Les plus beaux ateliers d’artistes à visiter à Paris


1. L’atelier habité de la sculptrice Chana Orloff

Un jour de 1945, Chana Orloff (1888–1968) revient à Paris après quatre années d’exil en Suisse. Elle a réussi à échapper – de peu – à la rafle du Vél’ d’Hiv’ en filant en Suisse… Mais pas à la haine. Car lorsqu’elle retrouve enfin sa maison-atelier de la Villa Seurat dans le 14ème arrondissement de Paris, tout est saccagé, profané : meubles, sculptures et portes sont en miettes. Aujourd’hui, l’ensemble a retrouvé son atmosphère accueillante, sa lumière. Un écrin de choix, signé par l’architecte Auguste Perret en 1926, composé d’un atelier sur rue (où Chana Orloff présentait ses sculptures, majoritairement des portraits), d’un espace de travail, d’une mezzanine (pour avoir toute une variété de points de vue sur ses œuvres) et d’un appartement privé à l’étage. Depuis le mois de janvier 2019, la maison-atelier est ouverte aux visiteurs – ceux-ci doivent s’inscrire préalablement et bénéficient d’un guide. L’atmosphère de travail a été soigneusement conservée : tables encombrées de bustes, bibliothèques chargées de portraits sculptés, et, aux murs, portraits dessinés, peints ou photographiés de Chana Orloff. La visite de son atelier rend hommage à sa vivacité, sa sympathie, sa force : de quoi nous rendre amoureux ! M.C.L

Atelier de travail de Chana Orloff vu depuis la galerie

Atelier de travail de Chana Orloff vu depuis la galerie

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© Stéphane Brioland / Courtesy Atelier Chana Orloff / © Adagp, Paris 2019.

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Villa Seurat – Atelier Chana Orloff

2. Delacroix intime dans son appartement-atelier

En plein cœur de Saint-Germain-des-Prés, niché dans un coin de la charmante et paisible place de Fürstenberg, se cache l’appartement qu’Eugène Delacroix choisit de louer à la fin de sa vie, notamment en raison de sa proximité avec l’église Saint-Sulpice, où œuvrait alors l’artiste. Si c’est au Louvre (auquel le musée est rattaché depuis quarante ans) qu’il faut se rendre pour admirer les grands chefs-d’œuvre du maître, dès l’entrée, les portraits de ses amis et de sa fidèle servante Jenny Le Guillou accrochés au mur donnent le ton : le peintre se raconte ici en toute intimité. Vous trouverez en effet dans l’appartement-atelier des pièces plus personnelles et émouvantes, comme son chevalet et sa palette, des objets rapportés du Maroc, des études ou un autoportrait de jeunesse. Invisible depuis la rue, c’est aussi un jardin de 500 m2, rénové en 2012, qui se découvre au fil de la visite, donnant sur l’élégante façade de l’atelier et offrant une délicieuse atmosphère champêtre en plein Paris. H.G.

Musée national Delacroix, Paris

Musée national Delacroix, Paris

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© Musée du Louvre, Paris / Antoine Mongodin

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Musée national Eugène Delacroix – Paris

Ouvert du mercredi au lundi, de 9h30 à 11h30 et de 13h à 17h30

3. Voyage dans le temps au musée Gustave Moreau

Le peintre, mort il y a plus d’un siècle, pourrait bien surgir de la tombe et sonner à sa propre porte qu’il ne remarquerait rien d’anormal. Car rien n’a changé dans cette maison-musée au charme 100 % Belle Époque et dans son atelier au majestueux escalier en spirale. La demeure du père fondateur du symbolisme, mouvement né du refus du rationalisme galopant de la fin de XIXe siècle, cette maison, donc, est la seule à Paris à avoir été transformée en musée par l’artiste qui y vivait. Outre ses pièces de vie au décor éclectique et foisonnant, cette bulle hors du temps présente sur quatre niveaux plus de 25 000 pièces, dont 15 000 de Gustave Moreau, accumulées du sol au plafond. Un lieu spectaculaire. D.B.

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Musée Gustave Moreau, Paris

Musée Gustave Moreau, Paris

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© Photo RMN – Grand Palais / Franck Raux

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Musée Gustave Moreau

4. Au cœur de l’agitation, le rêve d’épure et de clarté de Brâncuși

Ne vous fiez pas à son apparence de bunker abandonné squatté par les pigeons du quartier, le bloc de béton gris sur la piazza du Centre Pompidou renferme des trésors de la sculpture moderne. Les ateliers parisiens de Constantin Brâncuși (1876–1957) y ont été reconstitués à l’identique selon son propre vœu, dévoilant à la fois des œuvres et leurs outils de création. L’occasion rêvée d’approcher au plus près du processus créatif de cet artiste précurseur qui inspira les surréalistes et le minimalisme. Et planer avec son Oiseau dans l’espace, forme oblongue d’une poésie infinie, ou succomber aux charmes de sa Muse endormie, ovale parfait d’un visage réduit à de simples lignes. Seul hic : la mise à distance imposée par les énormes vitrines de verre qu’il serait temps de repenser… D.B.

Atelier Brancusi, Paris

Atelier Brancusi, Paris

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© Georges Meguerditchian – Centre Pompidou, MNAM-CCI / Dist. RMN-GP / RMN-Grand Palais / © Succession Brancusi – All rights reserved (Adagp)

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L’Atelier Brancusi – Paris

Gratuit • Ouvert tous les jours, sauf mardi, de 14 h à 18 h

5. Le charme de la vie romantique chez Ary Scheffer

Surtout connu pour ses expositions et son agréable salon de thé en plein air, le musée de la Vie romantique, lové au fond d’une allée du quartier de la Nouvelle Athènes, est en réalité installé dans la maison d’un peintre célèbre en son temps : Ary Scheffer. Ce digne représentant de l’école romantique y recevait le Tout-Paris artistique du XIXe siècle : Eugène Delacroix, Théodore Géricault, Gioachino Rossini, Franz Liszt, Frédéric Chopin et George Sand comptaient parmi les habitués. Ce sont aujourd’hui les souvenirs personnels de cette dernière (on trouve notamment le moulage de son bras !) qui y sont exposés, aux côtés des œuvres d’Ary Scheffer et de pièces évoquant le souvenir d’Ernest Renan, qui épousa la nièce du peintre, le tout dans une scénographie signée Jacques Garcia restituant l’atmosphère de l’époque romantique. H.G.

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Musée de la vie romantique, Paris

Musée de la vie romantique, Paris

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© D. Messina / Paris Musées / Ville de Paris

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Musée de la Vie romantique

Gratuit • Ouvert tous les jours, sauf lundi, de 10 h à 18 h

6. Puissance et méditation au musée Bourdelle

Quand Antoine Bourdelle y installe son atelier en 1885, Montparnasse n’est pas le quartier artistique bouillonnant qu’il sera quelques décennies plus tard, et c’est un cadre propre à la méditation et à la création qu’il vient chercher. Et que retrouve le visiteur en déambulant dans le grand atelier au parquet usé, envahi de sculptures, de moulages d’antiques ou même d’une armure de samouraï, puis dans le jardin parsemé d’œuvres. Conformément au vœu de l’artiste, le lieu s’offre intact dans ce musée intime, qui présente également des allures de sanctuaire dans les espaces plus modernes, ajoutés en 1961 et 1992 pour accueillir les œuvres monumentales. Avec ses quelque 3 000 sculptures et ses milliers de dessins et photographies, c’est une plongée passionnante dans une vie marquée par les recherches stylistiques et plastiques. H.G.

Atelier de sculpture d’Antoine Bourdelle, Musée Bourdelle, Paris

Atelier de sculpture d’Antoine Bourdelle, Musée Bourdelle, Paris

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7. Un ticket pour la vie de bohème, chez Suzanne Valadon

Auguste Renoir, Émile Bernard ou Raoul Dufy vécurent ici, dans la maison du Bel Air perchée au milieu des vignes de la butte Montmartre. Mais c’est une femme qui est aujourd’hui particulièrement célébrée sur tout un étage de ce qui est devenu le musée de Montmartre. Suzanne Valadon, modèle à ses débuts pour Edgar Degas ou Henri de Toulouse-Lautrec – dont elle fut aussi la maîtresse – se fit ensuite connaître pour sa peinture. C’est à cette adresse qu’elle vécut et travailla au tout début du XXe siècle aux côtés de son fils, autre figure mythique du quartier, Maurice Utrillo. Cartes postales épinglées au mur, amas chaotiques de toiles, ours en peluche élimé et vieux poêle à bois… Rien n’a été négligé par le scénographe Hubert Le Gall pour ressusciter de façon saisissante l’esprit de bohème, dans une version certes un peu théâtrale mais qui s’accorde à l’atmosphère de la place du Tertre, non loin… En contrebas, un joli jardin reconstitué selon des dessins d’Auguste Renoir complète l’illusion. H.G.

Musée de Montmartre, Paris

Musée de Montmartre, Paris

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Musée de Montmartre

8. Un hôtel particulier pour découvrir Jean-Jacques Henner

Bien qu’il n’ait jamais vécu dans le musée qui porte son nom, avenue de Villiers, Jean-Jacques Henner était un familier de ce bel hôtel particulier où résidait le peintre académique et mondain Guillaume Dubufe. Le lieu majestueux et éclectique, agrémenté d’un somptueux jardin d’hiver, rénové il y a peu, est emblématique des demeures cossues édifiées à partir des années 1870 dans le nouveau quartier de la Plaine Monceau. Le velours des fauteuils, le bruissement du parquet et les pièces lambrissées, agrémentées d’une touche orientale, offrent un cadre idéal pour découvrir le parcours de Jean-Jacques Henner, de ses débuts alsaciens à sa consécration parisienne. À pas feutrés, on entre dans l’œuvre vaporeuse et délicate du peintre composée de portraits, de nus et de paysages idéalisés : Jean-Jacques Henner semble avoir trouvé dans ce musée, voulu par sa femme, le domicile parfait. H.G.

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L’atelier du premier étage du Musée national Jean-Jacques Henner, Paris

L’atelier du premier étage du Musée national Jean-Jacques Henner, Paris

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© Hartl-Meyer / Musée national Jean-Jacques Henner

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Musée national Jean-Jacques Henner

Ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 11 h à 18 h

9. L’atelier de Claude de Soria : le secret le mieux gardé de Montparnasse

Il faut d’abord passer une grande porte cochère, puis une autre, plus petite, qui mène à une cour toute tranquille. C’est là que se trouve, à l’écart du tumulte de Montparnasse, l’atelier caché de Claude de Soria. L’artiste a occupé les lieux de 1973 à sa mort en 2015, menant toutes sortes d’expérimentations autour du ciment, son matériau de prédilection. C’est la fille de Claude, Pascale Bernheim, qui a eu à cœur de sortir l’atelier de son sommeil. Après un méticuleux inventaire de l’œuvre de sa mère (soit plus de 2 000 sculptures et dessins), elle y accueille désormais les visiteurs sur rendez-vous. Dans cette grande pièce immaculée, traversée de larges baies vitrées, on se laisse happer par la lumière. Rien, ou presque, n’a bougé. Dans la grande bibliothèque sont nichées des œuvres qu’on jurerait tout juste posées là par l’artiste… Une expérience hors du temps ! I.B.

Atelier de Claude de Soria

Atelier de Claude de Soria

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Atelier de Claude de Soria

Ouvert sur réservation les vendredis, samedis et dimanches de 11h à 19h.

10. Le musée Zadkine : un atelier niché dans un îlot de verdure

Près du jardin du Luxembourg, au bout d’une ruelle, se cache le petit musée dédié à Ossip Zadkine. C’est en 1928, après que le poids de ses œuvres a failli faire effondrer son précédent logement, que le sculpteur d’origine russe emménage dans cet atelier situé tout près du quartier de Montparnasse, où s’installaient alors de nombreux artistes émigrés. Dans l’étroite maison, le visiteur entre rapidement dans l’intimité de l’œuvre, au point de sentir le coup de burin d’un artiste parmi les rares à pratiquer la taille directe et qui tenait à ce que malvoyants et non-voyants puissent toucher ses sculptures. Épris de son bout de jardin, le sculpteur d’avant-garde vécut là avec sa femme une quarantaine d’années, ne pouvant imaginer vivre ailleurs que dans ce rapport direct de l’art à la nature. H.G.

Torse de la Ville détruite d’Ossip Zadkine dans le jardin du musée Zadkine, Paris

Torse de la Ville détruite d’Ossip Zadkine dans le jardin du musée Zadkine, Paris, 1951 – 1963

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© Vincent Fauvel / Musée Zadkine / © ADAGP, Paris

Gratuit • Ouvert tous les jours, sauf lundi, de 10 h à 18 h



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