« L’Origine du monde » de Courbet, œuvre de tous les fantasmes



La pose n’a rien perdu de son audace… Avant L’Origine du monde (1866), nul n’avait osé figurer un sexe féminin avec une telle franchise, sans artifice. Un corps de femme tronqué par le cadre, les cuisses écartées sur un pubis brun, et puis un sein, dépassant tout juste d’un drap blanc. Pas de visage, ni de bras, ni même de jambes – juste un éclat de chair. Et quelle virtuosité ! Dans ce tableau de taille modeste (46 × 55 centimètres), Gustave Courbet (1819–1877) fait montre de son grand talent, aussi bien dans la représentation de l’anatomie féminine et de la carnation pâle avec ses nuances bleutées que dans la composition, économe mais captivante.

Ce qu’il faut savoir

L’Origine du monde est accompagnée depuis toujours de récits et de légendes. Le petit tableau, qui pourrait s’inspirer de clichés pornographiques d’Auguste Belloc, fut commandé par le sulfureux collectionneur turco-égyptien Khalil Bey qui l’exposait derrière un rideau vert. Passé entre les mains d’un baron hongrois, il est ensuite acquis par le psychanalyste Jacques Lacan qui le dissimulait, quant à lui, derrière un paysage à double lecture peint par le surréaliste André Masson. Autrement dit, il s’agit d’un tableau dont on a, tout au long du XIXe puis du XXe siècle, bien souvent parlé sans l’avoir vu – mais fantasmé. L’identité du modèle agite elle aussi depuis toujours les esprits, des plus sérieux historiens aux cancans de bas étage. En 2018, Claude Schopp révèle enfin, dans un ouvrage qui fait grand bruit, le nom de Constance Quéniaux, danseuse et maîtresse de Khalil Bey.

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Où la voir ?

Au musée d’Orsay à Paris, dont elle est, depuis 1995, le joyau le plus ambigu. De Courbet, on verra également les immenses Un enterrement à Ornans (1849–1850) et L’Atelier du peintre (1855), ainsi que de nombreuses scènes de chasse et quelques nus remarquables, dont La source (1868).

Gustave Courbet

1866

Huile sur toile

46 x 55 cm

Coll. musée d’Orsay, Paris

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