6 expos gratuites à ne pas manquer en octobre


1. Les fantaisies oulipiennes de Clémentine Mélois

Comment ne pas tomber sous le charme du travail de Clémentine Mélois (née en 1980), membre de l’Oulipo et fantaisiste littéraire. La même qui imagine les paysans de Millet penchés sur leur smartphone ou L’Origine du monde de Gustave Courbet parfaitement épilée ? Pour sa deuxième exposition à la galerie Lara Vincy, l’artiste constitue une bibliothèque de livres dont les titres sont des farces et des clins d’œil, tels ces volumes de la Pléiade renommés Fioulala, Toutes ces Pléiades, Y en a un paquet. On rit devant ses faux polars, devant les Adam et Ève auxquels elle a flanqué d’incongrues traces de bronzage, devant ses détournements de Jérôme Bosch façon magnets de frigo. L’artiste désacralise, glisse de l’inventivité partout où elle passe – et c’est singulièrement revigorant.

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Clémentine Mélois, un cabinet d’amateur

Du 18 septembre 2020 au 31 octobre 2020

2. Jean Vendome, bijoutier à fleur de peau

Méconnu, il est pourtant celui qui a posé les premières pierres de la joaillerie contemporaine. Après avoir grandi à Lyon, Jean Vendome (1930–2017) a étudié chez son oncle joaillier avant de suivre des cours de dessin puis des études de gemmologie. Sa vie est, toute entière, pavée de succès et de rencontres hors normes : premier prix du concours de dessin de la Ville de Paris (le premier d’une très longue série de récompenses), exposition aux côtés de Georges Braque, réalisation d’une épée pour Roger Caillois, collaboration avec Salvador Dalí… Sa griffe ? Des formes audacieuses aux volumes affirmés, un goût pour le « beau bizarre », des bijoux expérimentaux, ludiques. Mais surtout, il est celui qui a transformé des pierres sublimes, rarissimes et profondes en sculptures à porter – ou à contempler le temps d’une exposition éclatante.

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Jean Vendome, Pendentif broche

Jean Vendome, Pendentif broche

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Or jaune, diamants, fleur d’améthyste • Collection privée • Photo Benjamin Chelly

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Jean Vendome. Artiste joaillier

Du 8 octobre 2020 au 18 décembre 2020

3. Duo pour deux pinceaux : Philippe Cognée et Jean-Pierre Pincemin

C’est un dialogue entre deux peintres, Philippe Cognée (né en 1957) et Jean-Pierre Pincemin (1944–2005). Ils se sont connus à l’école des Beaux-Arts d’Angers, où ils étaient tous deux professeurs, ont échangé, se sont mutuellement admirés. La galerie Oniris de Rennes, une excellente adresse en Bretagne, réunit pour la première fois leurs travaux avec un fil rouge : les œuvres sur papier. À l’encre de Chine, à l’aquarelle ou au fusain, avec parfois des collages et de la peinture à l’encaustique, les artistes explorent des visions abstraites, des paysages, des fleurs et des foules. Philippe Cognée peint des amaryllis fanées d’une beauté cruelle, infiniment mélancolique ; Jean-Pierre Pincemin complète des pages de livre arrachées, fragments poétiques avec constructions géométriques. Une conversation douce, réussie.

Philippe Cognée, Sans titre (Foule 19I)

Philippe Cognée, Sans titre (Foule 19I), 2019

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Aquarelle sur papier • 33,2 × 43,2 cm • Courtesy Galerie Oniris, Rennes / © Adagp, Paris, 2020

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Cognée, Pincemin : correspondances

Du 25 septembre 2020 au 7 novembre 2020

4. Rencontres multiples entre la photographie et l’abstraction

C’est la première exposition d’envergure consacrée à l’abstraction dans la photographie contemporaine. Brillante, très riche, celle-ci se répartit entre trois lieux : le FRAC de Rouen, le Centre photographique d’Île-de-France à Pontault-Combault et Micro Onde – Centre d’art de l’Onde à Vélizy-Villacoublay. Prévoyez donc une voiture et une journée entière de visite pour découvrir des expérimentations variées et d’une grande beauté chromatique. Qui réactivent parfois des principes anciens de la photographie, comme les plaques daguerréotypes revues par Hanako Murakami ou les cyanotypes de Meghann Riepenhoff. Ou, comme Wade Guyton ou Evariste Richer, qui interrogent les pratiques d’impression, quand d’autres, comme Stan Douglas et Xavier Antin, s’amusent à détourner des programmes informatiques. On croise également les photographies sous-marines de Nicolas Floc’h ou les images de stalagmites signées Dove Allouche. Un voyage sensoriel qui rend visibles les possibles infinis de la photographie contemporaine. À ne pas manquer !

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Paul Graham, « Kodak Ektar 25, Empty Heaven, 1991 », de la série Films

Paul Graham, « Kodak Ektar 25, Empty Heaven, 1991 », de la série Films, 2011

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Impression pigmentaire montée sur dibond • 85,9 × 66,5 × 4,5 cm • Courtesy Anthony Reynolds Gallery, London © Paul Graham

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La Photographie à l’épreuve de l’abstraction

Du 27 septembre 2020 au 13 décembre 2020

5. Faire (un peu) l’expérience de la DMZ

Elle est la frontière la plus célèbre du monde : établie en 1945 entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, la bande de terre qui sépare les deux pays a été transformée en 1953 en zone démilitarisée, « DMZ ». Elle mesure quatre kilomètres de large et deux cent quarante-huit de long, et « est devenue paradoxalement l’une des zones les plus militarisées au monde », comme nous l’explique la première et passionnante exposition de la fondation Fiminco à Romainville. Dans cet espace immense, dont on découvre les plafonds hauts et l’aspect brut soigneusement conservé, les artistes témoignent en photographies, en films et en installations de leur vision de la Corée d’aujourd’hui. On gardera notamment en mémoire l’installation 489 Years (2015) de Hayoun Kwon, constituée de dizaines de petites mottes de sable en forme de mines antipersonnel. L’œuvre reconstitue leur concentration au sein de la DMZ (estimée à deux millions, ce qui nécessiterait en théorie 489 ans pour tout enlever). Si par hasard, vous marchez dessus, la petite motte ne fera que s’écrouler – l’imagination fait le reste.

Kyungah Ham, « Reprinted Jet lag bet. 17 and 17’30 » et Hayoun Kwon, « 489 years »

Kyungah Ham, « Reprinted Jet lag bet. 17 and 17’30 » et Hayoun Kwon, « 489 years », 2020 et 2015

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impressions laser • Sable cinétique • Photo Martin Argyroglo

6. De jeunes curateurs et de jeunes artistes

Le commissaire d’exposition seul face à ses artistes, comme un chef d’orchestre : voilà un schéma bien démodé ! Le collectif de curateurs Espace Projectif réunit pas moins de douze personnalités différentes issues du master professionnel « L’art contemporain et son exposition » de l’université Paris-Sorbonne. Pour leur première exposition, les apprentis commissaires se tournent vers des artistes aussi jeunes qu’eux, soit quinze plasticiens fraîchement diplômés de l’École des Arts décoratifs de Paris et de l’École des Beaux-Arts de Paris, dont les œuvres offrent « des clés de compréhension d’une société normative, à laquelle il paraît complexe d’échapper ». De la jeunesse vient toujours la révolte ? Pas forcément. Plutôt des « alternatives entre acceptation et déraillement face au système établi ».

Elisa Florimond (au sol) et, Au sol, « Sans titre mais à côté » et au mur,  » Sans proportions »

Elisa Florimond (au sol) et, Au sol, « Sans titre mais à côté » et au mur, » Sans proportions »

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Porcelaine et bois, dimensions variables / impression contrecollée sur pvc • © Photographie de l’artiste

Du 3 octobre 2020 au 25 octobre 2020



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