5 expos gratuites qui nous dépaysent en septembre


1. Le neuvième art à l’Académie des beaux-arts

Il a reçu la plus prestigieuse récompense française en la matière. Lauréat du Grand Prix du 47e Festival de la bande dessinée d’Angoulême, Emmanuel Guibert (né en 1964) est mis à l’honneur à l’Académie des beaux-arts à Paris (c’est d’ailleurs la première exposition que le lieu consacre au neuvième art). Le parcours se concentre sur les ouvrages biographiques qu’il a consacrés au soldat américain Alan Ingram Cope (La Guerre d’Alan, L’Enfance d’Alan, Martha et Alan) et au photoreporter Didier Lefèvre (Le Photographe) – de bons amis, dont il a longuement recueilli les témoignages pour enrichir ses œuvres très documentées et émouvantes. « Quand un dessinateur a envie de célébrer un ami présent ou de revoir un ami absent, il a la ressource de le dessiner. Quand il veut l’entendre, il place une bulle devant ses lèvres et lui fait prononcer une phrase  », explique Emmanuel Guibert. Ses dessins s’accompagnent de récits, de photographies et d’objets.

Emmanuel Guibert, « Le Photographe »

Emmanuel Guibert, « Le Photographe », 2016

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© Emmanuel Guibert et Editions Dupuis

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Emmanuel Guibert. Biographies dessinées

Du 10 septembre 2020 au 18 octobre 2020

2. Métamorphoses aquatiques aux Petites Maisons

Espace parisien autogéré dédié à la création sous toutes ses formes, les Petites Maisons accueillent la deuxième exposition du collectif de curateurs « 1:61 : les jeunes historiens de l’art ». Chic, du sang neuf ! Et leur idée est belle : réunir, sous le titre délicieux Aquamorphose, sept artistes qui explorent les imaginaires subaquatiques, dans des œuvres où l’hybride, le monstrueux et le merveilleux se rencontrent avec une sensualité hypnotique. On s’arrête notamment devant les « ventres en gestation » de Camille Juthier, bulbes de verre qui rencontrent la pierre ; on s’étonne des drôles de bestioles en céramique d’Elsa Guillaume ; on frémit aux côtés des sculptures d’insectes colorés de Théo Massoulier, colonisées d’éléments électroniques – signe des réflexions de leur auteur autour de l’anthropocène. Les fonds marins, révélateurs de nos propres abysses ?

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Du 18 septembre 2020 au 25 septembre 2020

3. Défier l’ordre policier dans un lycée de Bourges

« Voilà une classe qui se tient sage ! » La phrase est tristement célèbre : elle a été prononcée en 2019 par un policier devant des dizaines de lycéens à genoux, arrêtés pour avoir participé au blocage de leur lycée. L’image, choquante, a inspiré à l’artiste Étienne Meignant une exposition au sein du lycée Alain-Fournier – qui, fait rare, accueille un espace d’exposition nommé La Transversale. Diplômé de l’École nationale supérieure d’art de Bourges, Étienne Meignant se fait ici le commissaire d’une exposition réunissant six jeunes plasticiens (dont lui-même), qui tous questionnent les rapports de force, le patriarcat, le nationalisme. Il y a les portraits de travailleurs d’Arnaud Adami, l’étrange chaise orthopédique pour enfant Comment s’asseoir correctement de Wan Ting Fu – presque un instrument de torture, ou encore les broderies de violences policières de Brodette… Des œuvres qui, l’air de rien, instillent un souffle de révolte.

Wang Ting Fu / Arnaud Adami, Au premier plan, « Comment écrire correctement » de Wang Ting Fu et à l’arrière-plan, les toiles d’Arnaud Adami

Wang Ting Fu / Arnaud Adami, Au premier plan, « Comment écrire correctement » de Wang Ting Fu et à l’arrière-plan, les toiles d’Arnaud Adami, 2019 et 2020

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Chêne, métal / Huile sur toile • 60 × 40 cm / 24 × 33 cm • © Wang Ting Fu / © Arnaud Adami / Photo Ségolène Bac

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Une classe ne se tient pas sage toute seule

Du 19 août 2020 au 26 septembre 2020

4. Rabat dans l’objectif de Giovanna Silva

La Milanaise Giovanna Silva (née en 1980) a plusieurs casquettes : elle est écrivaine – son récit Desertions (paru en 2009) raconte son voyage aux États-Unis en compagnie du designer Enzo Mari, éditrice – elle a fondé la maison Humboldt Books, et enfin photographe. De villes et de territoires. Car Giovanna Silva, qui exposait en 2006 ses photographies de Bogotà à la dernière Biennale de Venise, ne cesse de parcourir le monde. Elle saisit les rues de Bagdad, de Los Angeles, de Téhéran, de Beyrouth, de Berlin… Et de Rabat. C’est cette dernière série, réalisée en 2019, que le FRAC Centre-Val de Loire met à l’honneur entre ses murs et dans une exposition en plein air, sur les bords de la Loire. À mille lieues des images de cartes postales, Giovanna Silva pose un regard attentif sur la capitale du Maroc : elle observe les devantures, les déchets, les amoncellements, le linge qui sèche, les façades, la lumière et les ombres. Ses images résonnent entre elles, et composent un puzzle vivant, modeste et discret. Quatre vidéos complètent l’ensemble.

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Giovanna Silva – Diplopie

Du 17 juin 2020 au 3 janvier 2021

5. Jeux de lumières et plantes grasses à la Villa Arson

Comment, surtout à Nice, ne pas penser à Matisse devant les œuvres de la Vénézuélienne Sol Calero (née en 1982) ? Comme lui, elle fait se télescoper dans des toiles très colorées d’exaltants motifs de fleurs, de plantes et d’architectures vernaculaires. Le pinceau est libre, presque frivole, et étale les motifs comme autant de souvenirs du pays où la jeune femme a grandi. Ces tableaux enchanteurs s’inscrivent dans un espace d’exposition entièrement investi : peuplé de plantes grasses, il accueille une petite bibliothèque de livres consacrés à l’art sud-américain, Sol Calero en ayant constaté le manque dans les rayonnages de l’école. Les murs sont peints, presque à la va-vite, parfois en partie détruits ou troués : un souvenir des quelques semaines que l’artiste passa en résidence ici en 2019, qui furent marquées par de très fortes pluies. D’où le long et superbe titre choisi pour son exposition : « Ils ont insisté pour couvrir les fissures, mais les murs transpiraient toujours. »

Sol Calero, Paisaje

Sol Calero, Paisaje, 2020

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Acrylique sur toile • 170 × 150 × 4,5 cm • © Sol Calero, production Villa Arson II / Photo François Fernandez



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