Incroyable mais vrai : la Fédération française de tennis abrite en son sein plus de 14 000 objets et documents. Une collection qui repose essentiellement sur les affiches originales du tournoi annuel de Roland-Garros, dont la réalisation revient depuis une quarantaine d’années à des artistes contemporains, ainsi que sur une politique d’acquisition lancée il y a trente ans.
1. Premier service
En 1980, la Fédération française de tennis décide de confier chaque année, à un protégé de la galerie Lelong, le soin de concevoir l’affiche de son tournoi. L’heureux élu a carte blanche pour exprimer ce que lui inspire le stade. Et Valerio Adami, figure phare de la figuration narrative connu pour sa palette tranchée, d’ouvrir le bal, avec un fond outremer dont se détache une balle non pas jaune mais couleur brique évoquant la terre battue, caractéristique des Internationaux de France de tennis.
2. Long échange
Eduardo Arroyo (1981), Jacques Monory (1985), Pierre Alechinsky (1988), Joan Miró (1991), Ernest Pignon-Ernest (1994), Jaume Plensa (2005), Barthélémy Toguo (2011), Hervé Di Rosa (2012)… Aussi prestigieux que soit ce palmarès, le partenariat avec la galerie Lelong vient de prendre fin. « Après 40 ans, on est arrivé à épuisement. Tout s’est toujours très bien passé mais il n’est plus aussi évident de trouver de nouveaux artistes », explique Jean Frémont, le président de la galerie. « On a toutefois souhaité poursuivre ce lien avec l’art contemporain, en le réinventant dans un processus plus ouvert », précise Jean-François Vilotte, le directeur général de la FFT. Et c’est le directeur de la rédaction de Beaux Arts Magazine, Fabrice Bousteau, qui a pris le relais cette année, en recommandant Pierre Seinturier. L’artiste a choisi de rendre hommage aux « terriens », ceux qui bichonnent avec attention le court.
3. Deuxième service
En 1990, la Fédération française de tennis décide de se doter d’une collection d’objets d’art, dans la perspective, non seulement de les exposer, mais aussi de « redonner au sport une dimension esthétique et culturelle forte », dixit Jean-François Vilotte. Hors de question de se limiter aux effets personnels des joueurs. « Une balle mythique reste une balle de tennis », poursuit-il. Commandes, achats spontanés, dans le cadre de brocantes, d’enchères… Tous les « coups » sont permis, pourvu que le lien entre sport, histoire et société soit respecté. Outre l’original de Seinturier, une peinture de Jacques Monory, interprétée comme une variation autour de son affiche de 1985, compte parmi les dernières acquisitions de l’institution.
4. Égalité
Preuve de la richesse de ce fonds, il y a encore quatre ans étaient exposés dans une seule et même salle la coupe des Mousquetaires – trophée que le vainqueur soulève symboliquement au sortir de la finale [ill. plus bas] –, un portrait du Major gallois Walter Clopton Wingfield, l’inventeur du tennis, un assemblage de raquettes signé Arman, un tableau que l’agilité de Suzanne Lenglen aurait inspiré au peintre cubiste André Lhote, quelques toiles de Juan Uslé et un portrait de Chris Evert exécuté par Andy Warhol. La championne américaine en détiendrait une version à dominante verte.
5. Balle de match
Pour apprécier de visu ces trésors, il faudra encore attendre un peu plus d’un an : le musée de la FFT rouvrira ses portes à côté du court Philippe-Chatrier. 35 000 visiteurs, dont 15 000 durant la quinzaine y transitaient chaque année. Les travaux que subissent actuellement le stade sont l’occasion de repenser ces espaces, autrefois divisés en sept parties, à savoir le nombre de points nécessaires pour remporter un jeu décisif.