7 belles expos gratuites qui fleurissent au mois de mai


1. Seydou Keïta se dévoile à la galerie Obadia

Seydou Keïta, Sans titre

Seydou Keïta, Sans titre, entre 1948–1954

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Tirage argentique posthume • 50 × 60 cm • Courtesy of CAAC- The Pigozzi Collection et Galerie Nathalie Obadia Paris/Bruxelles • © Seydou Keïta / SKPEAC

Bonne nouvelle : sept ans après la grande rétrospective que lui a consacrée le Grand Palais, le photographe malien Seydou Keïta (1921–2001) est à l’honneur à la galerie Obadia. Laquelle rappelle à quel point l’homme, resté méconnu en Europe jusque dans les années 1990, s’est rapidement imposé à Bamako comme un photographe incontournable, populaire, connu de tous. Ses images en noir et blanc, mises en scène joyeuses et puissantes de Maliens de toutes origines, ont fait de cet autodidacte destiné à devenir charpentier un maître du portrait, qu’il pratiquait dans son propre studio, créé dès 1948. Une piqure de fierté et de bonne humeur.

Du 5 mai 2023 au 15 juillet 2023

www.nathalieobadia.com

2. À Ivry-sur-Seine, hommage à une (grande) architecte : Renée Gailhoustet

Christian Merlhiot, Promenée, Hommage à Renée Gailhoustet

Christian Merlhiot, Promenée, Hommage à Renée Gailhoustet, 1988

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Film 16mm en noir et blanc • © le Crédac, 2023 / Photo Marc Domage

Si vous allez à Ivry-sur-Seine, deux lieux sont à voir. D’abord, les bâtiments conçus par Renée Gailhoustet (1929–2023) et son mari Jean Renaudie (1925–1981) au centre-ville, remarquables pour leur intégration complexe à l’espace urbain et le dessin en angles de leurs balcons. Formée aux Beaux-Arts de Paris après des études de philosophie, Renée Gailhoustet a été une fervente militante communiste et a tâché de concevoir pour les franges populaires de la capitale des logements sociaux généreux, pensés pour favoriser une vie de quartier heureuse. Dirigez-vous ensuite vers le Crédac, centre d’art contemporain qui rend hommage à Gailhoustet, disparue en janvier dernier, avec la projection en continu d’un film de l’artiste Christian Merlhiot. Promenée (1988) émeut par le regard poétique et déambulatoire qu’il pose sur la ville d’Ivry et sur les réalisations de l’une des architectes les plus importantes du XXe siècle.

3. Marco Del Re à la galerie Maeght : des brisures de soleil et des corps d’éphèbes

Marco Del Re, Mécanique aveugle

Marco Del Re, Mécanique aveugle, 1997

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Huile sur toile • 205 × 160 cm • © Maeght 2021

Il y a quatre ans ouvrait la dernière exposition de Marco Del Re (1950–2019) à la galerie Maeght à Paris. Deux jours après le vernissage, l’artiste quittait ce monde. C’est donc un hommage que lui rend la galerie ce printemps, solaire puisque l’artiste italien a perpétué dans ses toiles la tradition d’un art intensément méditerranéen, où perce l’héritage de la Grèce mythologique, mais aussi de l’art décoratif d’Henri Matisse et des architectures antiquisantes de Giorgio de Chirico. Feuillages épanouis, corps alanguis, nudité héroïque… Un paradis suave, teinté de mélancolie, qui oscille entre des toiles lumineuses (réalisées à partir des années 1990) et d’autres plus sombres, l’artiste ayant beaucoup travaillé le noir et le contraste.

Du 17 mars 2023 au 15 juin 2023

www.maeght.com

4. Un bestiaire de couleurs et d’émail à Roubaix

Odile Levigoureux, Cacatoès blanc

Odile Levigoureux, Cacatoès blanc, 2023

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Terre à brique et feuille d’or • 68 × 31 × 33 cm • © Odile Levigoureux

Née en 1945 à Paris, Odile Levigoureux a tâté de tous les métiers d’art. Elle a étudié l’art du vitrail, s’est essayée à la tapisserie, aux arts du papier, à l’édition de livres d’artiste… Depuis un peu plus de vingt ans, elle se fait une jolie place dans le milieu de la céramique et enchaîne les expositions. À Roubaix, elle a quitté en janvier le prestigieux musée de la Piscine pour la galerie le Fil rouge, où elle présente désormais une série de sculptures figuratives, des natures mortes et des portraits d’oiseaux, dans une très belle profusion de formes végétales et animales. L’artiste explique travailler sans croquis préparatoire et se lancer dans le modelage avec une liberté digne de son affection pour la période baroque. Elle travaille de la terre rouge de Beauvais, qu’elle émaille ensuite, avec parfois une pointe d’or. Un travail réjouissant, qui s’inscrit dans la longue tradition des céramiques inspirées de formes vivantes (une belle exposition à la Manufacture de Sèvres fait actuellement le point sur la question).

5. À Rennes, Claude Viallat plus agile que jamais

Claude Viallat, 2022-313

Claude Viallat, 2022–313, 2022

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Acrylique sur fragment de tente • 174 × 184 cm • © Photo Oniris.art

S’il est un moment émouvant dans la vie d’un peintre, c’est bien sûr l’âge mûr − qui le voit, après des décennies d’explorations et d’expositions, travailler encore, s’atteler chaque jour à la grande tâche de l’art. Certains deviennent minimalistes, vont à l’os du geste ; d’autres poursuivent les recherches d’une vie. C’est le cas de Claude Viallat, 86 ans, figure essentielle du groupe Supports/Surfaces dont il est l’un des membres fondateurs. Lui qui n’a pas cédé à l’appel commercial du châssis et a laissé ses toiles libres, peignant sur toutes sortes de supports pauvres ou récupérés, expose à la galerie Oniris de Rennes ses œuvres récentes, répétitions jamais lassantes de ses célèbres haricots. Sur un fragment de tente, sur un « cul de fauteuil », sur un rideau, sur le tissu d’un parasol… L’artiste trouve toujours son chemin, et le regardeur avec lui.

Du 12 mai 2023 au 17 juin 2023

www.oniris.art

6. Olivier Millagou à la galerie Sultana : peintures pour petites poupées

Il y a quelque chose chez Olivier Millagou (né en 1974) de l’ordre du jeu. Face à la vie si sérieuse, face aux désastres si profonds du consumérisme, l’artiste répond par des pirouettes, des œuvres comme des doudous, qui réconfortent le cœur sans jamais être mièvres. Preuve en est à la galerie Sultana, sur les murs de laquelle il expose une série de petites peintures sur mousse expansive, matière artificielle qui leur donne des allures de jouets, d’accessoires Polly Pocket travaillés à échelle humaine. Réalisées à partir de cadres récupérés, ces peintures figurent des fleurs, des morceaux de corps délicats, une main qui passe dans les cheveux, un œil fauve, une fleur bleue glissée entre deux orteils. À celles-ci s’ajoutent des vases en forme de poisson, où s’épanouissent des tulipes (véritables), et puis des oiseaux, invisibles à l’œil distrait, posés en hauteur sur le rebord de la cimaise. Ces sculptures sont produites en scellement chimique, une sorte de résine utilisée dans le secteur du bâtiment. Tout, jusqu’à la peinture appliquée pour peindre les murs en blanc, est issu de récupération de déchets et de restes. Des matières peu glorieuses, ici métamorphosées, sublimées, attendries.

7. À Douarnenez, des paysages entre photo et dessin

Dana Cojbuc, Yggdrasil #03, de la série Yggdrasil

Dana Cojbuc, Yggdrasil #03, de la série Yggdrasil, 2023

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Photographie en noir et blanc • © Dana Cojbuc

Superbe découverte que celle que nous propose la petite galerie spécialisée en photographie La Chambre claire, à Douarnenez : Dana Cojbuc (née en 1979) crée des paysages entre deux rives, photographique et dessinée, en poursuivant ses images de dessins au fusain. D’origine roumaine, la photographe installée à Paris joue de glissements de terrain, entraîne le regard vers l’imaginaire, puis vers la marge laissée soigneusement vierge. Elle explique : « Le dessin amène le spectateur en dehors du cadre photographique mais à l’intérieur d’une forêt plus dense, plus chaotique, plus noire qui s’ouvre et retrouve la lumière dans le blanc du papier. J’aime l’idée de surprendre le réel par la photo, le continuer par le dessin tout en lui restant fidèle pour l’amener par la suite vers mon monde inventé. » Une beauté, qui nous rappelle l’inventivité hyperréaliste de Fabien Mérelle, et illustre l’audace de la photographie comme du dessin contemporain.

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Dana Cojbuc. Yggdrasil

Du 8 avril 2023 au 20 mai 2023

www.lachambreclairegalerie.fr



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