Au château de Rambouillet, un voyage à travers les siècles

Marie-Antoinette détestait le château de Rambouillet et le surnommait « la gothique crapaudière ». Désolé que son épouse rejette ce domaine qui lui était si cher, Louis XVI entreprit dans les années 1780 d’importants travaux pour faire construire une laiterie et une ferme, et repenser le jardin selon la mode anglaise (qui plaisait tant à Marie-Antoinette) par Hubert Robert. C’est là, entre le château et la laiterie, que se découvre la belle exposition « Vivre à l’Antique », qui revient sur les découvertes archéologiques du XVIII^e siècle (Pompéi notamment) et leur influence considérable sur les goûts esthétiques de l’époque.

Ce qu’il faut savoir

L’esthétique de la Laiterie résulte de ce phénomène de retour à l’Antique : à partir de 1785, le roi en confie la conception au peintre Hubert Robert, artiste confirmé qui s’est formé à Rome de 1754 à 1765. L’homme prend tout en charge, et assure à l’édifice une cohésion parfaite : mobilier, décor sculpté et architecture s’accordent dans un même esprit néoclassique. La façade est rigoureusement dessinée et symétrique : deux colonnes baguées, surmontées d’un fronton cintré, encadrent la porte d’entrée et introduisent le visiteur à un bâtiment d’agrément d’une beauté stupéfiante. Deux salles se succèdent, l’une adoptant la forme ronde d’une rotonde, l’autre étant ornée, à la façon d’une grotte reconstituée, de rochers et de sculptures de Pierre Julien faisant écho à la paysannerie.

Mais alors, pourquoi une laiterie – et qu’y faisait-on ? Du beurre et des fromages, tout simplement, les aristocrates de l’Ancien Régime étant particulièrement friands d’expériences de la vie rustique, « pour se délasser des courses et des amusements champêtres » écrivait l’architecte et théoricien Jacques-François Blondel en 1773. Celle-ci adopte toutefois une architecture qui tranche avec les habituelles laiteries d’apparence rustique. Le mobilier lui-même, conçu d’après Hubert Robert par un certain Georges Jacob (le fournisseur de sièges préféré de Marie-Antoinette), convoquait l’Antique avec faste – ce que l’exposition qui s’y tient actuellement explique avec précision.

Où la voir

Installé dans le calme du sud des Yvelines, le château de Rambouillet a toujours été un lieu de repos et de réception pour les rois et les présidents de la France. Accueillant des dîners, des chasses puis, jusqu’à la fin du XX^e siècle, des sommets diplomatiques, le lieu a vu passer bien des personnalités puissantes, de François I^er à Nelson Mandela. Construit entre les XIV^e et XV^e siècles, il s’accompagne d’un jardin à la française conçu par Fleuriau d’Armenonville en 1700. Avec la bergerie, la grotte des amants, la chaumière aux coquillages et l’ermitage, l’endroit se découvre au fil d’une balade bucolique… Bonnes chaussures à prévoir !