3 000 ans d’ornements chinois passés au peigne fin



1. L’épingle dit qui vous êtes

Historiquement, en Chine, c’est dans la tête que loge l’esprit, et celle-ci est en lien direct avec le ciel, dont le pouvoir est capital dans la conception chinoise du monde. La chevelure est donc, fort logiquement, l’objet de toutes les attentions. La joaillerie chinoise va, au fil des siècles, multiplier les parures pour valoriser la coiffure. Elles témoignent d’abord du passage d’un âge à l’autre. Les jeunes filles, par exemple, parvenues à la puberté, abandonnent leurs cheveux jusqu’ici portés détachés ou tressés pour arborer leur première épingle : avoir un chignon piqué de cet ornement signifie qu’on a quitté l’enfance ! Ces épingles, dont la sophistication évolue avec les âges de la vie féminine, sont aussi de puissants marqueurs sociaux. Elles disent qui vous êtes, elles indiquent votre rang. Et pas question de n’en faire qu’à sa tête ! Dès la dynastie Tang (618–907), le port de ce bijou de tête est rigoureusement codifié.

2. L’épingle à deux tiges qui vous marie

Toutes les femmes chinoises arborent dans leur chevelure une épingle. Mais à chaque moment de la vie son bijou ! Ceci est particulièrement vrai lorsqu’il s’agit des épingles doubles (chai), qui se piquent à la verticale dans un chignon ainsi bien maintenu. Ces épingles peuvent être un gage d’amour : les fiancées ôtaient une moitié de leur chai pour la donner à leur prétendant. Bien souvent, ces épingles à deux tiges sont ornées de motifs floraux ou animaliers, réels ou surnaturels (dragons, phénix) : une promesse de bon augure…

3. Le peigne, pratique et hautement symbolique !

Le confucianisme, fondement d’une partie de la pensée chinoise, considère les cheveux comme un héritage dont on se doit de respecter l’intégrité. Prendre soin de sa chevelure, ne pas la couper, et bien se peigner est donc crucial quand on veut respecter sa famille ! Un rôle que joue à merveille le peigne. Mais au-delà de sa fonction pratique, il revêt aussi toute une palette esthétique. En or finement ouvragé (ciselé, martelé, granulé…), parfois serti de pierres – en particulier de jade, très prisé dans la Chine ancienne (et contemporaine) —, le peigne brille, au centre ou de chaque côté, du chignon noir.

4. De riches symboliques à décoder

Ding zan (au milieu), tiao xin (à l’avant), yan bin (de chaque côté)… Ces ornements qui parent les chignons dans la Chine impériale répondent à des codes très précis. Autrement dit, à chacun son nom et sa place sur la coiffe des dames. À l’arrière du chignon par exemple, les femmes arborent une épingle décorative appelée manguan, typique de la dynastie Ming (1368–1644) qui portera l’art de la coiffure à un haut degré de raffinement. Ainsi les manguan sont savamment ouvragés en or et mettent en valeur toute une iconographie animale, du papillon, image de longévité, au crabe, qui engendre l’harmonie en repoussant les forces du mal… Sans oublier des brassés de fleurs (pivoines, chrysanthèmes, liserons…) et de fruits, telle la grenade qui confère la fertilité. Mais pas seulement ! On peut aussi trouver des manguan qui évoquent une légende ou un récit de l’histoire chinoise… Tout un foisonnant réseau iconographique qui va perdurer jusqu’à la chute de l’Empire en 1911.

5. Le style mandchou s’impose et en impose !

En 1644, des envahisseurs mandchous (du nord de la Chine) renversent la dynastie chinoise des Ming et fondent la dynastie Qing, qui perdure jusqu’en 1911. Ces peuples de Mandchourie, rompant avec l’ethnie Han, vont imposer leur style tout en s’appuyant sur des codes séculaires chinois pour asseoir leur légitimité. C’est le cas du liang batou, coiffure traditionnelle des femmes mandchoues, qui s’orne d’une bande aplatie en métal précieux, en jade ou en bois nommée bianfang, le tout cousu de bijoux. Sacrés échafaudages ! Plus la coiffure est haute, plus elle est large, plus elle est décorée d’or, de pierres ou de chatoyantes plumes de martin-pêcheur… plus grand est le prestige ! La preuve en images.

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Ors et trésors – 3 000 ans d’ornements chinois

Du 1 décembre 2022 au 14 avril 2023
Entrée gratuite, sur réservation
Du mardi au samedi, de 12h à 19h
Nocturne jusqu’à 20h le jeudi

www.lecolevancleefarpels.com



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