Archi, design, peinture… Le M+ en 5 œuvres (très) déjantées !


1. Une chaise qui ne reste pas à sa place

En regardant cette chaise de haut en bas, surprise : son design minimaliste se transforme, une fois le sol arrivé, en courbes excentriques ! Comme si ses quatre pieds étaient pris d’une folle envie d’évasion, et se décidaient à parcourir les environs en de sinueuses explorations… Célèbre au Japon, son auteur, le designer Shigeru Uchida (1943–2016), se forme à la Kuwasawa Design School et conçoit au fil des années 1960 et 1970 des meubles, des boutiques – notamment pour Yohji Yamamoto – et des salons de thé aux lignes très épurées, dont l’élégance toute nippone veut inviter à la méditation. Dans les années 1980 puis 1990, influencé par quelques voyages en Europe et entre autres en Italie où les trublions de Memphis sèment le bazar dans le design en y apportant formes pop et couleurs vives, Shigeru Uchida s’autorise des fantaisies. Cette chaise de 1981 témoigne ainsi de ses recherches d’alors, et concilie avec génie minimalisme moderniste et excentricité. Une chaise, deux ambiances.

Uchida Shigeru, Nirvana

Uchida Shigeru, Nirvana, 1981

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Acier émaillé, acier plaqué laiton • © Uchida Shigeru

2. Un projet architectural digne d’un film de science-fiction

111 111 habitants pour un seul kilomètre carré… C’est l’idée folle de ce projet de l’agence WOHA Architects pour Singapour, dont le principe est de connecter entre elles de vertigineuses tours, et de créer des espaces de circulation à plusieurs dizaines voire centaines de mètres de haut. Tout en bas, au niveau du sol, sont concentrées les industries lourdes nécessaires au bon fonctionnement de cette impressionnante Permeable Lattice City (2011), tandis que les habitants vivent et circulent dans les étages grâce à des passerelles et des ascenseurs. La hauteur des tours garantit une lumière optimale et constante, essentielle à la vie. Les architectes ont également pris soin de parsemer l’ensemble d’une abondante végétation, qui donne au projet des allures de jungle de verdure, de métal et de verre. Utopie ou dystopie ?

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WOHA Architects, Permeable Lattice City

WOHA Architects, Permeable Lattice City, 2011

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Impression jet d’encre sur papier aquarelle

3. Talons hauts et dos musclé, une ambivalence contemporaine

Voilà une affiche qui rugit comme jamais ! Signé en 1977 de la géniale touche-à-tout japonaise Eiko Ishioka (1938–2012), ce poster d’un mètre de hauteur a été pensé pour promouvoir la chaîne de magasins Parco, créée en 1953 et comparable aux Galeries Lafayette dans sa volonté d’associer à la mode une touche de folie et de culture, en faisant notamment appel à des artistes audacieux pour ses publicités. Eiko Ishioka est une artiste complète, à la fois costumière (oscarisée pour le Dracula de Francis Ford Coppola), directrice artistique (pour l’album Tutu de Miles Davis), réalisatrice (d’un clip pour Cocoon de Björk)… Une créatrice sans frontière, à l’affût des tendances et des contradictions d’un monde en constant bouleversement – quoique avide d’un glamour déjà très queer et décomplexé !

Ishioka Eiko, No Rail For High Heel Express Parco

Ishioka Eiko, No Rail For High Heel Express Parco, 1977

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4. La réinvention du travail à l’encre

L’histoire de la peinture chinoise est étroitement liée à celle de l’encre. D’un noir profond, très complexe à manier, l’encre de Chine a été utilisée durant des siècles dans la création d’œuvres calligraphiques et de dessins sur papier ou sur soie absolument virtuoses… Jusqu’à la révolution plastique des XXe et XXIe siècles. Les peintres chinois sortent des sentiers battus, explorent des motifs abstraits et des gestes inédits… Irene Chou (1924–2011) en est l’exemple parfait : fille d’une calligraphe de profession, l’artiste acquiert d’abord une solide éducation traditionnelle avant de s’intéresser à l’expressionnisme abstrait venu des États-Unis, puis d’expérimenter à son tour. Associant l’encre à de l’aquarelle, de l’huile ou de l’acrylique, elle se lance ensuite à corps perdu dans une abstraction libre, très physique et charnelle, se faisant l’une des figures de proue d’une nouvelle approche de l’encre – le New Ink Painting Movement à Hong Kong. Cette œuvre témoigne de l’hybridation de ses influences, entre la Chine et l’expressionnisme.

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Irene Chou, Impact II

5. Un soliflore pour un jour de rhume

Fascinant objet que ce soliflore (vase pour une seule fleur) pensé par le designer néerlandais Marcel Wanders (né en 1963) ! Sculpture immaculée à la forme irrégulière et minérale, ce Airborne Snotty Vase-Influenza a été réalisé en polyamide et adopte des lignes abstraites, qui répondent à la fragilité de la fleur. Abstraites, vraiment ? Pas si l’on se penche sur son titre, que l’on pourrait traduire par « Vase aéroporté morveux-Grippe » ! Marcel Wanders a consacré toute une série de vases à cette inspiration bien singulière, qui nécessite une technologie de pointe : le scan en trois dimensions de morves humaines. Dégoûtant ? Peut-être, mais difficile de ne pas tomber sous le charme de cet objet d’une beauté de pierre précieuse !

Marcel Wanders, Airborne Snotty Vase-Influenza

Marcel Wanders, Airborne Snotty Vase-Influenza, 2001–2003

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Polyamide • © Marcel Wanders



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