Jeppe Hein pour la Maison Ruinart, une vision minimale et sensorielle

Pendant trois jours, au tout début du mois d’avril, le Palais de Tokyo, à Paris, présente Récits de Champagne, une installation participative inédite réalisée pour la Maison Ruinart par Jeppe Hein (né en 1974). La Maison a demandé à l’artiste danois de réinterpréter son histoire, comme elle le fait chaque année avec des artistes contemporains internationaux, de Jaume Plensa à Liu Bolin ou encore Vik Muniz. Jeppe Hein a choisi de revenir à l’essence de la Maison Ruinart et de nous présenter, grâce à une installation créative, les fragments constitutifs de ce terroir unique. En convoquant les quatre éléments de la nature indispensables à la création du champagne – la terre, l’eau, l’air et le feu – Récits de Champagne fait appel à nos cinq sens.

L’artiste explore le minimalisme sous toutes ses formes depuis plus d’une décennie,  ce qui lui vaut une reconnaissance internationale, d’expositions en biennales d’art contemporain telle la fameuse de Venise. Jeppe Hein a découvert le site historique de la maison Ruinart et le paysage de Champagne il y a plusieurs mois : « J’ai visité́ la maison Ruinart pour la première fois il y a bientôt deux ans, raconte-t-il. Mais la vraie découverte a eu lieu la fois où je m’y suis rendu très tôt le matin, au tout début des vendanges. » Une tradition centenaire qui va le marquer. « Aller et venir, couper des grappes, percevoir les senteurs les yeux fermés, éprouver la douceur, l’acidité, l’amertume d’un grain de raisin, c’était remarquable. » Tout autant que l’exploration des crayères, ces anciennes carrières de craie où le vin vieillit lentement… « Le plus inspirant, c’était la sensation de la craie sous mes doigts, quand je les passais sur les parois, décrit l’artiste. J’ai pensé : voilà quelque chose que je veux explorer. Je voulais que les gens fassent cette expérience, j’avais envie de venir poser cette craie dans leur main. »

Pour créer cette expérience, Jeppe Hein a collecté des « fragments », une matière vivante augmentée par son travail artistique, qu’il expose au Palais de Tokyo. Entre couleurs, craie et bulles, il nous la dévoile en quelques mots : « Chaque visiteur se verra donner un morceau de craie à toucher, ou un grain de raisin à déguster, et chacun réagira différemment. » En écho à cette installation, Jeppe Hein a également transformé un Jeroboam de Ruinart Rosé en 25 créations signées et numérotées. À l’abri dans son coffret en bois poncé à la craie extraite des murs des crayères de la maison de champagne, le flacon aux arômes de chardonnay et de pinot noir affirme un design minimaliste.

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.