5 maîtres de l’art moderne à (re)découvrir avec la Galerie Hurtebize


Chu Teh-Chun, paysage intérieur

Contemporain de Zao Wou-Ki, Chu Teh-Chun (1920–2014) a lui aussi quitté rapidement la Chine pour la France, où il a connu un succès immense – et quelques envolées sur le marché de l’art international. Il s’y installe à l’âge de 35 ans et découvre l’art abstrait avec le grand Nicolas de Staël, qui le marque à jamais. Ses influences sont multiples. La calligraphie, pratiquée durant ses jeunes années, ainsi que les techniques picturales chinoises rencontrent dans son atelier la spontanéité gestuelle de l’abstraction lyrique, dont il devient rapidement l’un des éminents représentants. Ses peintures, aux mouvements fluides et aux coloris tantôt doux, tantôt contrastés, exaltent des sentiments inconscients, comme en témoigne cette belle gouache sur papier de 1984. Dans l’œuvre de Chu Teh-Chun, la composition abstraite se donne des airs de paysage, un paysage intérieur, aux couleurs des émotions de l’artiste.

Chu Teh-Chun, Sans titre

Chu Teh-Chun, Sans titre, 1984

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Gouache sur papier • 50 cm x 65 cm • Signée et datée. Certificat de Madame Chu

Hans Hartung et la recherche formelle

Magistralement exposée par le musée d’Art moderne de la Ville de Paris cet hiver, l’œuvre d’Hans Hartung (1904–1989) traverse les décennies sans rien perdre de sa force. On le dit père de l’abstraction, il est surtout un inventeur, qui a su faire de son handicap le moteur d’une fertilité formelle hors norme. Blessé de guerre en 1944, il passe le reste de sa vie à imaginer de nouveaux outils picturaux, pour créer des œuvres abstraites, formidablement libres. Cette peinture vinylique sur papier, intitulée T1960–19 et réalisée en 1960, met en évidence le geste du peintre, qui gratte la couleur verte pour faire apparaître des lignes électriques, comme en sursaut. Précurseur d’une abstraction radicale, aux côtés de Pierre Soulages notamment, Hartung a finalement installé sa maison-atelier à Antibes, non loin de Cannes. Cette dernière demeure de l’artiste forme aujourd’hui l’incontournable Fondation Hartung-Bergman.

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Hans Hartung, T1960-19

Hans Hartung, T1960–19, 1960

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Peinture vinylique sur papier • 64,7 × 49,6 cm • Certificat de la Fondation Hartung-Bergman

Georges Mathieu explosif !

Georges Mathieu (1921–2012) est un personnage atypique de l’art du XXe siècle : volontiers démonstratif, il a multiplié les performances en public et télévisées, créant sous l’œil de spectateurs médusés des œuvres monumentales en un temps record. Artiste total, à la fois peintre, journaliste, céramiste ou encore architecte, Georges Mathieu est avant tout l’un des grands pionniers de l’aventure qu’est l’abstraction lyrique. Son style unique se reconnaît au premier coup d’œil : facture explosive sur fond lisse, lignes fracturées façon calligraphie fictionnelle ou éclats de peinture comme des notes suraigües… Tels ces Fantômes Vermeils de 1990 peints à l’alkyde, qui évoquent le joyeux tintamarre d’un feu d’artifice concentré dans un cadre.

Georges Mathieu, Fantômes Vermeils

Georges Mathieu, Fantômes Vermeils, 1990

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Alkyde sur toile • 114 cm x 146 cm • Certificat de l’artiste

Le bestiaire imaginaire de Joan Miró

On l’imagine volontiers, tenant du bout des doigts un pinceau leste, baigné d’encre de Chine, traçant sur le papier ce drôle de petit être, typique de la rhétorique de l’artiste espagnol. Œuvre surréaliste de Joan Miró réalisée en 1979, Cap i cua stimule l’imagination et invite à la rêverie. Il s’agit-là d’un projet en noir et blanc pour une lithographie colorée éditée à 75 exemplaires par la Galerie Maeght (dont la collaboration avec l’artiste est emblématique et historique). Cette œuvre dit tout de son amour pour une calligraphie libérée de ses contraintes, tutoyant l’abstraction épurée et joyeuse dont son grand ami Alexander Calder s’est fait le chantre. Miró orne ce dessin d’une étoile, devenue au fil du temps signature, et ultime témoignage de la poésie inhérente à son art.

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Joan Miró, Cap i Cua

Joan Miró, Cap i Cua, 1979

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Encre de Chine et crayon sur papier • 90 cm x 62,5 cm • Certificat ADOM

L’espace gestuel de Jean Miotte

Dès le début des années 1950, Jean Miotte (1926–2016) est l’un des premiers à s’investir dans une pratique de l’abstraction non géométrique, et l’un des précurseurs de l’art informel. Il a débuté sa carrière à Paris puis l’a poursuivie entre Hambourg et Fribourg (Suisse), où il créa sa Fondation. Artiste à la carrière internationale, c’est finalement à Pignans dans le Var qu’il installa son dernier atelier. Celui qui eut aussi son musée au sein du Chelsea Museum de New York aimait passionnément le jazz et en a fait le moteur d’une abstraction rythmée à la facture enlevée. Cette huile sur toile de 1960 met en évidence son goût pour les couleurs pures et les effets de matière. La gestuelle de Jean Miotte s’y fait tantôt large, tantôt saccadée, dans une danse envoûtante des harmonies colorées. Bonne nouvelle : la Galerie Hurtebize lui consacrera prochainement une exposition monographique.

Jean Miotte, Sans titre

Jean Miotte, Sans titre, 1960

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Huile sur toile • 130 cm x 195 cm • Certificat de Michel Bourcy

La Galerie Hurtebize



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