Tour de plaine en argiles lourdes – La réserve utile limitera la casse en cas de sécheresse


Dans la partie vendéenne du marais poitevin, les terres drainées pour être mises en cultures sont des éponges. Cet atout qui limite l’impact des sécheresses implique cependant d’étroites fenêtres météo pour la récolte et la préparation des sols.

C’est sous un soleil radieux que Loïc Deveyer, conseiller cultures à la chambre d’agriculture et au Geda sud-Vendée, entame sa tournée d’essais cultures vendredi 16 avril dans le marais vendéen. Avec la proximité de l’océan, aucune culture n’a été touchée par le gel dans le secteur. Ici, à dix kilomètres de la côte, la mer inondait les terres au cours de la tempête Xynthia en février 2010. « Les agriculteurs ont utilisé du gypse pendant deux à trois ans afin de lessiver le sodium laissé par la mer, rappelle le conseiller. Aujourd’hui, la situation est revenue à la normale, à savoir un usage d’entretien anecdotique. »

Les argiles lourdes du marais vendéen (40 à 60 % d’argile) ont été drainées à partir des années 70 afin d’implanter des cultures. Mais l’eau n’est jamais très loin. « Cette parcelle de blé dur est restée sous 20 centimètres d’eau durant 15 jours en février, indique Loïc Deveyer pour sa première étape à Angles. Le blé a souffert mais il a une grande capacité de récupération dans ces terres fertiles. Il est au stade normal de deux nœuds. »

Ces terres sont de la pâte à modeler ; moins elles sont travaillées, mieux c’est.

La variété Relief a été semée ici fin novembre suite à un maïs récolté tôt. Le sol a été labouré comme chaque année, ce qui limite la problématique du désherbage. « Ces terres sont de la pâte à modeler ; moins elles sont travaillées, mieux c’est, explique Loïc Deveyer. Les deux risques sont le tassement et la formation de mottes. Les agriculteurs limitent le nombre de passages, optent pour le labour d’été, et travaillent systématiquement en roues jumelées. Ils n’utilisent pas de couvert avant maïs car leur destruction précoce est impossible. »

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Quinze millimètres d’eau en deux mois

La présence de rouille jaune dans la parcelle témoin de l’essai révèle l’utilité du traitement réalisé il y a deux semaines. « Le risque est plutôt variétal, estime le conseiller. En revanche, le climat local est propice à la rouille brune en fin de cycle. Un traitement à large spectre est généralement fait au stade dernière feuille étalée. Puis, le traitement de l’épi contre la fusariose est systématique en raison de l’enjeu pour la qualité du grain sur cette zone. »

Selon les années, l’itinéraire technique comprend donc deux à trois traitements, auquel il faut souvent ajouter un désherbage de printemps. « Malgré le faible tallage, le potentiel de rendement du blé dur est de 7 à 8 tonnes, voire 9 à 10 tonnes dans les meilleures parcelles, conclut Loïc Deveyer. Si le manque d’eau persiste, il y aura quand même 5 à 6 t de grain car la réserve utile des sols est élevée. Depuis le 20 février, nous n’avons reçu que 15 mm surtout sous forme de petites averses entrecoupées de rafales de vent. Nous sommes passés d’un extrême à l’autre. »

Dans la parcelle voisine, Maxime est au travail avec une herse rotative. « C’est la première fois que je suis obligé de faire ça, se désole l’agriculteur. J’ai fait un premier passage de herse étrille et rotative, puis j’ai essayé de semer mon tournesol avec un semoir à disques. Mais ça ne fonctionne pas. Il faudrait de l’eau pour assouplir le sol. »

Cumuler glyphosate et labour ?

Le conseiller rejoint ensuite un essai variétal en maïs semé il y a trois semaines sur la commune voisine de Grues. « Bonne nouvelle : il est levé ! Mais il ne pousse pas très vite. Il est au stade deux feuilles. Avant le refroidissement, nous avons eu une fenêtre de bonnes conditions météo. Dans le secteur, 90 % des maïs et 70 % des tournesols sont semés. Désormais, sans pluie, c’est plus compliqué pour les derniers semis. Le sol est sec sur 7 à 8 cm. » Les agriculteurs du marais vendéen sèment leur maïs tôt et utilisent des variétés avec un indice de précocité de 300 à 340. L’enjeu est de récolter au plus tard fin septembre – début octobre pour éviter le risque de compaction des sols à la récolte et pouvoir réaliser un labour en conditions sèches.

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Sur la troisième parcelle à Sainte-Radégonde-des-Noyers, Patrice a semé de la luzerne porte-graines derrière maïs : le 20 septembre, le labour était fait. Avant le semis de luzerne il y a un mois, un désherbage au glyphosate a été réalisé à l’aide d’un quad léger. « Le désherbage mécanique est impossible ici : le sol contient 60 % d’argile » souligne l’agriculteur. « L’usage du glyphosate est quasi systématique avant les semis de printemps, et aussi avant les semis de blé contre vulpin, confirme Loïc Deveyer. À l’automne, les agriculteurs sèment dans de la motte, ce qui limite le désherbage mécanique. Une demande de dérogation est en cours pour pouvoir utiliser le glyphosate après labour à l’automne comme au printemps. Les solutions alternatives ne sont pas faciles à trouver, mais cette année par exemple est favorable à la herse étrille. »

« On va commencer à creuser le rendement »

Patrice a renoué avec la culture de la luzerne il y a quelques années, malgré les excès d’eau des deux derniers hivers, peu appréciés par cette culture. « Avec un système blé-maïs, on va dans le mur en ce qui concerne nos sols, estime-t-il. La luzerne permet d’améliorer la structure et c’est un bon précédent pour le blé. »

La soif d’eau induit une faim d’azote.

Sur la parcelle voisine, un blé dur Anvergur a été semé le 14 novembre dernier suite à une luzerne ayant laissé 110 unités de reliquats azotés. « Il est un peu moins beau qu’il n’a été, constate Loïc Deveyer. Il dégraisse et se débarrasse de certaines talles. La soif d’eau induit une faim d’azote. Il faudrait 25 à 30 mm d’ici deux semaines, sinon on va commencer à creuser le rendement. » La variété choisie étant versante, le blé recevra un régulateur dans quelques jours. Si les conditions sèches persistent, la perte de rendement sera toutefois moindre qu’en limons sableux non irrigués. Malgré les larges fissures en surface, la réserve en eau des sols du marais reste une sécurité.

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