Sofia Essaïdi : “Le scénario de La Promesse a beaucoup résonné en moi” – News Séries


Alors que la diffusion de “La Promesse” continue ce soir sur TF1, Sofia Essaïdi, l’interprète de Sarah Castaing, est revenue pour nous sur la manière dont son personnage a résonné en elle, sur sa fascination pour les faits divers, et sur ses projets.

Christophe Brachet – Sortilèges Productions – TF1 – LES GENS – RTBF (Télévision Belge)

AlloCiné : Qu’est-ce qui vous a tout de suite emballé dans La Promesse lorsque TF1 vous a proposé le projet ?

Sofia Essaïdi : L’intrigue tout d’abord, évidemment. J’ai enchaîné les 6 épisodes d’un coup à la lecture. J’étais complètement prise dans l’histoire. Et puis, au-delà de l’enquête, ce que j’ai aimé c’est aussi l’angle adopté par cette série. Le fait qu’elle s’attarde beaucoup plus sur l’aspect psychologique des personnages, sur les ravages que peuvent avoir les enquêtes sur les policiers, sur les suspects, sur toutes les personnes qui y sont mêlées. Je trouvais ça très intéressant. Le fait aussi que mon personnage ait de vraies blessures à régler. Toutes ces choses qui l’empêchent d’être vraiment libres dans son présent.

La série a été créée par Anne Landois, qui a longtemps travaillé sur Engrenages. Est-ce que c’était, ça aussi, une vraie motivation pour vous au moment d’accepter le rôle de Sarah Castaing ?

Ah oui, complètement. Je ne connaissais pas Anne, mais quand on m’a dit que c’était une des scénaristes d’Engrenages, ça a évidemment fait pencher la balance (rires). Je n’ai pas vu toutes les saisons d’Engrenages, mais ce que j’en ai vu est assez remarquable. Il y avait une vraie qualité d’écriture et de production sur cette série. Alors, forcément, savoir qu’Anne était aussi à l’origine du scénario de La Promesse, c’était une raison de plus de dire oui.

Comment décririez-vous Sarah, votre personnage ?

Je dirais que Sarah est une jeune femme qui met toute son énergie dans ses enquêtes parce que, selon moi, elle n’a pas très envie, de manière consciente ou inconsciente, d’être dans sa vie et de régler ses problèmes personnels. C’est une très bonne enquêtrice, mais c’est une femme qui a mis ses blessures et sa vie personnelle de côté. Et qui essaye, péniblement, d’avancer dans sa vie. Mais elle a du mal avec l’engagement et avec la liberté. Elle a du mal à être elle-même. Et ce que je trouve génial dans cette série c’est qu’on suit un vrai parcours de libération personnel pour Sarah.

Marie Etchegoyen – SORTILEGES PRODUCTIONS – TF1 – LES GENS – RTBF

Pensez-vous que Sarah se lance dans cette enquête simplement pour réparer le passé et honorer la mémoire de son père, ou ressent-elle aussi une part de culpabilité dans cette histoire ?

Il y a forcément une part de culpabilité, mais je ne peux pas trop en dire, je ne voudrais pas spoiler. Mais ce qui est certain c’est qu’elle cache une vraie blessure. Et elle se sent coupable de plein de choses. La culpabilité fait partie de sa vie, que ce soit par rapport à sa famille, à son ancien petit ami, ou à son petit ami actuel, car elle se sent coupable de ne pas être complètement là, avec lui, dans cette relation.

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Mettez-vous toujours un peu de vous-même dans vos personnages ? Et dans ce cas présent, est-ce que c’était évident de trouver des points communs entre Sarah et vous ?

Oui je mets toujours des choses personnelles dans les rôles. Disons que le travail est personnel, et c’est ce qui fait que j’accepte un rôle ou pas. C’est parce que, tout d’un coup, l’histoire va me parler, va réveiller des émotions qui sont là, enfouies. Ce n’est pas évident car ce n’est jamais facile d’aller fouiller dans des choses intimes, d’aller comprendre des blessures. Mais c’est très salvateur, de manière personnelle, et ça permet d’offrir une certaine vérité à la caméra. Au lieu de fabriquer des émotions, on se retrouve à aller chercher au fond de soi de vraies émotions intimes. Et pour moi, sur ce tournage, à ce moment-là, ça a été assez radical. Parce que Sarah est confrontée à un deuil qu’elle n’a jamais vraiment réussi à faire. Mais il faut qu’elle y parvienne pour être complètement dans son présent. C’est l’un des enjeux de cette histoire. Et moi, à ce moment-là, je vivais une histoire très similaire. Donc le scénario a beaucoup résonné en moi. Ça n’a pas été simple, mais je pense que ça a été une chance aussi. L’opportunité de régler certaines choses très personnelles tout en offrant une vérité au personnage.

La Promesse va forcément parler aux téléspectateurs car elle évoque de nombreux faits divers, et on sait que les Français sont fascinés par ce genre d’affaires. On pense notamment à la disparition d’Estelle Mouzin en regardant la série. Quel est votre rapport aux faits divers ? Et est-ce que vous comprenez que ça fascine autant les gens ?

Oui, je comprends très bien. Ça me fascine aussi, je vous l’avoue (rires). Pendant très longtemps je me suis demandé si ce n’était pas un peu malsain, et puis je pense finalement avoir trouvé une réponse. Je pense qu’on est surtout fasciné par le comportement de l’autre. Je parle pour moi, en tout cas, car j’aime bien regarder certaines émissions de faits divers. Et ce qui me fascine c’est d’essayer de comprendre comment quelqu’un qui nous ressemble, qui a une vie plutôt banale, peut finir par se retrouver à faire des choses complètement atroces et inexplicables. Il y a cette envie de comprendre l’autre. Plus qu’une fascination pour l’horreur ou pour le drame. C’est la psychologie humaine qui fascine. Et ensuite, de manière un peu plus légère, je pense qu’on a un peu tous une petite âme de flic en nous. C’est pour ça que j’adore les thrillers ou les séries policières. On aime bien se mettre à la place de l’enquêteur et essayer de trouver le méchant, le coupable. Et ça je ne trouve pas que ce soit malsain du tout.

Christophe Brachet – Sortilèges Productions – TF1 – LES GENS – RTBF (Télévision Belge)

Vous êtes entourée d’un très beau casting, mais l’intrigue de La Promesse fait que vous avez très peu de scènes avec Olivier Marchal puisque vos personnages évoluent dans deux temporalités distinctes. Ce n’était pas trop frustrant ?

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Si, bien sûr, c’était extrêmement frustrant. Mais j’étais tellement heureuse de rencontrer Olivier que j’étais quand même ravie au final. Après, ce qui est certain, c’est qu’on s’est rapidement dit qu’il fallait qu’on trouve un autre projet commun pour profiter un peu plus l’un de l’autre devant la caméra.

La Promesse est aussi l’une des premières séries de Laure de Butler en tant que réalisatrice. Comment s’est passé le travail avec cette jeune réalisatrice qui a déjà un vrai univers ?

Ça s’est très bien passé, Laure a beaucoup de talent. On a la même manière d’envisager le travail. De manière sérieuse, profonde, et poussée. On avait les mêmes envies, des sensibilités assez proches. Il y a eu une vraie entente, un vrai partage sur cette série. Après, bien sûr, tout n’était pas facile car il y a eu beaucoup de contraintes lors de la reprise, après l’interruption due au Covid. Mais on a eu la chance d’avoir une super équipe, que ce soit au niveau des techniciens, des acteurs, ou de la production. Et ça a contribué à plein de beaux moments qui ont fait que ces trois mois de tournage étaient, malgré les contraintes, un vrai bonheur.

Y a-t-il une scène, parmi les six épisodes de la série, que vous retenez particulièrement ?

L’une des scènes que je retiens le plus c’est la scène durant laquelle Sarah se rend sur la tombe de son père. Je n’étais pas encore complètement remise du deuil que je vivais moi-même à ce moment-là et je me suis beaucoup projetée. Je me suis retrouvée à ce moment-là dans des émotions très personnelles et très douloureuses.

Entre La Promesse, Insoupçonnable, et Kepler(s), vous avez enchaîné ces dernières années les rôles dans des polars assez sombres. Avez-vous dorénavant envie de revenir vers des rôles plus lumineux, à l’image de ce que vous avez pu faire sur Aïcha il y a une dizaine d’années ?

J’ai envie d’aller explorer des univers très différents donc, oui, j’adorerais jouer dans une super comédie. Mais je choisis vraiment mes rôles par rapport à ce que ça évoque chez moi. Et ces derniers temps, j’ai vécu des choses assez difficiles dans ma vie, donc j’avais peut-être besoin de ces rôles-là pour pouvoir faire sortir toutes les émotions que j’avais à l’intérieur et pour pouvoir régler toutes les choses que j’avais à régler. Qui n’étaient pas très solaires. Les rôles que je choisis et ce que je traverse dans ma vie personnelle sont très liés. Et c’est pour ça que je dis souvent que ce qui m’intéresse le plus ce n’est pas l’importance du rôle, c’est le rôle en lui-même. On m’a proposé durant cette période des premiers rôles qui ne faisaient rien résonner en moi. Et, au contraire, j’ai pu accepter des seconds rôles qui me parlaient, par rapport à mon histoire personnelle. Pour l’instant c’est comme ça que j’envisage mon travail de comédienne en tout cas.

Marie Etchegoyen – SORTILEGES PRODUCTIONS – TF1 – LES GENS – RTBF (Télévision Belge)

Et un rôle récurrent dans une série, sur plusieurs saisons, est-ce que ça pourrait vous intéresser ?

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Pour être honnête, je n’ai pas forcément envie de ça aujourd’hui. J’ai eu quelques propositions de rôles récurrents et je les ai refusées. Par peur de m’enfermer, en partie. J’ai eu la chance de participer à des projets qui marquent énormément et je sais que parfois c’est compliqué d’en sortir, de s’en détacher. Et puis, me dire que durant un an, deux ans, ou trois ans, je vais tourner la même chose, à moins que ce soit un projet extraordinaire, j’aurais un peu l’impression d’aller au bureau (rires). Si je fais ce métier-là, c’est parce que j’ai envie d’explorer des choses totalement différentes. Mais il ne faut jamais dire jamais. Tout dépend de la proposition, du rôle, ou du réalisateur. Pendant longtemps, je me suis arrêtée sur les rôles, mais je me rends de plus en plus compte à quel point la rencontre avec un réalisateur est importante.

Quels sont vos projets après La Promesse ?

On me verra prochainement sur France 2 dans Les Héritiers, un téléfilm de Jean-Marc Brondolo. Et j’ai tourné cet automne à Chypre un film indépendent pour le cinéma qui s’appelle Tel Aviv-Beyrouth. C’est le prochain long métrage de Michale Boganim, qui raconte une partie de la guerre entre le Liban et Israël. C’est un merveilleux projet que j’ai adoré tourner. La liberté qu’offrent cette réalisatrice et ce genre de films, ça m’a bouleversée. J’ai vraiment hâte de pouvoir tourner d’autres projets de ce style.

Et un retour vers la musique, est-ce que c’est prévu ? Que ce soit sur scène, comme avec Chicago en 2018, ou avec un album studio ?

J’adorerais. La musique me manque beaucoup. Le studio, ce n’est pas pour tout de suite, mais en tout cas je n’ai jamais réellement arrêté le travail de la musique. Je l’ai fait différemment, tout simplement. Seule, ou avec des gens avec lesquels j’avais vraiment envie d’essayer des choses. Mais c’est un long processus. J’ai mis du temps avant d’arriver à me recentrer par rapport à ça et à avoir des choses à dire. Ça se fait doucement. Et la scène, j’ai évidemment envie d’en refaire oui. J’ai adoré jouer dans Chicago. Mais c’était un spectacle tellement extraordinaire que ce n’est pas facile de trouver derrière un projet qui puisse m’aller et me correspondre autant. Mais j’en ai envie et je suis très ouverte à l’idée de l’envisager bientôt.

Propos recueillis le 5 janvier 2021 par téléphone.

La bande-annonce de La Promesse, qui continue ce soir à 21h05 sur TF1 :

 



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