Que vaut « Maria rêve », le film avec Karin Viard qui se passe aux Beaux-Arts de Paris ?


En salles le 28 septembre prochain, Maria rêve fait le portrait de Maria (Karin Viard), femme de ménage embauchée à l’École des beaux-arts de Paris après le décès de la vieille dame qui l’employait à plein temps. Naïve, douce, elle arrive dans l’école sans rien savoir de l’art, et incarne un regard vierge sur la création contemporaine. Ou, plus exactement, sur ses plus jeunes représentants, qui explorent, tâtonnent, réalisent leurs premières œuvres avec un entrain tout-terrain. Ici, pas de peinture ou de sculpture au sens classique du terme, mais une myriade d’installations réalisées à partir d’objets communs. Première gaffe, donc (on la sentait venir), et premier gag : Maria jette sans faire exprès une œuvre à la poubelle (!), un morceau de beurre en train de fondre… dans lequel elle n’a pas su lire la réflexion sur le pourrissement et le temps qui passe.

Karin Viard dans « Maria Rêve »

Karin Viard dans « Maria Rêve »

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© Julien Pani, UGC Distribution

Réalisé et écrit par Lauriane Escaffre et Yvo Muller, le film moque ainsi (très) gentiment l’art actuel, sans toutefois en pointer avec cynisme les aberrations comme ont pu le faire des long-métrages plus noirs comme The Square ou Velvet Buzzsaw. À dire vrai, Maria tombe même rapidement sous le charme de ces étudiants fougueux qui « créent des formes » à partir de rien. Et un peu, aussi, sous celui du gardien de l’école (Grégory Gadebois), quasiment né entre ces murs historiques et qu’elle aperçoit entre deux portes danser dans son bureau. Ensemble, ils se retrouvent à aider une élève (Noée Abita, toujours attachante depuis son rôle-titre dans Ava), qui prépare une installation à base de céramiques en forme de vulve, d’une robe de mariée suspendue et de liquide rouge sang sur le sol… Liquide poisseux dans lequel Maria coince son balai, collé au sol, et se retrouve à jouer les performeuses sous le regard circonspect d’un prof sceptique.

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Karin Viard dans « Maria Rêve », tourné aux Beaux-Arts de Paris

Karin Viard dans « Maria Rêve », tourné aux Beaux-Arts de Paris

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© 2022 ADNP – TF1 STUDIO – FRANCE 3 CINEMA

Du beurre devenu œuvre à la performance improvisée, les gags sur l’art peuvent donc sembler un peu attendus ; et si le film n’éclaire pas vraiment le fonctionnement réel de l’École des beaux-arts, ni du monde de l’art lui-même (mais est-ce seulement son but ?), reste que les deux réalisateurs savent communiquer la tendresse qu’ils ont pour la jeune création, au point qu’ils réussissent à en faire la source d’un changement. Confrontée à l’art et à sa liberté, Maria ira jusqu’à poser nue, remettre en question « trente ans » de vie, reparler à sa fille… Cette exaltation de la sensualité, rythmée par un air de guitare comme une joyeuse ritournelle, lie l’art et l’amour avec une générosité  feel good de comédie romantique. Enfantins et rieurs, Karin Viard et Grégory Gadebois trouvent dans leurs rôles respectifs une grâce inouïe, et c’est en souriant tout le temps qu’on regarde ce film léger. En deux mots : à voir.

De Laurianne Escaffre et Yvo Muller

En salle le 28 septembre 2022, 1 h 33 min.





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