Yves Klein en 2 minutes


En bref

Comète de l’art du XXe siècle, Yves Klein (1928–1962) a légué à l’histoire une couleur devenue mythique : un bleu très pigmenté, l’IKB, dit communément le « bleu klein », qui caractérise nombre de ses œuvres. Membre du Nouveau Réalisme, cet artiste passionné de judo et attiré par l’absolu a voulu faire entrer l’art et la beauté dans la vie. Il est notamment connu pour ses « anthropométries », performances qui emploient la technique des pinceaux vivants, et pour ses peintures de feu. Avec Klein, l’art est devenu cosmique !

Yves Klein sur le tournage d’un film sur ses « Anthropométries »

Yves Klein sur le tournage d’un film sur ses « Anthropométries », vers 1961–1962

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© Succession Yves Klein c/o Adagp, Paris, 2019 / BPK, Berlin, Dist. RMN-Grand Palais – Charles Wilp

Il a dit

« Mes tableaux ne sont que les cendres de mon art. »

Sa vie

Yves Klein est né à Nice dans une famille d’artistes. Le jeune homme aime assister sa tante dans la librairie qu’elle tient, où il se lie d’amitié avec Arman, futur membre du Nouveau Réalisme. À l’âge de vingt ans, Yves Klein part à la découverte du monde et entreprend un séjour au Japon en 1952.

Au Japon, Klein découvre le judo et se forme à la pratique de cet art martial qui devient pour lui capital. Il devient même titulaire du grade d’un 4e dan, ce qui lui permet de l’enseigner. Il est alors le seul Occidental à être parvenu à une telle maîtrise du judo. C’est aussi au pays du Soleil levant qu’il débute sa réflexion sur le thème du monochrome, inspiré par la philosophie et l’art nippons. À son retour en France, Klein publie Les Fondements du judo. Son rêve est d’ouvrir une académie, tout en se consacrant à l’art.

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L’artiste se consacre à l’univers du monochrome, dans la tradition de l’abstraction. Il expérimente différentes couleurs, et trouve le soutien de la galeriste Colette Allendy. En 1957, cet amateur de philosophie se fixe sur la couleur du ciel et de l’absolu : il fait breveter un bleu particulièrement intense (International Klein Blue) qui devient sa signature. Pour Klein, le bleu est la couleur de l’imagination et possède une dimension sacrée, celle d’ouvrir sur le monde invisible des idées et de la spiritualité.

1957 est en tous points une année charnière : Yves Klein expose dans diverses villes d’Europe et organise deux manifestations à Paris, à la galerie Iris Clert et chez Collette Allendy sur le thème du monochrome. C’est alors qu’il entreprend ses premières performances et obtient, la même année, une commande pour la ville de Gelsenkirchen en Allemagne.

En 1958, Iris Clert lui consacre une exposition sur le thème du « vide ». L’espace de la galerie est entièrement nu, les murs recouverts de peinture blanche. Klein propose aux visiteurs de faire l’expérience de l’espace, de l’air, mais aussi de l’absence. Un événement radical qui fait scandale.

L’art conventionnel n’intéresse pas Yves Klein, qui cherche à définir l’absolu. Il investit l’espace public et médiatique, et produit des performances appelées « anthropométries » par le critique d’art Pierre Restany. À l’aide de pinceaux vivants (des femmes nues enduites de peinture bleue), Klein compose des fresques qui ne gardent que la trace des corps. Par ces expériences, il explore le rapport au temps et renonce à l’idée d’une représentation mimétique. Le réel n’est pas le visible, mais l’invisible, et la mission de l’artiste est de le révéler au monde.

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Klein, soutenu par Pierre Restany, devient l’un des membres du Nouveau Réalisme. Le manifeste de ce groupe, formé entre autres par Arman, Martial Raysse, Daniel Spoerri, Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle, est signé chez lui le 27 octobre 1960. Ces artistes s’unissent pour créer une poétique du réel, en s’inspirant de la société de consommation contemporaine. La notoriété de Klein ne cesse de s’amplifier, et son travail est exposé à travers le monde.

En 1961, il réalise ses premières peintures de feu au centre d’essais de Gaz de France. Une nouvelle fois, l’artiste joue avec la force des éléments naturels. Il décède d’une crise cardiaque en 1962, quelques mois seulement après son mariage, à l’âge de 34 ans.

Ses œuvres clés

Yves Klein, Monochrome bleu sans titre, IKB 3

Yves Klein, Monochrome bleu sans titre, IKB 3, 1960

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Pigment pur et résine synthétique sur gaze montée sur panneau • 199 × 153 × 2,5 cm • Coll. centre Pompidou, MNAM, Paris • © Succession Yves Klein c/o Adagp, Paris, 2019

Monochrome bleu sans titreIKB 3, 1960

Œuvre caractéristique de l’Époque bleue, ce monochrome traduit la quête d’absolu de Klein. Il élabore une véritable théorie : la tâche de l’artiste n’est pas de créer mais de révéler une beauté invisible. Le bleu, couleur abstraite, en serait la plus pure expression. À partir de 1957, Klein se concentre sur cette couleur immatérielle, en utilisant une résine synthétique originale chargée en pigments outremer (IKB), brevetée en 1960 par l’Institut national de la propriété industrielle. L’espace de la toile est totalement saturé, imprégné de bleu. Il associera parfois à la couleur bleue celle de l’or, alchimique et sacrée.

Yves Klein, Anthropométrie de l’époque bleue (ANT 82)

Yves Klein, Anthropométrie de l’époque bleue (ANT 82), 1960

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Pigment pur et résine synthétique sur papier monté sur toile 155 × 281 cm • 155 × 281 cm • Coll. centre Pompidou, MNAM, Paris • © Succession Yves Klein c/o Adagp, Paris, 2019

Anthropométrie de l’époque bleue (ANT 82), 1960

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Mise au point en 1960, la technique des pinceaux vivants permet à Klein de réaliser ce que le critique Pierre Restany qualifie d’« anthropométries ». Il s’agit de performances réalisées en public. Klein joue le chef d’orchestre et dirige des modèles nus, enduits de couleur bleue, sur une toile libre. Le résultat n’est pas une figure réaliste mais une trace, subjective, qui interroge notre rapport au temps et à l’histoire. Elle sont à l’image des empreintes de mains que l’on trouve dans les grottes préhistoriques.

Peinture de feu sans titre (F 74), 1961

La maîtrise du feu est un exercice sensible et dangereux. À l’aide d’un équipement mis à sa disposition par Gaz de France, Klein matérialise des traces de la puissance de cet élément naturel. Des modèles posent au préalable sur un carton résistant, et l’artiste humidifie les contours de leurs corps. Puis, à l’aide d’un lance-flammes, il chauffe le carton, faisant apparaître les silhouettes des corps en négatif. Utilisant l’eau et le feu, Klein joue avec les extrêmes pour révéler des formes invisibles.

Yves Klein, L’Arbre, grande éponge bleue

Yves Klein, L’Arbre, grande éponge bleue, 1962

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Pigment pur et résine synthétique sur éponge et plâtre • 150 × 90 × 42 cm • Coll. centre Pompidou, MNAM, Paris • © Succession Yves Klein c/o Adagp, Paris, 2019

L’Arbre, grande éponge bleue, 1962

Imprégnée de couleur bleue, l’éponge retiendrait une parcelle de la beauté du monde. Il s’agit d’un matériau végétal, figé et devenu sculpture. Ainsi, Klein réalise des formes dans l’espace. Pour l’artiste, le choix de l’éponge n’est pas anodin : il lui compare ses spectateurs, capables de s’imprégner de son art et de la beauté sans passer par l’intermédiaire du tableau.

Du 25 juin 2020 au 29 janvier 2021

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