
ENQUÊTE – Salaires plus élevés, allocations familiales généreuses… Le Luxembourg aspire les compétences et les contributions sociales de 112 000 travailleurs frontaliers résidant dans le Grand Est. Sans donner de compensation fiscale aux communes françaises, pénalisées par ce qu’elles qualifient d’«un pillage».
Peggy Levaux, 42 ans, est venue grossir les rangs des 112 000 résidents français franchissant chaque jour la frontière pour travailler côté luxembourgeois. Ici on dit plus communément «bosser au Lux». En août dernier, cette orthophoniste a fermé définitivement son cabinet de Guénange, en Moselle, pour entamer une nouvelle vie professionnelle dans l’immobilier, cinquante kilomètres plus au nord.
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Elle est désormais salariée de l’agence fondée avec son conjoint et quatre associés à Luxembourg ville, sur le plateau de Kirchberg où sont installées les institutions européennes. Dans cette métropole, les biens affichent un prix de vente moyen de 1 million et demi d’euros. «Après dix-huit ans de carrière, je touchais 2 200 euros nets mensuels et devais augmenter sans cesse mon volume horaire pour conserver le même niveau de rémunération. La crise sanitaire n’a pas arrangé les choses», explique cette professionnelle.
L’attrait des salaires, mais aussi des pensions de retraite et des allocations familiales,