Mathias Vicherat prend la tête de Sciences Po


Cet énarque a été ancien «dircab» de Bertrand Delanoë puis d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris, avant de rejoindre la SNCF et Danone.

Le bout du tunnel? Dix mois après l’affaire Duhamel, qui a précipité Sciences Po dans une crise de gouvernance, privant l’institution de ses deux têtes (le constitutionnaliste Olivier Duhamel, qui présidait la FNSP, fondation de droit privé de Sciences Po, et Frédéric Mion, le directeur de l’IEP), l’école parisienne a enfin trouvé un nouveau directeur.

Après avoir été choisi mardi par le conseil de l’Institut, Mathias Vicherat, 43 ans, énarque et camarade de promotion d’Emmanuel Macron, ancien «dircab» de Bertrand Delanoë puis d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris, passé par la SNCF et Danone, a été adoubé jeudi par le conseil de la FNSP.

«Nous espérons que le calme va revenir», soupire un enseignant historique de Sciences Po. L’onde de choc du scandale Duhamel, accusé d’inceste, la dénonciation de violences sexuelles et sexistes dans les IEP, via le hashtag #sciencesporcs sur les réseaux sociaux, le «wokisme», très en vogue rue Saint-Guillaume et sur son campus à Reims, l’abandon cette année du concours d’entrée qui a laissé la place à une sélection sur dossier… Et cette interminable procédure de désignation des deux nouveaux pilotes de l’institution, dont plusieurs candidats parmi les 22 éconduits dénoncent les défauts, voire l’invalidité. «Il y a une sorte d’épuisement», confie ce même enseignant, qui explique «avoir vu venir depuis un moment» la nomination de Mathias Vicherat. «En raison, d’abord, de sa proximité avec Macron, mais aussi parce qu’au fil de la procédure, on a fait le ménage pour lui laisser la place. Les ‘‘poids lourds’’ ont progressivement été éliminés», ajoute-t-il, citant Anne-Sophie Barthez, actuelle directrice de l’enseignement supérieur, Édouard Geffray, numéro 2 à l’Éducation nationale ou encore le politologue Dominique Reynié.

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«Un énarque pour succéder à un énarque, qui succédait à un énarque… Question: pourquoi avoir jugé nécessaire de supprimer l’ENA?», ironise Jean-Philippe Denis, professeur à Paris-Saclay, qui fut parmi les 23 candidats. «Descoings et Mion étaient conseillers d’État. Vicherat a rejoint la préfectorale. Voilà le degré d’ouverture dont les grands corps étaient capables», résume-t-il.

Choix très tendance

Si de nombreuses voix s’élèvent aujourd’hui pour dénoncer une désignation écrite de longue date, dans les hautes sphères, Raphaël Zaouati, 20 ans, vice-président étudiant du conseil de l’IEP – qui a participé à l’ensemble de la procédure en tant que membre de la commission de proposition -, exprime «le soulagement pour tout le monde».

«On va enfin pouvoir parler des sujets qui intéressent vraiment les étudiants», explique le président de l’organisation Nova à Sciences Po, qui a fait «le pari» Vicherat. Il était pour lui «celui, parmi les trois candidats, dont le projet était le plus équilibré et le plus en accord avec nos valeurs», poursuit-il, en citant l’égalité des chances, la lutte contre les violences sexistes, l’écologie.

«Il a l’expérience de la gestion de crise à la SNCF et à la mairie de Paris au moment des attentats. Il a des compétences managériales. Son profil public-privé correspond à la typologie des enseignants et des étudiants de Sciences Po», ajoute-t-il. Avant d’évoquer cependant des réserves sur sa connaissance de l’enseignement supérieur: «Il devra bien s’entourer.» Plus grinçant, un enseignant de l’école évoque un choix «très tendance» et remarque que Mathias Vicherat est resté seulement deux ans à la SNCF, puis chez Danone.

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