Pour la Conf’, « la rupture n’est pas assez marquée »


Alors que la crise sanitaire aurait pu constituer un électrochoc pour réorienter les politiques agricoles vers la relocalisation, la souveraineté alimentaire, la résilience au changement climatique, la Confédération paysanne estime que le plan de relance manque d’ambition, tant au niveau des moyens mis en œuvre que des objectifs affichés.

« 1 % du budget du plan de relance pour l’agriculture, ça nous semble vraiment insuffisant », a déploré Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération Paysanne, lors de la visioconférence organisée par le syndicat le 22 septembre.

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Pour la Conf’, la « rupture n’est pas assez marquée par rapport à une réorientation » des politiques publiques, qui devraient permettre, à la lueur de la crise, de s’inscrire davantage dans les enjeux de relocalisation, et de prendre en compte l’urgence écologique et climatique. Il manque, pour Nicolas Girod, un élément essentiel : la protection des paysans face aux dérives d’une économie ultralibérale, « préalable » indispensable avant de penser les transitions.

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Rééquilibrer les aides de la Pac

À défaut d’un plan de relance ambitieux, les transitions doivent aussi être accompagnées par la Pac, dont l’ambition environnementale doit être plus forte, estime la Confédération Paysanne. Le syndicat propose une majoration beaucoup plus importante sur les premiers hectares, une dégressivité et un plafonnement des aides (dégressivité à partir de 25 000 euros, et un plafond à 45 000 euros), une aide aux petites fermes aujourd’hui exclues de la Pac (5 000 euros par actif pour les deux premiers actifs). Le pendant serait « un second pilier fort, qui permettrait d’accompagner les transitions ».

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Dans ce cadre, l’ecoscheme doit contenir « des éléments contraignants », et il parait normal « que tout le monde ne le touche pas », estime le porte-parole de la Confédération paysanne. La HVE 2 ne doit pas en faire partie, ajoute-t-il, en réponse notamment à une proposition de l’AGPB : la HVE « n’est pas du tout un levier de transition, c’est une pastille verte que l’on va apposer sur certains produits, sans changement de pratique efficient, et qui va berner les citoyens, les consommateurs ».

Protéger les paysans

« Le constat de la relocalisation est possible uniquement si l’on protège l’activité agricole, si on installe de façon massive et si l’agriculture peut répondre aux enjeux contemporains, sociaux et environnementaux », explique de son côté Véronique Marchesseau, secrétaire générale. Pour protéger le paysan, plusieurs éléments sont indispensables, notamment le revenu décent, ce que les États généraux de l’alimentation n’ont pas réussi à mettre en place, souligne-t-elle, l’abandon des accords de libre-échange pour ne pas soumettre l’agriculture à une pression commerciale nocive y compris au sein même de l’Europe.

Cette première étape doit permettre d’installer massivement, car « l’humain est le meilleur atout pour la résilience de l’agriculture en cas d’aléas ». Dans ce cadre, une loi foncière apparaît indispensable, pour le syndicat. Enfin, l’agriculture doit aussi permettre de socialiser, de faire vivre les territoires ruraux. Un « mois de l’attractivité » et de l’installation est d’ailleurs décliné en septembre par les confédérations paysannes locales pour mettre en lumière sur le métier sur les territoires. Une action nationale se tiendra également le 25 septembre pour dénoncer un projet d’urbanisation, près de Montpellier.

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Mettre le paysan au cœur des transitions reste en effet le leitmotiv de la Conf’ qui, pour cette raison, ne signera pas le RIP pour les animaux. « On est plutôt dans cette mouvance du plein air, de la désindustrialisation du modèle agricole, mais le problème c’est que ce texte n’avance que sur des éléments techniques de bien-être animal et ne prend pas du tout en compte le paysan ni les enjeux économiques », dénonce Nicolas Girod. Il faut « sortir les paysans de la prison du libéralisme dans lequel on les a enfermés, avant de penser à sortir les poules des cages, et cela nécessite de réelles politiques d’accompagnement », ajoute-t-il.



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