Juste la fin du monde (Netflix) : pourquoi il faut (re)voir ce drame intimiste de Xavier Dolan – Actus Ciné


Dans “Juste la fin du monde”, disponible dès ce 21 juillet sur Netflix, Xavier Dolan réunit cinq stars françaises pour filmer l’implosion d’une famille rongée par les non-dits. Un drame à la fois anxiogène et débordants d’émotions.

Shayne Laverdiere

C’est sous les conseils de son amie et actrice fêtiche, Anne Dorval, que Xavier Dolan découvre la pièce de Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, créée en 1990. Pour transposer cette œuvre à l’écran, le réalisateur québécois s’entoure de la fine fleur du cinéma français : Marion Cotillard, Nathalie Baye, Léa SeydouxVincent Cassel et Gaspard Ulliel. Présenté à la 69e édition du Festival de Cannes, en 2016, le film reçoit le Grand Prix des mains du président George Miller. Si le drame séduit la France – porté par plus d’un million d’entrées en salles et trois Césars -, la critique américaine, elle, est assassine, privant même le long métrage d’une sortie aux États-Unis. Sombre, dérangeant et déchirant, Juste la fin du monde reste l’un des films les moins accessibles de Xavier Dolan et pourtant l’un de ses plus passionnants.

Après douze ans d’absence, Louis, un écrivain à succès, revient dans sa famille, le temps d’un dimanche, pour leur annoncer sa mort. Autour de lui, sa mère, Martine, sa sœur, Suzanne, et son frère, Antoine, ne se doutent de rien. Seule sa belle-sœur, Catherine, semble soupçonner quelque chose. Commence alors une longue journée d’attente, noyée dans les réglements de comptes et les frustrations inavouées. C’est à travers cette intrigue que le cinéaste dépeint la crise d’une famille qui se retrouve pour se séparer définitivement. Ce paradoxe est le premier d’une longue liste puisque le film entier est construit autour des attitudes contradictoires des différents personnages.

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Se préserver de la réalité

Pour parler du manque de communication, Xavier Dolan propose un film où les dialogues sont omniprésents. Dès son retour, Louis – excellent Gaspard Ulliel – passe un moment en tête-à-tête avec chacun de ses proches. Si le malade reste très silencieux, son interlocuteur, lui, est toujours très locace, monopolisant chaque conversation. Pourtant, ils n’ont rien à dire et se parlent pour combler un vide et camoufler leur malaise. C’est aussi autour du paradoxe que le personnage de Martine, interprété par Nathalie Baye, s’articule. Excessive, bavarde, parfois criarde, cette mère cache derrière son énergie et son look exhubérant un profond mal-être devant ce fils qu’elle ne connaît plus. Tous les sujets de cette histoire portent un masque pour se protéger de la vérité, au même titre que le héros qui, derrière son visage blafard, se mure dans la peur. Le seul éclat de vérité se lit dans les yeux de Catherine, incarnée par Marion Cotillard. Elle est celle qui, grâce à son écoute et son regard observateur, réussit à percer, en partie, le mystère de son beau-frère.

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Ce sentiment de désarroi qui consume l’ambiance du film, Xavier Dolan l’accentue avec la caméra, où il multiplie les plans très serrés sur les visages de ses personnages. Il existe une telle proximité entre l’acteur et l’objectif qu’il est même parfois difficile pour le spectateur de respirer et de trouver du répit. Pourtant, deux séquences, toutes les deux des flashbacks musicaux, viennent élargir les murs du film. La première sur le hit Dragostea din tei, du groupe O-Zone, et la seconde, sur une reprise du titre de Françoise Hardy, Une miss s’immisce, chantée par Exotica. Toujours avec l’aide de son chef opérateur, André Turpin, Xavier Dolan crée un film à l’image sombre qui s’illumine seulement durant le final, point culminant de cette réunion familiale.

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Bon nombre de détracteurs reprochent au réalisateur d’utiliser tous les mêmes thèmes dans son cinéma. En réalité, il les réinvente de manière différente et ce, à chaque film. Avec Juste la fin du monde, Xavier Dolan retrouve la famille, la figure maternelle et son attrait pour les conflits humains dans un long métrage rude, mélancholique et qui refuse de ménager les spectateurs en leur donnant ce qu’ils attendent : la vérité. À aucun moment, l’origine du mal qui ronge Louis n’est révélée – s’agit-il d’un cancer, du sida ? – et les mots tant attendus ne sortiront jamais. Une frustration que le public partage avec les personnages de ce film, aussi complexe que l’être humain lui-même.

Découvrez la bande-annonce de “Juste la fin du monde”… :

 

… et sa bande originale :



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