Scandaleux, pop ou décalé : la reine d’Angleterre en 5 portraits décryptés


1. Le plus pop : Queen Elizabeth II of the United Kingdom (1985) d’Andy Warhol

Andy Warhol, Queen Elizabeth II

Andy Warhol, Queen Elizabeth II, 1985

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© The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. / Licensed by Adagp,Paris, 2022 / Photo © Christie’s Images / Bridgema…

Couronnée en 1953, Elizabeth II est arrivée sur le trône à l’ère du triomphe de la photographie, qui tout au long de son règne allait coiffer au poteau les traditionnels portraits officiels à l’huile. Scrutée par la presse du monde entier, des titres les plus prestigieux aux tabloïds les plus redoutés, Sa Majesté devait forcément inspirer le pape du pop art Andy Warhol (1928–1987) qui, fasciné par les médias de masse et la société de consommation, s’intéressait aux sujets dont l’image était allègrement reproduite, jusqu’à ne plus leur appartenir. En 1985, l’artiste américain consacre à la reine plusieurs sérigraphies aux couleurs vives typiques de son style, incluses dans la série des Reigning Queens réalisée d’après des photographies officielles des quatre reines alors encore en exercice dans le monde. Mal reçus lors de leur exposition à New York cette année-là, ces portraits graphiques et vitaminés (les seuls de la reine ne résultant pas d’une commande et pour lesquels elle n’a pas posé) finissent tout de même par séduire la famille royale, qui en achète quatre éditions en 2012 !

2. Le plus décalé: The Queen visiting the Livery Hall of the Drapers’ Livery Company for their 650th Anniversary (2014) de Martin Parr

Martin Parr, La Reine Elizabeth II

Martin Parr, La Reine Elizabeth II, 2014

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© Martin Parr / Magnum Photos

Photographier la reine de dos ? Quelle drôle d’idée, peu en accord avec le protocole royal ! Génialement décalé comme à son habitude, le photographe Martin Parr (né en 1952), spécialiste des situations incongrues et pleines d’humour nous offre ici un point-de-vue original et fascinant, à l’occasion d’une résidence à Guildhall. Nous voici en immersion avec la reine dans l’un de ses déplacements, confrontée à une foule de fans brandissant leur smartphone pour l’immortaliser lors d’un très bref instant ! De dos au premier plan, Elizabeth II apparaît très élégante et très graphique avec son grand chapeau, comme toujours assorti à sa tenue colorée – ici d’un bleu ciel qui tranche merveilleusement avec le noir de la berline dans laquelle elle s’apprête à monter.

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3. Le plus scandaleux : Queen Elizabeth II (2001) de Lucian Freud

David Dawson figeant l’instant : Lucian Freud peignant la Reine Elizabeth en 2001 et « Queen Elizabeth II » de Lucian Freud

David Dawson figeant l’instant : Lucian Freud peignant la Reine Elizabeth en 2001 et « Queen Elizabeth II » de Lucian Freud, 2001

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© David Dawson. All rights reserved 2022 / Bridgeman Images ; © The Lucian Freud Archive. All Rights Reserved 2022 / Bridgeman Images

C’est le plus inattendu des portraits pour lesquels la reine a posé. Quelle ne fut pas la stupeur du public en découvrant cette représentation torturée et peu flatteuse du visage de la reine saisie en gros plan, à l’huile en quelques coups de pinceaux épais ! Renfrogné, comme blasé par le poids du pouvoir symbolisé par la lourde couronne, pétri de rides et de plis boudinés aux tons bruns et verdâtres, ce visage peint ne fait aucun cadeau à son modèle, pourtant amène et élégant malgré une certaine raideur incombant à son rang. Prête à se faire malmener, la reine a fait preuve d’audace et d’humilité en commandant, à l’occasion de son jubilé d’or, cette toile au peintre Lucian Freud (considéré comme l’un des plus grands peintres figuratifs contemporains mais connu pour son réalisme sans complaisance) qui y vint à bout au terme de cinq séances de pose. Dès sa création en 2001, le tableau fait polémique : furieux, les anglo-saxons lui reprochent son intransigeance et son inesthétisme, qu’ils perçoivent comme un manque de respect vis-à-vis de leur reine adorée !

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4. Le plus « shocking » : Queen on the loo (2003) de Alison Jackson

Alison Jackson, Queen on the loo

Alison Jackson, Queen on the loo

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Véritable crime de lèse-majesté, cette photographie à la fois très amusante et terriblement scandaleuse fait totalement illusion : on jurerait qu’il s’agit de la reine, sa culotte blanche baissée sous ses genoux au premier plan et un rouleau de papier toilette à portée de main, en pleine lecture d’un magazine sur le trône – mais pas celui qu’on attendait ! En réalité, la photographe britannique Alison Jackson (née en 1960), as de l’humour british, a évidemment eu recours à un sosie (une pratique qui traverse toute son œuvre depuis 1997, de Marilyn Monroe à Donald Trump en passant par Lady Di) pour sa série consacrée à la reine, qui la montre comme saisie à la sauvette dans diverses situations intimes et quotidiennes, en train d’ajuster ses bas, jouant avec ses chiens à quatre pattes ou changeant la couche de son arrière-petit-fils George ! Des images finalement touchantes qui rappellent que la reine était aussi, à certains moments, une femme comme les autres.

5. Le plus élégant : Sa Majesté la reine Elizabeth II (1968) de Cecil Beaton

Cecil Beaton, Sa Majesté la reine Elizabeth II

Cecil Beaton, Sa Majesté la reine Elizabeth II, 1968

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© Cecil Beaton/CAMERAPRESS/GAMMA RAPHO

C’est un cliché plein de grâce que nous livre ici le photographe de mode et portraitiste britannique Cecil Beaton (1904–1980). À l’élégance intemporelle du noir et blanc s’ajoute celle de la reine elle-même, alors âgée de 42 ans, la tête penchée sur le côté et le regard perdu au loin, émergeant d’une longue cape noire qui se détache sur un fond clair, une perle luisant à son oreille. Si son visage apparaît délicatement éclairé par la gauche comme sur une peinture flamande, l’image dans son ensemble est empreinte d’une élégance toute moderne. Exposée à la National Portrait Gallery en 1968, c’est cette photographie que Time et Libération ont choisi pour leur une en hommage à la défunte reine, qui semble ainsi porter son propre deuil…

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