La Turquie accuse Macron de «populisme» après des propos sur l’Algérie


La Turquie a taxé jeudi Emmanuel Macron de «populisme» après la publication de propos attribués au président français qualifiant le règne ottoman sur l’Algérie de colonisation et qui ont déclenché des remous diplomatiques. Ces déclarations «populistes» sont «mauvaises au plus haut point», a estimé le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu lors d’une conférence de presse à Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, où il était en déplacement. «S’il a des choses à nous dire, qu’il nous les dise en face et pas dans notre dos», a-t-il ajouté.

L’affaire a commencé avec la publication, la semaine dernière, d’un article du quotidien Le Monde rapportant un échange entre Emmanuel Macron et un groupe de jeunes descendants de protagonistes de la guerre d’indépendance de l’Algérie (1954-1962). Selon le journal, le président français a estimé lors de cette rencontre que l’Algérie s’était construite sur «une rente mémorielle», suscitant la colère de l’Algérie qui a annoncé le rappel de son ambassadeur à Paris. «Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Ça, c’est la question. Il y avait de précédentes colonisations. Moi, je suis fasciné de voir la capacité qu’a la Turquie à faire totalement oublier le rôle qu’elle a joué en Algérie et la domination qu’elle a exercée», a ajouté Emmanuel Macron, selon Le Monde.

Une bataille mémorielle entre la France et la Turquie

Ces propos ont suscité la colère du gouvernement turc, pour qui les questions mémorielles sont très sensibles. La Turquie, héritière de l’Empire ottoman qui a contrôlé l’actuelle Algérie pendant trois siècles, répète ainsi à l’envi n’avoir «aucune tâche comme la colonisation ou le génocide» dans son histoire. La Turquie ne se prive pas, en revanche, de critiquer régulièrement le passé colonial de la France.

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Cette bataille mémorielle s’inscrit dans un contexte plus large de tensions entre la Turquie et la France, deux pays membres de l’Otan que plusieurs différends opposent. Leurs rapports se sont fortement tendus l’an dernier, notamment à propos de la Libye, de la Syrie, mais aussi de la Méditerranée orientale et sur la question de Chypre. Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait été jusqu’à s’interroger sur la «santé mentale» d’Emmanuel Macron, l’accusant de mener une «campagne de haine» contre l’islam, parce qu’il avait défendu le droit de caricaturer le prophète Mahomet et appelant ses concitoyens à boycotter les produits français.

Les deux pays ont néanmoins multiplié ces derniers mois les gestes d’apaisement, avec par exemple le renvoi l’été dernier à Paris d’un ressortissant français condamné par la Turquie pour détention de stupéfiants.



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