Le modèle du salariat casse les codes


Dans un monde qui vit une profonde mutation avec l’apport des nouvelles technologies et devant la compétitivité mondiale, l’entreprise a dû revoir ses codes. Ainsi, le modèle du salariat établi comme un paradigme indétrônable a vécu. De nouvelles façons d’appréhender le travail en entreprise ont vu le jour, comme le télétravail par exemple. Les contours du salariat ont été redéfinis. Le code du travail a été modifié en profondeur (loi El Khomri), entraînant des répercussions sur la flexibilité accrue de l’entrepreneur et sur le statut des salariés. Quelles sont ces nouvelles pratiques managériales et comment influencent-elles les rapports entre dirigeants et salariés dans l’entreprise ?

Les contrats de travail en France

Selon l’Insee, les salariés représentent 88,3 % des personnes en emploi en France en 2018 dont 84,7 % sont en contrat à durée indéterminée (CDI) ou fonctionnaires, 10,5 % en contrat à durée déterminée (CDD), 3,0 % en intérim et 1,8 % en apprentissage. La part de l’emploi à durée indéterminée est quasi stable en 2018, après une érosion au cours de la dernière décennie (– 1,9 point entre 2007 et 2017).

Il est à noter que les femmes occupent plus souvent que les hommes des emplois en CDD (12,6 % contre 8,4 %), mais elles sont deux fois moins nombreuses à être intérimaires ou apprenties. Les salariés de moins de 25 ans sont plus fréquemment en emploi à durée limitée, qu’ils soient en CDD (29,2 %), en intérim (8,2 %) ou apprentis (17,6 %). À ces âges-là, les jeunes présents sur le marché du travail sont souvent peu diplômés ou suivent un cursus professionnel.

En 2018, 11,7 % des personnes occupant un emploi en France sont non salariées, proportion presque stable depuis plusieurs années. Le non-salariat est plus répandu chez les hommes (14,8 %) et les seniors (16,5 %).

La tendance à embaucher massivement en CDD depuis quelques années a pour conséquence de faire glisser tout un pan de la population active dans une grande précarité. Ce sont surtout les jeunes et les moins qualifiés qui se font embaucher en CDD, et plutôt les femmes que les hommes. Depuis quelques années, l’espoir de décrocher un CDI est devenu quasi utopique. Ainsi, le taux de conversion de CDD en CDI apparait très faible en France : sur une période de trois ans, 21 % seulement des salariés sont passés d’un emploi temporaire à un emploi permanent. En Europe, ce taux est de 37 %.

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La démocratisation du télétravail

Encore peu répandu dans les entreprises il y a quelques années, le télétravail, ou travail à distance, est de plus en plus utilisé aujourd’hui. Si l’entrepreneur permet à un ou plusieurs de ses salariés de travailler à domicile, c’est qu’il y trouve de réels avantages. D’abord, le télétravailleur va se montrer davantage efficace et productif que s’il travaillait dans les locaux de son entreprise. De fait, en travaillant depuis chez lui, le salarié évite les transports quotidiens qui représentent une vraie contrainte et une source de stress incontestable. Par ailleurs, en travaillant à son domicile, le salarié évolue dans un cadre apaisant et sécurisant, gagnant en qualité de vie professionnelle et même familiale. Tous ces facteurs positifs entraînent une plus grande productivité du télétravailleur. On évalue ces gains de productivité à plus de 40 %. Avec le travail à distance de ses employés, le chef d’entreprise réalise également de sérieuses économies sur les frais fixes. Des réductions de frais de loyers immobiliers avec moins de locaux dans l’entreprise mais aussi des économies sur les coûts de communication, de fournitures de bureau ; en communiquant essentiellement par mail, il n’y a plus besoin d’imprimantes, de papier, de faxes… Enfin, et ce n’est pas le moindre des avantages pour le dirigeant d’entreprise, le coût salarial sera diminué d’environ 25 % pour un poste de cadre si celui-ci travaille chez lui. Cette idée va même plus loin puisque des entreprises se positionnent sur le marché en référençant celles qui proposent le télétravail à leurs salariés ! à l’instar de Teletravail.fr, qui permettent aux employeurs de proposer leurs offres, et aux demandeurs d’emploi d’y postuler ou de publier leur CV, dans le cadre de télétravail. Avantageux pour tout le monde dans l’entreprise, le télétravail devrait poursuivre sensiblement sa démocratisation.

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La pratique des horaires libres

Un nouveau modèle de travail basé sur la pratique des horaires libres vient supplanter celui des horaires à respecter. On ne fonctionne plus sur le nombre d’heures de travail effectuées mais plutôt sur un modèle où prévalent les objectifs à atteindre. Ce type de pratique professionnelle n’est possible que s’il s’établit un pacte de confiance entre l’employeur et le salarié. Cette pratique des horaires libres va dans le sens de la multiplicité des nouvelles formes de travail, comme, par exemple, le télétravail. En laissant le salarié gérer ses heures de travail, le chef d’entreprise le responsabilise davantage. Il s’agit toujours pour le dirigeant d’une recherche constante de souplesse et de flexibilité vis-à-vis de ses salariés. Un des objectifs de l’entrepreneur qui accorde à son salarié une gestion libre de son temps de travail, est de motiver encore plus le salarié afin d’attendre de celui-ci une plus grande efficacité et un gain de productivité. Certains vont même encore plus loin. Netflix, l’entreprise américaine qui propose des films et séries télévisées en flux continu sur le web, permet à ses salariés devenus entre temps parents, de choisir leurs horaires selon leur convenance durant l’année suivant la naissance de leur(s) enfant(s). Alors, modèle à suivre pour les entreprises françaises ? 

Quand l’entreprise externalise ses forces de travail

Nombreux chefs d’entreprises font appel à des travailleurs indépendants ou freelance. Même s’ils sont payés pour leur travail, ces indépendants n’ont pas le statut de salariés. Ces professionnels relèvent d’un statut juridique spécifique, comme celui d’auto-entrepreneur par exemple, qui garantit leur totale autonomie. Si les entrepreneurs sollicitent ces travailleurs indépendants, c’est le plus souvent pour éviter de devoir s’acquitter de charges salariales. Ce procédé impacte sur le modèle du salariat car, à niveau de compétence égale, un entrepreneur risque d’être plus enclin à utiliser les services d’un professionnel indépendant plutôt que de rémunérer un salarié qui a un coût en termes de charges salariales.

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Flexibilité et nouveau modèle du salariat

Les patrons de TPE et PME ont un besoin vital de flexibilité dans l’application du code du travail. Les entrepreneurs ne peuvent répondre à la compétitivité mondiale qu’en ayant les mêmes prérogatives que les autres pays, comme l’Allemagne par exemple. Le dispositif de lois El Khomri modifie en profondeur le code du travail avec des mesures phares telles que celles portant sur la durée du travail qui sera plus flexible et adaptée à chaque salarié. Autres mesures : la baisse des salaires mais avec la perspective de créations d’emplois, les indemnités plafonnées en cas de licenciement abusif…Toutes ces mesures vont sensiblement transformer l’approche managériale de l’entrepreneur vis-à-vis de ses salariés mais également changer la donne pour ces derniers.



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