Van Gogh de Maurice Pialat (1991) : l’homme derrière le génie
C’est le plus surprenant des nombreux longs-métrages inspirés par la vie de Vincent Van Gogh. À l’opposé du lyrisme en Technicolor du biopic de Minnelli, Maurice Pialat livre un film d’une simplicité déconcertante sur les derniers jours de l’artiste à Auvers-sur-Oise. Une succession de fragments bruts et sans complaisance dévoilant (non sans humour) une réalité prosaïque : celle d’un homme amer – incarné avec brio par Jacques Dutronc, récompensé du César du meilleur acteur –, vu par son entourage comme un vulgaire peintre raté !
Film français de Maurice Pialat • 1991 • 2h35
Séraphine de Martin Provost (2008) : Yolande Moreau en peintre oubliée
L’artiste Séraphine Louis serait-elle sortie de l’oubli sans cet excellent film ? En 1913, le collectionneur allemand Wilhelm Uhde découvre d’étonnantes natures mortes sur bois – des compositions foisonnantes de fleurs et de fruits, comme nimbées d’une auréole sacrée – dont l’auteur s’avère être une modeste femme de ménage, qui n’a jamais quitté son village et peint en cachette sans se douter de son talent ! Porté par une Yolande Moreau plus vraie que nature, ce biopic touchant au style sobre et réaliste a récolté pas moins de 7 Césars amplement mérités.
Film français de Martin Provost • 2008 • 2h
National Gallery de Frederick Wiseman (2014) : magistrale fresque muséale
Après l’Opéra de Paris et l’université de Berkeley, le réalisateur Frederick Wiseman nous fait pénétrer dans les coulisses d’un mythique musée londonien : la National Gallery. Acclamé à sa sortie, ce film aborde l’institution comme un microcosme à explorer, offrant un voyage fascinant dans les multiples détails de sa vie quotidienne, de la restauration d’œuvres au cirage du parquet en passant par les visites guidées ou les discussions internes sur son fonctionnement… le tout sans ennuyer une seule seconde malgré sa durée de trois heures !
Film documentaire américain de Frederick Wiseman • 2014 • 3h
The Square de Ruben Östlund (2017) : le monde de l’art au vitriol
Le directeur d’un musée d’art contemporain fictif à Stockholm prépare une exposition censée inciter les visiteurs à l’altruisme, mais rien ne se déroule comme prévu… Palme d’Or du festival de Cannes 2017, ce film détonnant se révèle une brillante satire du monde de l’art contemporain et de notre société actuelle, avec ses emballements médiatiques, son hypocrisie, sa bien-pensance et sa lâcheté confinant parfois à l’absurde. Sa scène d’anthologie, où un artiste réalise une performance en imitant un singe pendant un dîner de gala devant des convives médusés, reste gravée dans les mémoires !
Film suédois de Ruben Östlund • 2017 • 2h22
La Jeune Fille à la perle de Peter Webber (2004) : le mystère Vermeer en fiction
C’est le film qui a révélé Scarlett Johansson. Dans cette adaptation du best-seller éponyme de Tracy Chevalier, qui imagine l’histoire cachée derrière La Jeune Fille à la perle (1665), célèbre toile de Johannes Vermeer, l’actrice y incarne une servante infiltrée dans la maison du maître néerlandais. D’une rare beauté, la musique, la photographie et les décors offrent une plongée inédite dans le quotidien secret de sa maison de Delft, en plein âge d’or hollandais. Interprété par Colin Firth, l’artiste y demeure mystérieux et inaccessible, laissant libre cours aux fantasmes…
e
La Jeune Fille à la perle
Film britannique de Peter Webber • 2004 • 1h35
Mr Turner de Mike Leigh (2014) : un portrait éblouissant
Primé à Cannes pour ce rôle, l’acteur Timothy Spall a pris deux ans de cours pour tenir le pinceau à la manière du peintre britannique William Turner, qu’il incarne avec panache en révélant un homme délicieusement bourru et ronchon, que ne laissent pas soupçonner ses tableaux lumineux. Le biopic brille tout autant par sa mise en scène et la photographie de Dick Pope, dont les paysages irisés filmés en lumière naturelle rendent un sublime hommage aux toiles du maître. Une pépite parfaitement british !
Film britannique de Mike Leigh • 2014 • 2h30
Faites le mur ! de Banksy (2010) : brillant documenteur ?
Son réalisateur n’est autre que le célèbre et mystérieux street-artiste britannique Banksy, dont le public ne connaît toujours pas la véritable identité ! Présenté comme un documentaire dans lequel il apparaît masqué, ce film est un condensé plein d’humour de sa vision ironique du milieu de l’art et de la commercialisation de la culture underground. Le pitch ? Un vidéaste amateur vivant à Los Angeles devient, en quelques semaines et après une simple suggestion de Banksy, un artiste de rue riche et célèbre. Mais Mr Brainwash (qui existe vraiment) apparaît bien farcesque. Et s’il n’était qu’un homme de paille, dirigé dans l’ombre par Banksy… voire Banksy lui-même, caché derrière un rôle permanent ? Le génie n’en serait pas à son premier guet-apens !
Exit through the gift shop – Faites le mur!
Film américano-britannique de Banksy • 2010 • 1h27
Le mystère de Picasso de Georges Clouzot (1956) : traits de génie
Avec ce film original, Henri-Georges Clouzot a remporté à l’unanimité le prix spécial du jury au festival de Cannes 1956. Ami et voisin de Pablo Picasso, le réalisateur filme en plan fixe et face-caméra l’artiste en train de dessiner sur du papier avec des feutres spéciaux permettant de voir, par transparence, le dessin en train de se faire. Sur l’écran, le trait glisse avec souplesse et assurance, accompagné par la musique de Georges Auric. Lorsque l’artiste se met à peindre à l’huile, le noir et blanc laisse place à la couleur, au fur et à mesure que l’œuvre se révèle image par image. Un spectacle hypnotique – et le premier témoignage filmé du travail de Picasso !
Le mystère de Picasso
Film documentaire français de Georges Clouzot • 1956 • 1h28
Frida Kahlo de Julie Taymor (2002) : le biopic aux 2 Oscars
Pour incarner la peintre surréaliste mexicaine Frida Kahlo, son idole et compatriote, la très glamour Salma Hayek s’est totalement immergée dans son personnage au point de se mettre, en dehors du plateau, à peindre comme elle tout en fumant des cigares cubains, vêtue de robes multicolores ! Le film, dont la belle mise en scène rend hommage à de nombreux tableaux de l’artiste, met en lumière son parcours aussi bien que sa vie romanesque et anticonformiste, de son accident à son engagement communiste en passant par sa bisexualité et sa relation tumultueuse avec le peintre Diego Rivera. Un biopic récompensé par 17 prix et 2 Oscars, dont un pour sa superbe bande-son originale.
Film américain de Julie Taymor • 2002 • 2h03
Visages, Villages d’Agnès Varda et JR (2017) : photo-trip
Devenus amis en 2015, le jeune street artiste JR et la pétillante cinéaste Agnès Varda, alors âgée de 89 ans, décident d’entamer ensemble un road-trip à travers les campagnes françaises à bord du camion photographique de JR, qui permet d’imprimer immédiatement et en très grand format. Se laissant porter par le hasard des rencontres, l’improbable duo se met à couvrir les lieux visités de photos géantes des personnes qui jalonnent leur chemin. Une ode espiègle et pleine de fraîcheur à l’ouverture aux autres et à la différence, récompensée par le prix de L’œil d’or au festival de Cannes !
Film documentaire français d’Agnès Varda et JR • 2017 • 1h34
Edvard Munch, la danse de la vie de Peter Watkins (1974) : au plus près de la création
Coproduit par les télévisions norvégienne et suédoise, ce biopic particulièrement subjectif du peintre expressionniste Edvard Munch cache une autobiographie en creux de son réalisateur, Peter Watkins. Tourné dans des tons proches de ceux des toiles de l’artiste, avec des acteurs non-professionnels (des habitants d’Oslo et de son fjord) et dans les lieux qu’il fréquentait, ce vibrant hommage brouille les frontières entre fiction et reportage, offrant une réflexion magistrale sur l’art et l’acte créateur.
Edvard Munch, la danse de la vie
Film britannique de Peter Watkins • 1974 • 2h54
Camille Claudel de Bruno Nuytten (1998) : Adjani habitée
Cet intense long-métrage récompensé par 5 Césars, dont ceux du meilleur film et de la meilleure actrice pour Isabelle Adjani, a grandement contribué à faire connaître Camille Claudel auprès du grand public. Le biopic, l’un des plus réussis du genre, brosse le portrait d’une sculptrice passionnée, injustement restée dans l’ombre d’Auguste Rodin (incarné par Gérard Depardieu) dont elle intègre l’atelier puis devient la maîtresse, entrant dans la valse d’une liaison destructrice qui la fera sombrer dans la folie…
Film français de Bruo Nuytten • 1988 • 1h55
Marina Abramović, the artist is present de Matthew Akers (2012) : rencontre au sommet
Couronné d’un Peabody et d’un Emmy Award, ce documentaire démontre la puissance des démarches de Marina Abramović, pionnière de la performance. L’artiste serbe aux airs de prêtresse s’y prépare pour une rétrospective majeure de son travail au MoMA de New York. Son climax ? Sa performance iconique au cours de laquelle elle reste pendant trois mois assise sur une chaise, 7h30 par jour, immobile et muette, à fixer droit dans les yeux les spectateurs invités à s’assoir face à elle pendant une minute, déclenchant ainsi des émotions étranges… en particulier lorsque surgit son ancien amant fusionnel, Ulay, qu’elle n’avait pas vu depuis 30 ans.
Marina Abramović, the artist is present
Film documentaire américain de Matthew Akers • 2012 • 1h46
Jean-Michel Basquiat, the radiant child de Tamra Davis (2010) : dans l’intimité du prince de Brooklyn
La réalisatrice Tamra David, qui travaillait dans une galerie d’art à Los Angeles dans les années 1980, dédie à son ami Jean-Michel Basquiat ce documentaire monté à partir de ses propres archives, dont de nombreux entretiens avec des personnalités du monde de l’art qui ont côtoyé l’artiste rock-star, mort d’une overdose à seulement 27 ans. Un bel hommage à ce fils d’immigrés haïtien et portoricain de Brooklyn, pionnier de l’art contemporain aux tableaux explosifs qui couvrait de graffitis les rues de Manhattan. L’enfant solaire qui a embrasé New York le temps de son passage-éclair…
Jean-Michel Basquiat, the radiant child
Film documentaire américain de Tamra Davis • 2010 • 1h33
La Passion Van Gogh de Dorota Kobiela et Hugh Welchman (2017) : un bijou d’animation
Prix du public au festival international d’Annecy, ce long-métrage d’animation narre une enquête imaginaire sur les circonstances troubles de la mort de Vincent Van Gogh. Basé sur 120 toiles de l’artiste patiemment copiées, modifiées, animées et liées entre elles par une équipe de 68 peintres au rythme de douze tableaux par seconde, ce film est le tout premier à avoir été entièrement peint à la main ! Dans toute leur épaisseur, les œuvres puissantes du maître ondulent et prennent vie sous nos yeux… Un tour de magie qui vous laissera la tête dans les étoiles.
La Passion Van Gogh
Film d’animation anglo-polonais de Dorota Kobiela et Hugh Welchman • 2017 • 1h34