« Je suis tombé dessus sur Internet, dans une version scannée pas en super bonne qualité… Mais c’était suffisant pour capter l’ampleur du projet ! Le Codex Seraphinianus est une œuvre tellement poussée, vaste, presque ‘meta’, qu’elle a complètement repoussé les limites de ma pensée. Et parfois, quand après plusieurs mois à travailler sur un truc, j’ai l’impression d’être parti trop loin, je regarde le Codex et je me dis : ‘ça va, j’ai de la marge !’ C’est comme si Luigi Serafini avait essayé de résumer le monde infini de son imagination. En travaillant sur cette encyclopédie, je pense qu’il a dû trouver une sorte de réconfort et de calme. J’ai parfois aussi cette impression quand je travaille par exemple sur des actions répétitives, des micro-contenus.
« Il a passé des plombes à faire ce truc, et il n’a pas oublié d’en rire. »
Parmi les dessins du Codex, on trouve des éléments hybrides complètement fous et aussi des choses très concrètes. Serafini est à la croisée des chemins. Ça me rappelle ces lettres qui dans les années 1960 auraient été adressées à des ufologues et qui racontaient avec une folle précision la vie d’extraterrestres vivant sur la planète Ummo… Le Codex Seraphinianus suggère lui aussi l’existence d’un monde parallèle.
J’aime beaucoup le fait qu’il y ait au début un alphabet. Et que Serafini explique cet alphabet dans un autre alphabet, comme une boucle. Il a beaucoup d’humour. Il a passé des plombes à faire ce truc, et il n’a pas oublié d’en rire. La dernière page est assez géniale, Serafini suggère qu’un projet – n’importe lequel – n’est jamais fini. Il est fini parce qu’on a simplement décidé d’arrêter de bosser dessus. C’est d’ailleurs ce qui se dit beaucoup en musique, à propos d’un mix. Quand tu mixes un morceau, tu n’as jamais vraiment fini… Tu arrêtes et c’est tout ! »
« L’importance du vide » • Jacques
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