Les meilleurs livres d’histoire de l’art à avoir


1. Le plus accessible : Histoire de l’art d’Ernst Gombrich

E.H. Gombrich, Histoire de l’art

E.H. Gombrich, Histoire de l’art, 1950 – Réédition de 2006

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C’est un peu la Bible des étudiants en histoire de l’art ! Ernst Gombrich l’affirme d’ailleurs dès les premières lignes de sa préface : il a d’abord écrit cet ouvrage en pensant « à des lecteurs jeunes, à des adolescents qui viennent de découvrir le monde de l’art ». Édité pour la première fois en 1950, celui-ci retrace des millénaires de création, des « mystérieux débuts » des peuples préhistoriques au « triomphe du modernisme ». Un panorama extra-large donc, qui toutefois ne souffre pas d’un jargon prétentieux. Le style de Gombrich se veut avant tout accessible et son propos est éclairé par de nombreuses reproductions. Une entrée en matière indispensable !

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Histoire de l’art

Par E.H. Gombrich

2. Le plus passionnant : On n’y voit rien de Daniel Arasse

Daniel Arasse, On n’y voit rien

Daniel Arasse, On n’y voit rien, 2003

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Ce n’est ni un essai, ni une fiction : c’est du Daniel Arasse ! Avec On n’y voit rien, l’historien d’art spécialiste de la Renaissance et pionnier de la vulgarisation a révolutionné, on peut le dire, la manière de parler d’art au grand public. Ce petit ouvrage rassemble six textes portant sur six œuvres (de Tintoret, Titien, Brueghel ou encore Vélasquez) dans lesquels l’auteur essaime ses connaissances avec la verve d’un romancier, s’adressant tantôt à des interlocuteurs imaginaires, tantôt directement au lecteur… Et ce dans un style clair et saupoudré d’une bonne dose d’humour (comme lorsqu’il digresse sur le petit escargot perdu dans une Annonciation de Francesco del Cossa : « pour un peu, on verrait la piste que sa bave trace derrière lui »). Avec un sens aigu du rythme, il nous embarque dans une passionnante aventure du regard, que l’on dévore comme un polar !

3. Le plus didactique : Histoire de l’art pour tous de Nadeije Laneyrie-Dagen

Nadeije Laneyrie - Dagen, Histoire de l’art pour tous

Nadeije Laneyrie – Dagen, Histoire de l’art pour tous, 2011

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Peu de textes et beaucoup d’images : Histoire de l’art pour tous de Nadeije Laneyrie-Dagen brosse un large tableau de la création mondiale, des prémices de la civilisation urbaine à l’Europe d’après-guerre, proposant des focus thématiques, des points de définition, des cartes, des commentaires d’œuvre… Didactique (parfois même un peu scolaire) voilà un ouvrage très complet à mettre dans les mains de tous les débutants. Pour savourer l’art au jour le jour et à son rythme !

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Histoire de l’art pour tous

Par Nadeije Laneyrie-Dagen

4. Le plus mythique : Les Vies des artistes de Vasari

Giorgio Vasari, Vie des artistes

Giorgio Vasari, Vie des artistes, 1550 – Réédition de 2007

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Les cahiers rouges, Grasset

Peintre et architecte reconnu, ayant notamment travaillé au service des Médicis, Vasari est aussi l’auteur des Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, soit ni plus ni moins le premier livre d’histoire de l’art général. Vasari (le saviez-vous ?), fut d’ailleurs le premier à employer le terme de « rinascita » (Renaissance) ! Cimabue, Giotto, Botticelli, De Vinci, Titien, Michel-Ange… Rédigé en toscan au milieu du XVIe siècle, l’ouvrage rassemblait initialement quelque 200 biographies d’artistes de la fin du XIIIe siècle à la Renaissance, actifs pour la plupart dans la région de Florence. Mi-biographe, mi-chroniqueur, Vasari raconte de savoureuses anecdotes (parfois apocryphes) : du petit Cimabue qui, au lieu d’écouter ses professeurs à l’école passait son temps à dessiner sur ses livres « des hommes, des chevaux, des maisons et diverses autres fantaisies » ou encore que Botticelli « se plaisait à jouer des tours à ses élèves et à ses amis ». Aujourd’hui encore, les Vies de Vasari constitue le socle des connaissances de la Renaissance italienne. Fondamental !

5. Le plus abstrait : Du Spirituel dans l’art de Kandinsky

Vassily Kandinsky, Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier

Vassily Kandinsky, Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier, 1911 – Réédition de 1989

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Pionnier de l’art abstrait, Kandinsky écrit cet essai en 1910, sans savoir peut-être qu’il allait bouleverser le cours de l’art moderne. Dès l’introduction, l’artiste exhorte à aller de l’avant : « chaque époque d’une civilisation crée un art qui lui est propre et qu’on ne verra jamais renaître ». Pour le théoricien, l’art doit toucher le spectateur en son cœur, en son âme : il est donc « au service du spirituel ». Ceci posé, Kandinsky interroge longuement la langue des formes et des couleurs et défend un art abstrait seul à pouvoir matérialiser « cette relation spirituelle avec l’irrationnel et l’invisible ». Un grand classique, indispensable pour décrypter les bouleversements de l’art du début du XXe siècle.

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Du Spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier

Par Vassily Kandinsky

6. Le plus féministe : Pourquoi n’y a-t-il pas eu de grands artistes femmes ? de Linda Nochlin

Linda Nochlin, Pourquoi n’y a-t-il pas eu de grands artistes femmes ?

Linda Nochlin, Pourquoi n’y a-t-il pas eu de grands artistes femmes ?, 1971 – Réédition de 2021

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Dans cet essai fondateur, au titre faussement ingénu et provocateur, Linda Nochlin pose les bases d’une histoire de l’art féministe. Initialement paru dans la revue américaine Art News en 1971, son texte s’attache à déconstruire les préjugés, en remettant d’abord en question le mythe du « grand artiste ». Sa réflexion montre comment, finalement, les femmes ont réussi (à l’image de Rosa Bonheur, à qui elle consacre plusieurs pages), ce malgré leur invisibilisation au sein des institutions ainsi que dans les discours officiels et universitaires construits par des hommes blancs. Réévaluée par Nochlin puis retraduite, cette nouvelle édition est enrichie d’un essai intitulé « Trente ans plus tard » (rédigé en 2001), dans lequel l’historienne de l’art propose un nouvel état des lieux de la place des femmes dans le monde de l’art, à l’aune des théories queer et post-coloniales. Indispensable en cette période de prise de conscience inédite.

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Pourquoi n’y a-t-il pas eu de grands artistes femmes ?

Par Linda Nochlin

7. Le plus zen : Vide et plein de François Cheng

François Cheng, Vide et plein, le langage pictural chinois

François Cheng, Vide et plein, le langage pictural chinois, 1991

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Parce qu’elle « révèle le mystère de l’univers », la peinture domine, en Chine, tous les autres arts. Dans cet essai, la langue lumineuse de François Cheng envisage la peinture comme un langage. Le philosophe-poète livre une analyse fine du « Vide », concept au cœur de la pensée taoiste, avant de nous embarquer dans sa réflexion guidée par le trait du pinceau à la fois du calligraphe et du peintre. Idéal pour décentrer son regard… Et méditer sur sa propre relation à la peinture.

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Vide et plein, le langage pictural chinois

Par François Cheng

8. Le plus coloré : Le petit livre des couleurs de Michel Pastoureau avec Dominique Simonnet

Dominique Simonnet, Michel Pastoureau, Le petit livre des couleurs

Dominique Simonnet, Michel Pastoureau, Le petit livre des couleurs, 2005 – Réédition de 2014

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Michel Pastoureau est le grand spécialiste des couleurs. Auteur de nombreux ouvrages sur le sujet, il cosigne avec Dominique Simonnet ce Petit livre des couleurs, écrit comme une conversation. Chaque chapitre retrace ainsi l’histoire culturelle d’une teinte, de l’enjeu religieux du bleu à « l’instabilité » du vert en passant par les symboliques complexes du noir. Un exercice de concision passionnant qui nous apprend à voir.

9. Le plus romantique : les Écrits sur l’art de Charles Baudelaire

Charles Baudelaire, Écrits sur l’art

Charles Baudelaire, Écrits sur l’art, 1868 – Réédition de 1992

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Poète maudit, Baudelaire était aussi critique d’art ! L’auteur du Spleen de Paris fréquentait, et ce dès l’enfance aux côtés son père peintre, les Salons. Réunis et édités à titre posthume, ses Écrits sur l’art constituent une somme de réflexions immenses sur la création au XIXe siècle, qui mêlent non seulement des critiques mais aussi des essais théoriques, à l’image du Peintre de la vie moderne. Au fil des pages, le poète se fait tantôt grinçant (comme lorsqu’il digresse sur les suiveurs d’Ary Scheffer qu’il nomme « les singes du sentiments »), tantôt élégiaque et lyrique (comme lorsqu’il défend corps et âme Delacroix, « peintre-poète » dont « l’imagination, ardente comme les chapelles ardentes, brille de toutes les flammes et de toutes les pourpres »). Théoricien du romantisme, du beau et même du comique dans l’art, Baudelaire a fait entrer la critique d’art dans la modernité.

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Écrits sur l’art

Par Charles Baudelaire

10. Le plus moderne : L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique de Walter Benjamin

Walter Benjamin, L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique

Walter Benjamin, L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, 1936 – Réédition de 2011

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Philosophe, critique d’art et critique littéraire, Walter Benjamin rédige cet essai en 1935, bien que celui-ci ne sera finalement publié de façon posthume en 1955. C’est dans cet ouvrage qu’il définit le concept d’aura (« apparition unique d’un lointain, si proche soit-il ») qui occupera dès lors une place centrale dans l’histoire de l’art et la philosophie de l’esthétique. L’art étant par essence reproductible, Benjamin s’attache à analyser à grand renfort de métaphores poétiques les outils et les techniques de sa reproduction. Le philosophe explique ainsi comment, selon lui, l’avènement de la photographie et du cinéma bouleverse le statut de l’œuvre d’art et la prive de sa fameuse « aura ». Un texte certes court mais relativement complexe, qui a marqué un tournant dans la modernité.

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L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique

Par Walter Benjamin

11. Le plus savant : Essais d’iconologie d’Erwin Panofsky

Erwin Panofsky, Essais d’iconologie

Erwin Panofsky, Essais d’iconologie, 1935

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L’iconologie, quesaco ? C’est la science des images, celle qui en histoire de l’art, nous dit Erwin Panofsky, « se rapporte au sujet ou à la signification des œuvres d’art, par opposition à leur forme ». Dans ses Essais d’iconologie (tout juste réédités chez Gallimard), cet éminent historien de l’art pousse à son sommet cette délicate science de l’interprétation, déjà théorisée par ses maîtres, Ernst Cassirer et Aby Warburg. Pour ce faire, il s’appuie sur un important corpus d’œuvres du Moyen Âge à la Renaissance, de Rogier Van der Weyden à Botticelli en passant par quelques exemples puisés dans les manuscrits enluminés. Si le discours peut paraître intimidant, dès les premières pages le style à la fois limpide et explicite de son auteur met tout de suite à l’aise le lecteur. Passionnant !

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Essais d’iconologie

Par Erwin Panofsky

12. Le plus philosophe : La couleur éloquente de Jacqueline Lichtenstein

Jacqueline Lichtenstein, La couleur éloquente : rhétorique et peinture à l’âge classique

Jacqueline Lichtenstein, La couleur éloquente : rhétorique et peinture à l’âge classique, 1989 – Réédition de 2013

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Considérée par les platoniciens comme dangereuse – en raison de sa matérialité et de son aspect séducteur qui nous éloignerait du réel – la couleur a pendant longtemps été déconsidérée par la philosophie. Tout comme l’éloquence de l’orateur, qui est elle aussi vivement réprouvée par la pensée platonicienne, qui voyait en elle une occasion de berner ses interlocuteurs. Dans cet ouvrage prenant, la philosophe et historienne de l’art Jacqueline Lichtenstein opère ainsi des rapprochements inattendus entre l’art de la parole et celui de l’image. Une réflexion dense qui marie à merveille les histoires de l’art et des idées.

13. Le plus intime : La chambre claire de Roland Barthes

Roland Barthes, La chambre claire

Roland Barthes, La chambre claire, 1980

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Cahiers du cinéma, Gallimard, Seuil

« Un jour, il y a bien longtemps, je tombai sur une photographie du dernier frère de Napoléon, Jérôme. » Ainsi commence La Chambre claire, brillant essai de Roland Barthes consacré au médium photographique, écrit à la première personne. Rédigé deux ans après la disparition de sa mère et un an avant sa mort, ce texte est aujourd’hui considéré comme l’œuvre testamentaire du sémiologue. Barthes s’interroge ici sur la nature du médium mais aussi sur son rapport à celui-ci (« Qu’est-ce que mon corps sait de la photographie ? J’observai qu’une photo peut-être l’objet de trois pratiques (ou de trois émotions, ou de trois intentions) : faire, subir, regarder. ») Un texte à la fois savant et intime, qui forge le regard.

14. Le plus pragmatique : L’art comme expérience de John Dewey

John Dewey, L’art comme expérience

John Dewey, L’art comme expérience, 1934 – Réédition de 2010

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John Dewey, figure de la philosophie américaine qualifiée de « pragmatique », qui place au cœur de sa méthodologie l’enquête et l’analyse empirique, mène ici une réflexion (certes parfois un peu ardue) sur le rôle de l’art au sein des sociétés démocratiques. Pour Dewey, l’art ne saurait en effet être réduit à un objet matériel. Ainsi, au fil des pages, il opère un minutieux décloisonnement des catégories de l’existence. Selon lui, l’art n’est plus à séparer de l’expérience, il est au contraire pleinement intégré à la vie réelle. D’ailleurs, l’expérience ordinaire peut elle-même revêtir une dimension esthétique ! Elaborées au début des années 1930, les théories de Dewey trouveront un écho singulier dans l’art américain des années 1950, à commencer par l’expressionnisme abstrait.

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L’art comme expérience

Par John Dewey

15. Le plus vert : Un art écologique de Paul Ardenne

Paul Ardenne, Un art écologique, création plasticienne et anthropocène

Paul Ardenne, Un art écologique, création plasticienne et anthropocène, 2018

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Dans cet ouvrage, l’historien de l’art Paul Ardenne témoigne d’une « révolution des formes et de la pensée » qui s’opère depuis plusieurs décennies dans le champ de l’art contemporain. L’écologie étant devenue un enjeu majeur, y compris dans la création, l’auteur relate le combat d’artistes plasticiens engagés, qu’ils soient peintres, land artists, performeurs ou encore photographes. Éclairée par de nombreux exemples et richement illustrée, l’écriture limpide du philosophe nous donne les clés pour décoder l’art de demain. Car pour lui une chose est sûre : une nouvelle histoire de l’art est en train de s’écrire, celle de l’ « antropocènart » !

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Un art écologique, création plasticienne et anthropocène

Par Paul Ardenne

Visuel de Une : Giuseppe Arcimboldo • Le Bibliothécaire• 1566 • huile sur toile • 97 × 71 cm • © Château de Skokloster, Håbo, Suède

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