son mari la droguait pour l’offrir à des inconnus


Dans le sud de la France, une cinquantaine de personnes aurait abusé de l’épouse d’un sexagénaire, qui filmait les viols qu’il organisait. Neuf nouvelles interpellations ont eu lieu mardi.

Les policiers du SRPJ de Montpellier ont tiré le fil, et c’est une affaire particulièrement sordide qui est sortie. Mardi, neuf interpellations supplémentaires ont eu lieu dans un dossier de viol par «soumission chimique» : depuis 2013, un homme droguait sa femme avant d’offrir son corps à des inconnus rencontrés sur des sites de rencontre. Au total, révèle Le Parisien , une cinquantaine d’hommes seraient impliqués, essentiellement domiciliés dans le sud de la France.

L’affaire serait peut-être encore inconnue de la police si le mari, aujourd’hui âgé de 68 ans, n’avait pas filmé ses méfaits. Et s’il n’avait pas commis une autre infraction : le 12 septembre 2020, l’époux en question est interpellé après avoir filmé sous les jupes de clientes d’un supermarché à Carpentras (Vaucluse). Trois femmes portent plainte, et l’homme est écouté par la police, évoquant un dérapage isolé. Il est relâché, mais une perquisition est menée à son domicile, lors de laquelle caméras, ordinateurs et téléphones portables sont saisis. Les outils numériques, analysés par les enquêteurs, contiennent des dizaines de vidéos, qui montrent l’épouse du prévenu exploitée sexuellement par des inconnus alors qu’elle est inconsciente.

Une nouvelle garde à vue est ordonnée le 2 novembre 2020, puis une mise en examen pour viols aggravés, agressions sexuelles et administration de substances nuisibles. Les enquêteurs révèlent bientôt à sa femme ce qu’elle a vécu pendant des années : des viols en plein coma, à son propre domicile. Son avocate Caty Richard décrit auprès du Parisien «un cataclysme» : «C’est son monde qui s’effondre ce jour-là. Comment soupçonner une telle face sombre, une telle duplicité chez cet homme avec qui elle était en couple depuis près de 50 ans ? C’est tout simplement inimaginable», poursuit-elle.

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Son mari ajoutait, dans ses repas, des tranquillisants à base de benzodiazépine, également connus pour ses effets relaxants. Une fois profondément endormie, il faisait entrer chez eux un homme rencontré sur internet, et filmait le viol, y participant lui-même parfois. Les auteurs successifs ne pouvaient pas ignorer l’absence de consentement de leur partenaire, car ils étaient prévenus d’une attitude à respecter en cas de réveil inopiné, selon les enquêteurs. «Quelques-uns ont pensé à un jeu sexuel et cru que la femme simulait», explique pour sa part Me Louis-Alain Lemaire, l’avocat de plusieurs auteurs présumés, qui ajoute que ces hommes ne savaient pas être filmés, et n’auraient pas accepté de l’être. «L’un de mes clients s’est rendu compte que l’épouse était droguée et a refusé d’aller plus loin, il est uniquement mis en cause pour des attouchements», précise encore Louis-Alain Lemaire. Le mari, auditionné, affirme pourtant avoir informé tous ses invités de la situation.

Le piège «terrible» de la soumission chimique

Ces derniers seraient au nombre d’une cinquantaine, selon les enquêteurs, avec des contenus vidéos remontant à 2013. En plus des neuf interpellations de mardi, 32 hommes ont déjà été mis en examen et écroués ces derniers mois, et il semble que le travail ne soit pas encore fini pour les policiers. Les prévenus sont originaires du Vaucluse, de la Drôme, du Gard ou des Bouches-du-Rhône. Selon une source policière auprès du Parisien, «ce qui est très frappant, c’est qu’ils ont le profil de Monsieur-tout-le-monde, ils pourraient être nos voisins». Un capitaine de pompier, un surveillant pénitentiaire, un journaliste figurent notamment parmi les violeurs présumés, dont la majorité est inconnue du fichier des délinquants sexuels, le Fijais.

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Si la victime a consulté des médecins, dont un neurologue, pour des maux de tête, des problèmes de sommeil et des trous noirs, elle n’aurait pas remarqué de séquelles physiques. «Alors qu’elle décrivait certains des effets secondaires les plus courants liés à l’ingestion de tranquillisants», selon son avocate Caty Richard, le piège de son mari n’aurait pas pu être mis à jour sans sa première interpellation. Une dérive sexuelle axée sur le voyeurisme aurait été identifiée chez cet homme par une expertise psychiatrique. «Il faut arrêter de penser que ça n’arrive qu’en soirée, avec un inconnu qui glisse du GHB dans votre verre !» souligne encore l’avocate, citant une affaire dans laquelle un homme droguait sa femme puis abusait de son enfant, ou le dossier du meurtre d’Alexia Daval, qui selon Caty Richard, était également régulièrement droguée par son mari Jonathann. Une expertise a en effet montré des prises régulières de somnifères et relaxants par la victime, alors qu’elle n’avait mentionné de tels médicaments.



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