Marchés des grains – Repli prudent des céréales, dans l’espoir d’un maintien du corridor ukrainien


Les cours mondiaux des céréales observent un repli mesuré mais constant depuis une semaine, les marchés semblant confiants quant à la poursuite des exportations maritimes ukrainiennes, à dix jours de l’expiration d’un accord céréalier vital dans un contexte de tension alimentaire.

Mercredi, les cours variaient peu en séance, dans l’attente de la publication dans la soirée du rapport mensuel du ministère américain de l’Agriculture (USDA), qui pourrait revoir à la hausse la production de blé russe et à la baisse celle des céréales de l’hémisphère sud, notamment l’Argentine, après des semaines sans pluie.

Sur Euronext, après la poussée à plus de 357 euros la tonne de blé tendre le 1 er novembre, les cours sont redescendus autour de 331 euros la tonne mercredi, en recul de près de 8 % sur une semaine. Le maïs s’échangeait à 326 euros la tonne, en repli de 5 % sur une semaine.

Les tendances restaient aussi baissières à la Bourse de Chicago, où le blé se vendait à 8,248 dollars le boisseau mercredi en pré-ouverture, et le maïs à 6,660 dollars.

« La frayeur de la semaine dernière, quand Vladimir Poutine avait dénoncé l’accord sur les exportations ukrainiennes, est passée et les opérateurs parient sur le maintien du corridor », a déclaré à l’AFP Damien Vercambre, courtier chez Inter-Courtage.

« On a aujourd’hui 80 bateaux en attente d’inspection dans le Bosphore, pour aller charger des grains ukrainiens : en dépit de l’attente et des risques, les opérateurs continuent d’envoyer des navires », a-t-il relevé.

Après une brève interruption, les exportations de céréales à partir de ports ukrainiens ont repris jeudi, après le retour de la Russie dans l’accord signé fin juillet avec Kiev à Istanbul, sous l’égide de la Turquie et de l’ONU.

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Compétitivité du blé russe

Cet accord, qui arrive à échéance le 19 novembre, a permis d’exporter 10,11 millions de tonnes de produits agricoles depuis le 1er août, selon le dernier décompte du Joint Coordination Center (JCC) chargé de l’inspection des navires.

« Les discussions se poursuivent avec toutes les parties », a-t-on indiqué au JCC mercredi. L’ONU a fait état ces derniers jours de « progrès » dans les négociations.

Moscou se plaint en particulier d’entraves pour les engrais, dont il est le premier exportateur mondial, bien que les fertilisants ne soient en principe pas concernés par les sanctions imposées par les pays occidentaux.

Fin septembre, Vladimir Poutine avait affirmé que 300 000 tonnes d’engrais russes étaient bloquées dans les ports européens, notamment pour des problèmes liés aux certificats d’assurance pour les bateaux russes.

Selon plusieurs observateurs du marché, les Ukrainiens auraient de leur côté demandé à élargir l’accord, qui concerne aujourd’hui trois ports – Odessa, Tchornomorsk et Pivdenniï – à celui de Mykolaïev. Ce grand port fluvial du sud est certes proche de la zone de combats, mais l’armée russe recule sur ce front, avec ce mercredi l’annonce d’un retrait des forces de la rive droite du Dniepr, dans la région de Kherson.

En attendant, sur les marchés mondiaux, le blé russe affiche une compétitivité sans égal. « Ce matin, il était autour de 300 dollars la tonne, contre 340 pour le blé français et 375 pour l’américain », a indiqué Damien Vercambre.

Pour Gautier Le Molgat, analyste chez Agritel, le blé russe, arrivé en énorme quantité sur le marché, bénéficie de la remontée de l’euro face au dollar qui pénalise les exportations européennes.

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Le corridor reste donc vital essentiellement pour Kiev, même si les producteurs ukrainiens ne s’y retrouvent toujours pas : quand les agriculteurs européens tirent 300 euros de la vente d’une tonne de blé, les Ukrainiens n’en obtiennent que 150 euros, du fait de coûts logistiques considérables, a indiqué Claude Tabel, président de l’Union des semenciers français, lors d’un point presse.

Pour pallier les difficultés de trésorerie des agriculteurs ukrainiens, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a annoncé vendredi le renforcement de ses actions en Ukraine, avec des aides notamment pour l’achat d’engrais, de semences ou d’aliments pour bétail.





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