Le téléphone dissone (fact-checking) – bitcoin.fr


L’émission Le Téléphone sonne du 17 août 2022 sur France Inter était consacrée aux cryptomonnaies. Quelques erreurs et approximations se sont glissées dans les affirmations de l’animatrice et d’un intervenant. Par sympathie pour le service public, je me permets de les corriger ici :

« Vous ne payez jamais vos impôts en bitcoin. »

Il est possible de payer ses impôts au Salvador [Source] et dans plusieurs villes Suisse (Lugano, Chiasso, Zoug et Zermatt) ainsi que dans le Canton de Zoug. [Source].

« Le bitcoin nécessite l’équivalent de la moitié de la consommation électrique française »

Selon l’indice de l’Université de Cambridge qui fait autorité, Bitcoin consommerait actuellement 89 Twh par an, contre 472 pour la France (soit environ 18,85% de la consommation française d’électricité). [Source]

« Il y a un magasin à Paris qui accepte les paiements en bitcoin. »

Nous avons répertorié un peu plus de 500 établissements qui acceptent le bitcoin en France, plusieurs à Paris. [Source]

« Au début de l’histoire [de Bitcoin] il y a quand même cet argent sale. »

Au début de l’histoire de Bitcoin il n’y avait pas de marché, pas d’usage et il était facile de se procurer gratuitement quelques bitcoins auprès d’autres utilisateurs qui en offraient [Source]. Ce n’est que deux ans après sa naissance que Bitcoin a commencé à être utilisé sur le darkweb [Source] et ce n’est pas à cet usage qu’il devait sa valorisation car son « prix » a battu un nouveau record fin 2013, juste après la fermeture du principal marché du darkweb. Aujourd’hui, par rapport au dollar ou à l’euro, en valeur absolue comme en valeur relative, le bitcoin est utilisé de façon assez anecdotique pour des transactions illicites. [Source]

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« Ces monnaies virtuelles qui ne sont pas des monnaies… »

L’expression « monnaies virtuelles » laisse croire que les monnaies officielles seraient « réelles ». Dans les faits, la plupart des euros détenus par des particuliers ou des entreprises n’ont aucune réalité, ce ne sont que des créances sur leur banque [Source]. Bitcoin, en tant que cash électronique, est donc une monnaie beaucoup plus réelle que la plupart des euros que nous pensons posséder. Par ailleurs, l’éternel débat « bitcoin est-il une monnaie » peut se trancher assez facilement : le bitcoin est une monnaie pour ceux qui s’en servent de monnaie, pour les autres c’est une devise étrangère [Source]. Il aurait été plus intéressant de se demander si des monnaies comme l’euro ou le dollar – qui ne peuvent pas s’échanger en ligne de pair à pair, qui ne sont pas programmables et dont l’émission est imprévisible – sont encore adaptées à notre époque.

« La bulle éclate »

Une bulle cesse d’exister sitôt qu’elle éclate. Bitcoin existe toujours. Le krach récent n’est que le dernier d’une longue série et pas le plus important : juillet 2010 (– 41%), décembre 2010 (– 51%), avril 2011(– 38%), novembre 2011 (– 93%), juillet 2013 (– 71%), janvier 2015 (– 85%), décembre 2018 (– 83%), juillet 2021 (– 54%), juin 2022 (– 74%). [Source]

« La régulation européenne qui se met en place va lever l’anonymat »

On ne régule que les passerelles vers l’euro, le réseau Bitcoin n’a, en lui-même, aucune connexion avec les monnaies fiduciaires [Source]. La régulation européenne concerne les plateformes d’échange centralisées, leurs utilisateurs et les entreprises du secteur, mais elle n’a pas de prise sur le protocole ni sur les échanges de pair à pair. C’est une auditrice qui résume le mieux la situation : « Réguler, mais réguler quoi ? Pour moi c’est du vent. » La comparaison est pertinente. Bitcoin, comme le vent, est une force qui échappe à la régulation.

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