6 expos gratuites à ne pas manquer en avril


1. Un cri de colère au Mémorial de la Shoah

Adel Abdessemed, Mon Enfant

Adel Abdessemed, Mon Enfant, 2014

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Ivoire • 133 × 70 × 40 cm • Photo de Elad Sarig © Adel Abdessemed, Paris, ADAGP 2022

Quitte à heurter les esprits et à provoquer des scandales (on se souvient notamment du tollé ayant mené au retrait de sa vidéo de poulets en feu, montrée au macLYON en 2018), l’artiste franco-berbère Adel Abdessemed (né en 1971) n’a jamais hésité à donner à voir la violence, pour mieux l’interroger et obliger à la réflexion. Ce printemps, il montre un projet inédit au Mémorial de la Shoah, constitué de la sculpture d’un petit garçon juif et de plusieurs dessins. Des œuvres poignantes, qui lui ont été inspirées par une photographie dramatique saisie durant le soulèvement du ghetto de Varsovie (du 19 avril au 16 mai 1943) par un S.S, Jürgen Stroop, montrant le garçon effrayé, levant les bras en l’air en signe de reddition. L’artiste donne ici chair à cette image de l’enfance violentée, dix ans après avoir sculpté dans l’ivoire la petite Vietnamienne courant nue après une attaque au napalm, initialement immortalisée par le photographe Nick Ut. Deux photographies culte devenues sculptures, images tangibles de la terreur. M.C-L.

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Adel Abdessemed. Mon enfant

Du 5 avril 2023 au 14 mai 2023

www.memorialdelashoah.org

2. À la rencontre d’Alice Springs

Alice Springs, Autoportrait, Paris

Alice Springs, Autoportrait, Paris, 1986

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Photographie en noir et blanc • Galerie Vallois, Paris • © Helmut Newton Foundation

Disparue à l’âge de 97 ans le 9 avril 2021, Alice Springs (pseudonyme de June Newton) est nettement moins célèbre que son mari, le photographe de nus et de mode Helmut Newton (1920–2004, actuellement exposé au Palazzo Reale à Milan), quoiqu’elle ait arpenté les mêmes chemins de gloire que lui. Née en Australie, elle connaît dans ses jeunes années une courte carrière d’actrice avant de s’orienter vers l’art, qu’elle pratique d’abord avec des couleurs et des pinceaux, puis avec un appareil photo. Pour célébrer son centenaire, la galerie Vallois revient sur quatre décennies de clichés, de 1947 aux années 1980, en une quarantaine de portraits de célébrités. Parmi lesquelles son mari, nonchalamment assis à côté d’un modèle nu alangui, mais aussi les créateurs de mode Sonia Rykiel et Karl Lagerfeld, les artistes Niki de Saint Phalle et Gérard Garouste, ou encore l’actrice Isabelle Adjani. Tous disent son regard franc, sensuel, complémentaire à celui d’Helmut Newton. M.C-L.

3. Porcelaines impressionnistes

Petite commune du Gard, en Occitanie, Saint-Quentin-la-Poterie est un haut lieu de la céramique contemporaine, où vivent et travaillent de nombreux potiers. Les beaux jours s’installant, une visite s’impose ! Notamment pour son musée de la Poterie méditerranéenne, riches de collections historiques, ou pour sa charmante voisine contemporaine, la galerie Terra Viva. Celle-ci braque actuellement ses projecteurs sur quatre céramistes travaillant la porcelaine, qui toutes séduisent par la délicatesse de leurs objets comme par la richesse de leur palette chromatique. On s’arrêtera, émerveillé, sur les paysages en strates de l’Italienne Sara Dario, dont les coupes oniriques évoquent des fleurs aux pétales resserrés. Même coup de cœur pour les motifs végétaux de la Hollandaise Maria ten Kortenaar, cernés de contours à la façon de vitraux, ou pour les agglomérats façon confettis de la Hongkongaise Ho Lai. Sans oublier Yuko Kuramatsu, Japonaise amatrice d’une technique savante nommée nerikomi et qui donne naissance à d’étonnants assemblages psychédéliques. Un tour du monde au féminin, bluffant et réjouissant, d’une céramique sans frontières… M.C-L.

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Impression soleil levant

Du 19 mars 2023 au 31 mai 2023

galerie-terraviva.com

4. La folie douce du designer Alessandro Mendini

Alessandro Mendini, Cabinet Cleome Elegans

Alessandro Mendini, Cabinet Cleome Elegans, 1993

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Bois, laque, verre, bronze • 155 × 108 × 45 cm • Courtesy Galerie Kreo, Paris © Alexandra De Cossette

Rue Dauphine, Paris. Un peu de la dolce vita transalpine s’est arrêtée au numéro 31, où l’extravagant Alessandro Mendini (1931–2019) s’incarne en une vingtaine de pièces de design. Farouchement opposé aux rigueurs du modernisme, le Milanais a tiré la langue aux lignes orthogonales et aux objets minimalistes avec un imaginaire débridé, qui est allé jusqu’au kitsch le plus assumé. Parmi ses succès ? Le fauteuil Poltrona di Proust, soit une bergère du XVIIIe siècle revisitée par une explosion de touches de couleurs pointillistes, aussi généreuse qu’excessive (ici présenté dans sa version monochrome dite Bronzo, 1990). À voir également : un cabinet digne de Salvador Dalí, Cleome Elegans (1993), un canapé exemplaire de sa pensée radicale du « redesign » (Kandissi, 1979) ou encore un film mettant en scène le danseur Brandon Miel Masele face à son fauteuil Poltrona White Gold. M.C-L.

5. Noël au printemps

Judith Kakon, Vue de l’exposition « GRAND AIR »

Judith Kakon, Vue de l’exposition « GRAND AIR », 2023

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Structures en acier thermo laqué • La Criée centre d’art contemporain, Rennes & Centre culturel suisse, Paris • Courtesy de l’artiste © Photo de Gina Folly

Le printemps est à peine arrivé que l’hiver et ses lumières artificielles vous manquent déjà ? Rendez-vous à La Criée, centre d’art contemporain de Rennes, où l’artiste suisse Judith Kakon (née en 1988) a imaginé une foultitude d’installations à partir des guirlandes de Noël de la capitale bretonne. Toutes éteintes, toutes soigneusement rangées, celles-ci s’imposent au regard des visiteurs pour ce qu’elles sont : des objets de métal et de plastique, dont l’apparition ordonnée au sein du centre d’art brouille les frontières entre intérieur et extérieur, espace d’exposition et de stockage, œuvre d’art et objet usuel. Ou comment chatouiller à nouveau l’éternelle question du ready-made, autrement dit de ce qui fait œuvre, et comment. M.C-L.

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Grand Air. Judith Kakon

Du 4 février 2023 au 14 mai 2023

www.la-criee.org

6. Quand VR et intelligence artificielle nous transportent

Vue de l’exposition « Dominique Gonzalez-Foerster – Endodrome » – Casino Luxembourg – Forum d’art contemporain (18.02 – 16.04.2023)

Vue de l’exposition « Dominique Gonzalez-Foerster – Endodrome » – Casino Luxembourg – Forum d’art contemporain (18.02 – 16.04.2023)

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Le Casino Luxembourg explore les nouvelles technologies à travers deux expositions sensibles. Après avoir envoûté la Biennale de Venise en 2019, l’artiste Dominique Gonzalez-Foerster présente à nouveau son installation Endodrome, qui hybride environnements réel et virtuel. Déployée autour d’une table ronde plongée dans la pénombre d’une petite pièce, l’œuvre nous invite à une séance de spiritisme… ultra-connectée : un casque de réalité virtuel nous plonge dans un état de transe induit par des champs colorés hypnotiques et une bande son élaborée par la chamane Corine Sombrun. Une expérience stupéfiante et multisensorielle. Tout comme celle de Judith Deschamps, qui tente, avec l’Ircam, de retrouver « la voix des anges » du célèbre castrat du XVIIIe siècle Farinelli, dont le chant fut destiné à apaiser les derniers jours d’un roi mélancolique, Philippe V. Grâce à une intelligence artificielle nourrie d’enregistrements des voix de sept chanteurs lyriques, l’artiste livre un conte à la croisée des sciences et de l’histoire, interrogeant notre rapport à l’âge et à la finitude. F.G.

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Judith Deschamps. An·other voice

Du 18 février 2023 au 16 avril 2023

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