
Mark Rothko à la Fondation Vuitton, Vincent Van Gogh au musée d’Orsay, Amedeo Modigliani au musée de l’Orangerie… Certes, le menu de la rentrée des expositions est plus qu’alléchant. Mais également très coûteux, surtout pour qui voudrait se lancer dans un grand m-art-athon !
Heureusement, les expositions gratuites sont légion. Dans les galeries d’art, les centres d’art contemporain et même les musées privés, il y a de quoi sustenter les appétits les plus voraces. Preuve en est avec notre buffet spécial rentrée, comprenant de l’abstraction géométrique en Alsace, de la sculpture contemporaine à Sète ou encore une jeune photographe au talent stupéfiant à Paris ! Suivez le guide…
1. Dans le Bas-Rhin, focus sur l’abstraction géométrique

Vue de l’exposition « Radical. L’abstraction géométrique dans la collection Würth » au Musée Würth à Erstein
20 000 œuvres, un grand parc paysager, un bâtiment épuré signé des architectes Jacques et Clément Vergély… Pour son 15e anniversaire, le musée Würth situé à Erstein ouvre gratuitement ses portes sur un bel éclairage de l’abstraction géométrique dans ses collections. Avec, d’abord, un focus sur le travail méconnu de l’artiste allemande Lore Bert (née en 1936), où dialoguent motifs ornementaux et dessins architecturaux. Puis, à l’étage, l’accrochage collectif « Radical » met face-à-face une quarantaine d’œuvres de Victor Vasarely, Lothar Quinte, Jesús Rafael Soto ou encore Auguste Herbin, dans l’éloge émouvant d’une forme d’art qui, sans rien céder à l’émotivité ou à la narration, révèle une sensibilité totale aux formes et aux couleurs.
Radical. L’abstraction géométrique dans la collection Würth
Du 13 juin 2023 au 7 janvier 2024
Musée Würth • Rue Georges Besse • 67150 Erstein
www.musee-wurth.fr
2. La découverte du mois : Maya Inès Touam

Maya Inès Touam, Allégorie de la Maternité, 2022
Tirage Fine Art sur papier Hahnemühle • 100 × 180 cm • © Maya Inès Touam & Courtesy Galerie les filles du Calvaire
Diplômée il y a dix ans exactement des Beaux-Arts de Paris, Maya Inès Touam (née en 1988) est tout à la fois l’héritière des maîtres de l’histoire de l’art européen, et l’enfant de parents algériens. Cette double filiation l’interroge et motive une pratique photographique des plus fascinantes, très proche de la peinture : la jeune femme reprend à sa guise les canons de la peinture flamande ou des compositions des peintres fauves, pour faire cohabiter masque africain, panier de plumes, ballon de rugby aux couleurs de Louis Vuitton et draperies dorées. Un mystère persistant se dégage de ses œuvres où l’ancien et le contemporain dialoguent, au même titre que les différentes origines des objets sélectionnés.
Maya Inès Touam. Les choses qui restent
Du 14 septembre 2023 au 28 octobre 2023
Galerie Les Filles du Calvaire • 17 Rue des Filles du Calvaire • 75003 Paris
www.fillesducalvaire.com
3. Parcours des mondes : Saint-Germain-des-Prés voit loin !

Peuple Vili Yombe, République Démocratique du Congo, Figure Nkisi
Bois • 23,5 cm • Collection privée Annecy • © Galerie Bruce Floch / Parcours du Monde / Photo Laurent Cousin
C’est un salon qui n’a rien de banal : depuis sa création en 2002, le Parcours des mondes se dédie aux arts de l’Asie, de l’Afrique, de l’Océanie et des Amériques, ainsi qu’à l’archéologie… Mais sans s’enfermer entre quatre murs, puisqu’il est hébergé dans plus d’une cinquantaine de galeries, toutes concentrées dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés. Pour le visiter, rien de plus simple : arpentez les rues des Beaux-Arts, Visconti ou encore de Seine, et levez le nez pour repérer les drapeaux indiquant les galeries concernées. Vous pourrez ainsi découvrir la sélection d’art japonais de la galerie Kiyama, l’art tribal d’Olivier Castellano ou encore les objets anciens choisis par Bernard Dulon.
Parcours des mondes
Du 5 au 10 septembre 2023
Dans tout le quartier de Saint-Germain-des-Prés
4. Les explorations colorées de Cécile Bart à Saumur

Cécile Bart, Lisses #13, 2018
Coll. Frac Bretagne, Rennes • © Marielys Lorthios
Vous reprendrez bien une petite escapade en Pays de la Loire, afin d’amortir un peu le choc de la rentrée ? Pour bien faire, direction Saumur, ville de charme et de vignes où le centre d’art contemporain Bouvet-Ladubay (un producteur de vins local) se plonge dans l’univers de Cécile Bart (née en 1958). La plasticienne bourguignonne est l’autrice d’œuvres monumentales et immersives, qui mettent en scène l’espace muséal en y déployant avec grâce formes géométriques et couleurs acidulées. Ses « Peintures/écrans » de tissu peint apparaissent aussi translucides et joueuses que ses « Lisses », qui érigent des fils de laine tendus à la verticale… Elle explique : « On peut s’y perdre et oublier les distances, faire partie d’elles, ou les appréhender dans leurs dessins et leurs volumes, se confronter à leur altérité, ou encore les oublier et voir à travers elles l’espace environnant. » Une exposition séduisante par la panoplie de sensations colorées qu’elle convoque comme par sa lisibilité généreuse. Autrement dit : venez avec vos enfants, ils adhèreront à coup sûr !
Cécile Bart. Rappels en parallèle
Du 13 mai 2023 au 1 octobre 2023
Centre d’art contemporain Bouvet-Ladubay
www.bouvet-ladubay.fr
5. Katinka Bock en deux façons à Sète et à Paris

Katinka Bock, Horizontal Alphabet, 2016
Grès • 80 m2 • Courtesy de l’artiste et Centre national des arts plastiques / Photo Katinka Bock
C’est l’une des plasticiennes les plus captivantes de notre époque : l’Allemande Katinka Bock (née en 1976), récemment mise en valeur à la fondation d’entreprise Pernod Ricard où elle montrait pour la toute première fois ses photographies, s’empare actuellement de deux espaces, le Crac Occitanie de Sète et la galerie Jocelyn Wolff à Romainville. Elle y montre des sculptures et des photographies (à Sète, on reconnaîtra les grands pans flottants au cœur de la scénographie de l’exposition à la fondation Ricard), ainsi qu’un film inédit intitulé Silver. Comme toujours, Katinka Bock travaille à partir de formes familières, d’expériences intimes et de sensations fugaces, qui flirtent avec l’abstraction tout en restant évocatrices et sensuelles. On retiendra notamment l’œuvre One Meter Space, pour laquelle l’artiste a demandé à plusieurs personnes de lui montrer avec leurs mains une mesure d’un mètre. Les froides distances mathématiques se voient ainsi défiées par le sensible et le singulier… Et c’est tout simplement très beau.
Katinka Bock. Palomar
Du 10 septembre 2023 au 28 octobre 2023
Galerie Jocelyn Wolff • 43 Rue de la Commune de Paris • 93230 Romainville
www.galeriewolff.com