Antoine d’Agata : confiné dehors



17 mars-11 mai 2020. Alors que près de la moitié de la planète est confinée, Antoine d’Agata erre dans les rues désertées et fige, muni d’un appareil thermographique, cette atmosphère singulière et mortifère où seules quelques âmes en peine rôdent au cœur de la nuit. L’architecture et les hommes, pareils à des ombres, irradient, dans l’obscurité inquiétante, d’une lumière surnaturelle et incandescente. Sans transition, l’itinéraire halluciné du photographe se poursuit dans les couloirs d’hôpitaux en pleine effervescence, où soignants et patients à bout de souffle luttent pour la vie. Mis en ligne sur la plateforme numérique 3e Scène de l’Opéra de Paris, le film La Vie nue retrace le fil de ces derniers mois lors desquels l’extraordinaire l’a emporté sur l’ordinaire. 7 minutes et 53 secondes fiévreuses et tragiques où les images défilent inexorablement, assaillant la rétine comme autant de flashbacks intempestifs et douloureux.

Photographe de l’agence Magnum à la marge, couronné du prix Niépce en 2001, Antoine d’Agata (né en 1961) a depuis son plus jeune âge arpenté les ténèbres de la nuit. Apprenti boucher, il finit par zoner dans les parkings de Marseille avec une bande de loubards aux côtés desquels il repousse toutes les limites, avant de découvrir dans les années 1980, grâce à un compagnon de vagabondage, la photographie. Violence, prostitution, drogue… Les images déconcertantes de d’Agata nous plongent dans une réalité alternative, où se mêlent les corps et les fluides. Et où la mort, toujours tapie dans l’ombre, semble nous susurrer « il est urgent de vivre ».



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