La Russie et la Turquie assurent n’avoir «rien à voir» avec la crise migratoire à la frontière Pologne-Biélorussie


Le président russe Vladimir Poutine et le porte-parole de la présidence turque Ibrahim Kalin ont rejeté ce samedi toute responsabilité dans l’afflux de milliers de migrants.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté dans une interview diffusée samedi toute responsabilité dans la crise migratoire en cours à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, où des milliers de migrants sont massés depuis des jours. «Je veux que tout le monde le sache. Nous n’avons rien à voir là-dedans», a déclaré le président à la chaîne Vesti, après que plusieurs voix occidentales l’ont accusé cette semaine d’avoir orchestré avec Minsk l’envoi de ces migrants à la frontière.

Vladimir Poutine a également affirmé que les dirigeants européens devaient s’adresser directement au président biélorusse Alexandre Loukachenko pour résoudre cette crise. «D’après ce que j’ai compris, Alexandre Loukachenko et (la chancelière allemande Angela) Merkel sont prêts à se parler», a indiqué Poutine. «J’espère que cela arrivera dans un futur proche», a-t-il ajouté, rejetant la responsabilité de la crise sur l’Occident.

La Turquie se défend également

La Turquie s’est également défendue de toute responsabilité ce samedi auprès de l’AFP. «Il semble qu’un nombre important de migrants et de voyageurs se rendent en Biélorussie pour, ensuite, gagner la Lituanie, la Pologne et d’autres Etats européens: en rendre responsable la Turquie, ou Turkish Airlines, est tout simplement malavisé et déplacé», a estimé le porte-parole de la présidence turque Ibrahim Kalin. Cette crise «n’a rien à voir avec la Turquie», a-t-il insisté. Le responsable a reçu l’AFP au lendemain de la décision d’Ankara d’interdire de vol vers Minsk les ressortissants de Syrie, d’Irak et du Yémen au départ des aéroports turcs et prévenu que la compagnie nationale, Turkish Airlines, ne les accepterait plus à bord sur cette destination.

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«Quand nous avons été prévenus du problème, Turkish Airlines a pris immédiatement un certain nombre de mesures pour réduire et mettre un terme à de possibles déplacements illégaux et irréguliers vers la Biélorussie et, de là, vers d’autres destinations». Ibrahim Kalin rappelle cependant que les candidats au voyage vers Minsk, en provenance d’Irak notamment, disposent en général de «billets, de passeports et de visa et tout se fait selon les règles établies. Turkish Airlines n’a pas contrevenu à ces règles». Ce que ces passagers «font une fois arrivés sur place n’est pas de la responsabilité de la Turquie», a encore répété Ibrahim Kalin.

La cheffe de l’opposition bélarusse Svetlana Tikhanovskaïa a appelé les pays de l’UE à rejeter tout dialogue avec Alexandre Loukachenko. «Il ne peut y avoir aucun dialogue avec le dictateur qui tente d’exercer un chantage sur les pays démocratiques», a-t-elle estimé sur Twitter.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a menacé cette semaine de «sanctionner tous ceux qui participent au trafic ciblé de migrants» au départ de la Biélorussie vers l’UE et d’autres responsables européens avaient mentionné les compagnies desservant Minsk. Sans avoir été explicitement citée, Turkish Airlines est la principale compagnie reliant les pays du Moyen-Orient et l’Europe.

«Nous prenons toutes les mesures conformes au système de l’aviation internationale et nous assurons que personne ne se sert de Turkish Airlines, du territoire ou de l’espace turc, pour se livrer au trafic d’être humains», a poursuivi Ibrahim Kalin. Le responsable a fait valoir que la Turquie, voie de passage principale des réfugiés syriens et afghans notamment, en accueille respectivement 3,4 millions et 400.000 sur son sol.

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Le corps d’un jeune Syrien découvert à la frontière

En attendant, le corps d’un jeune Syrien a été découvert près de la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, a annoncé la police polonaise. «Le corps d’un jeune homme de nationalité syrienne a été découvert hier, dans les bois, près de Wolka Terechowska», peut-on lire dans un communiqué de la police de la région de Podlasie (est). Selon ce texte, «les causes du décès n’ont pas pu être déterminées sur place». Ce décès porterait à 11 le nombre de victimes mortelles de la crise migratoire à cette frontière entre l’UE et la Biélorussie, selon les estimations des médias.

Par ailleurs, les policiers ont signalé une nouvelle tentative nocturne de passage forcé de la frontière par «une centaine de personnes», dans cette même région de Wolka Terechowska. «À la vue de policiers et soldats, les personnes se trouvant du côté biélorusse se sont enfuies dans la forêt», selon la police.

En même temps, les gardes-frontières polonais ont évoqué une implication des forces biélorusses dans la destruction des fils barbelés. «La nuit, des soldats biélorusses ont tenté de détruire la barrière frontalière provisoire. Ils enlevaient des poteaux et déchiraient la concertina à l’aide d’un véhicule de service. Les forces polonaises étaient éblouies avec des rayons laser et effets stroboscopiques», selon un message des gardes-frontières sur Twitter. La police des frontières a accusé aussi les forces biélorusses d’avoir «équipé les étrangers en gaz lacrymogène».

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Un mouvement migratoire provoqué ?

Des milliers de migrants, la plupart originaires d’Afrique et du Proche-Orient, ont franchi ou tenté de franchir au cours des derniers mois la frontière de la Biélorussie pour entrer en Lituanie, en Pologne ou en Lettonie. L’Union européenne accuse le président biélorusse Alexandre Loukachenko d’avoir délibérément provoqué ce mouvement migratoire en réponse aux sanctions économiques qu’elle a prises contre la répression à l’encontre de l’opposition dans son pays.

Des migrants ont rapporté avoir été obligés par les forces biélorusses de franchir la frontière mais avoir été refoulés par les gardes-frontières polonais, restant alors coincés à la frontière dans des conditions météo de plus en plus difficiles.



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