. « Monsieur le ministre, donnons-nous les moyens d’en avoir une ! »

Quant à la Pac, c’est le manque de soutiens à l’attention des éleveurs qui est souligné. « Quelle production a le plus perdu depuis la dernière réforme de la Pac ? C’est la filière laitière, poursuit le président du Cniel. Quel signal cela envoie-t-il aux jeunes ? Doivent-ils renoncer ou arrêter la production de lait ? Doivent-ils s’orienter plutôt vers les cultures ? Il faut donner des réponses claires pour leur donner des perspectives à 10 ans et plus. »

En attendant la réforme de la Pac, Julien Denormandie a assuré aux acteurs de la filière que cette dernière serait bien servie dans le cadre du plan de relance. « ll y aura 125 M€ mobilisés pour la modernisation des élevages et des abattoirs. » Tout comme une partie du plan protéines doté de 100 M€ devrait être orientée vers l’autonomie fourragère des élevages. « On va travailler avec vous dès les prochaines semaines pour qu’au 1er janvier 2021, les lignes de financement soient opérationnelles. »

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