à Meaux, la stupeur des riverains après l’assassinat d’une mère de famille


REPORTAGE – Richard S., 52 ans, s’est rendu au commissariat de Meaux dans la nuit de dimanche 5 à lundi 6 décembre pour avouer le meurtre de sa femme, qu’il aurait étranglée puis étouffée avec un oreiller. Il a expliqué s’être débarrassé de son corps dans la Marne.

Voilà trois jours qu’à Meaux, en Seine-et-Marne, l’atmosphère d’ordinaire paisible a laissé place à un climat de stupeur. «C’est une ville tranquille. J’habite ici depuis vingt ans, c’est la première fois que j’entends parler d’une telle histoire», confie Jeanine, une Meldoise. «Je n’en crois pas mes oreilles, ça me semble tellement irréel !», se désole à son tour Sylvie*, glacée.

Et pour cause, cette habitante de longue date du quartier du Luxembourg, vient d’apprendre que l’appartement situé deux étages au-dessus du sien, dans une résidence paisible de la rue Jablinot, a été le théâtre d’un meurtre conjugal dimanche 5 décembre à l’aube. Sa voisine Irène, mère de deux enfants et femme de ménage dans une agence bancaire meldoise, aurait été assassinée par son mari Richard – qui est par ailleurs le père de son fils cadet. Et c’est le suspect lui-même qui s’est rendu dans la nuit de dimanche 5 à lundi 6 décembre au commissariat de police de Meaux pour avouer son crime et se constituer prisonnier.

Des recherches infructueuses

Tout commence lundi, aux alentours d’une heure du matin. Un homme, accompagné de son fils de 23 ans, se présente à l’Hôtel de police pour être entendu. Ce dernier affirme avoir tué sa femme. Il l’aurait étranglée puis étouffée avec un oreiller dans l’appartement familial. Pis, ce père de famille de 52 ans affirme s’être débarrassé du corps de la victime dans les eaux glaciales de la Marne. Un officier de police judiciaire de permanence est aussitôt avisé, et l’homme est placé en garde à vue. Une enquête pour meurtre sur conjoint est ouverte dans la foulée par le parquet de Meaux et confiée au service d’enquête de la Police judiciaire de Melun.

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Dans le même temps, des pompiers sont mobilisés pour retrouver la dépouille de la victime dans la Marne. Jusqu’à 3h40 du matin, des plongeurs sondent les fonds boueux de la rivière à hauteur de Nanteuil-lès-Meaux, où le corps aurait été jeté. Après quelques heures d’interruption, les recherches reprennent lundi à l’aube, dans le même secteur mais aussi plus en aval – le corps ayant probablement été emporté par le courant. En vain.

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Mardi soir, les investigations sont interrompues «provisoirement», selon le parquet. Dans un communiqué de presse remis dans la soirée, Laurelyne Peyrefitte, la procureure de la République de Meaux, indique par ailleurs que le mis en cause, inconnu jusqu’alors des services de police, vient d’être déféré et présenté devant un juge d’instruction, qui l’a mis en examen du chef d’assassinat. Il devrait être prochainement placé en détention provisoire prochainement.

«Je me suis dit : “Tiens, Irène n’a pas encore mis le sapin de Noël”»

Reste à savoir ce qui s’est vraiment passé dans le huis clos de l’appartement familial durant cette nuit du 4 au 5 décembre. Interrogés, plusieurs voisins du couple assurent n’avoir rien vu ni entendu de suspect au moment des faits. La voisine Sylvie, qui partage un appartement avec son fils et sa mère au premier étage de la résidence, se souvient toutefois d’un détail qui n’avait pas manqué de l’intriguer dimanche. «Je me suis dit : “Tiens, Irène n’a pas encore mis le sapin de Noël”». Une coutume à laquelle la mère de famille était pourtant particulièrement attachée. «Tous les ans, c’est elle qui faisait le sapin de Noël pour les enfants dans l’immeuble. Elle aimait aussi décorer l’immeuble pour Pâques et Halloween», détaille Sylvie.

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La porte d’entrée de l’appartement du couple, où des scellés ont été apposés par les enquêteurs. Nicolas Daguin

En garde à vue, Richard S. a expliqué que le drame se serait noué dimanche, vers six heures du matin, alors que le couple se trouvait seul à son domicile, selon une source policière. Irène aurait été réveillée par son mari et une dispute aurait éclaté. On ignore à ce stade les causes exactes de cet échange houleux mais celui-ci aurait dégénéré et abouti au meurtre de la mère de famille. Lors de son audition, Richard a précisé aux enquêteurs avoir ensuite habillé puis transporté sa femme jusqu’à sa voiture, direction les rives de la Marne, à Nanteuil-les-Meaux. C’est au niveau de l’usine d’eau potable de la ville, un endroit particulièrement désert le dimanche, qu’il aurait jeté le cadavre dans la rivière.

La suite des événements interroge. Elle témoigne du sang-froid dont a fait preuve Richard S. après le meurtre. Le quinquagénaire a passé son dimanche comme si de rien n’était. Il est d’abord allé faire du sport avant de prendre son poste à Paris dans l’hôtel-restaurant où il est cuisinier. Ce sont finalement les questions pressantes de son fils, inquiet de ne pas trouver sa mère au domicile familial, qui l’auraient poussé dimanche soir à avouer le crime et se rendre au commissariat de Meaux.

Un couple discret mais uni

Décrite comme relativement discrète, la famille S. ne faisait, semble-t-il, que très peu parler d’elle. Marié depuis 1997, le couple partageait son appartement avec son fils de 23 ans et sa petite amie. Le fils d’Irène, un peu plus âgé, s’était quant à lui installé depuis peu dans une commune du Pays de Meaux. «Je n’avais pas entendu de dispute récemment, c’était calme. C’était davantage le cas quand le grand habitait encore chez eux, se souvient Morgane, une autre voisine. Il ne travaillait pas, et Richard voulait le foutre à la porte. Pourtant ce garçon était gentil. Il m’aidait toujours à monter les courses, il était très serviable.» Irène était, quant à elle, perçue comme une femme «très gentille», selon plusieurs de ses voisins. «Quand elle croisait mes trois filles, elle ne manquait jamais de leur adresser quelques mots», abonde Sylvie.

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D’extérieur, Irène et Richard formaient un couple uni et bien rangé. «Parfois ils allaient manger au restaurant le dimanche. L’été, il arrivait qu’on voie Irène en train de rire dans la cour quand elle avait bu quelques verres, poursuit Sylvie. Lui était davantage discret, il se mettait en retrait. Il aimait bien faire du sport, du vélo notamment, achève-t-elle.» Irène n’avait jamais non plus «déposé de main courante ni de plainte pour des faits de violences conjugales», comme l’a rappelé la procureur de Meaux dans un communiqué de presse.

Richard S. a-t-il été pris d’une pulsion meurtrière – comme ses premières déclarations l’ont laissé entendre -, ou avait-il minutieusement préparé son crime ? A-t-il agi seul ou avec l’aide d’éventuels complices ? Les enquêteurs comptent beaucoup sur la découverte du corps de la victime pour y voir plus clair. Reste la question du mobile, qui, là encore, demeure une énigme. Si certaines sources proches du dossier murmurent que le couple était en instance de séparation, rien à ce stade ne permet d’affirmer avec certitude qu’il s’agisse d’une piste privilégiée par les enquêteurs. Selon le collectif #NousToutes, il s’agirait du 107e meurtre conjugal depuis le début de l’année 2021.

*Certains prénoms ont été modifiés


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