Gloria Oyarzabal : histoires de regards


L’une est allongée sur un lit aux draps blancs et semble endormie. L’autre, assise à ses pieds, la regarde, fumant nonchalamment une cigarette. C’est cette scène silencieuse, dépeinte par Félix Vallotton en 1913 en référence à la célèbre Olympia de Manet et à L’odalisque et l’esclave d’Ingres, qui a inspiré à Gloria Oyarzabal sa série intitulée, comme l’œuvre du peintre franco-suisse, La Blanche et la Noire. Presque cent ans plus tard, la photographe originaire d’Espagne reprend la toile face à son objectif. Si la première photographie de l’ensemble rejoue précisément la scène, les autres empruntent des chemins de traverse, imaginent de nouveaux récits. Où les modèles figés peu à peu s’animent, lisent des livres… Ces ouvrages, la photographe ne les a pas choisis par hasard : Loot: Britain and the Benin Bronzes, de Barnaby Phillips, raconte les vols des bronzes du Bénin pendant la colonisation britannique, tandis qu’Afrotopia de Felwine Sarr invite à poser un autre regard sur « l’Afrique en mouvement », délesté des critères d’analyse occidentaux.

Gloria Oyarzabal, La Blanche et la Noire VI

Gloria Oyarzabal, La Blanche et la Noire VI, 2022

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Déconstruire le regard, c’est justement la démarche de Gloria Oyarzabal qui, après avoir ouvert un cinéma indépendant à Madrid dédié aux films expérimentaux, a vécu plusieurs années au Mali et au Nigéria. Portée par la critique des représentations du continent africain dans l’imaginaire collectif, sa pratique questionne les processus de colonisation et de décolonisation, mais aussi les notions de genre. Comme pour La Blanche et la Noire, il n’est pas rare de retrouver dans son œuvre des citations directes à l’histoire de l’art, et en particulier à la peinture du XIXe siècle, gangrénée par les clichés orientalistes.

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Gloria Oyarzabal, Usus Fructus Abusus X

Gloria Oyarzabal, Usus Fructus Abusus X, 2022

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Dans son livre Woman Go No’Gree, elle fait entendre les différentes voix du féminisme qui s’expriment en Afrique, tout en interrogant sa position de « femme blanche privilégiée ». Elle démontre notamment, à partir d’un travail sur des images d’archives, que la société des Yoruba n’était absolument pas genrée jusqu’à la colonisation. Les pratiques sociales y étaient de fait organisées selon l’âge ou la lignée. Cette décentralisation du récit, la photographe la poursuit avec le Prix Elysée en se penchant sur le sujet des restitutions, questionnant l’idée de propriété, d’appartenance, de spoliation… et rappelant au passage que les musées ne sont pas neutres.

Prix international de photographie

Le Prix Elysée récompense le travail de photographes internationaux ayant déjà fait l’objet d’expositions ou de publications. Il est organisé tous les deux ans, la 5e édition a été lancée en 2022. Il n’a pas de thème, ni de limite d’âge. Tous les genres et les techniques photographiques sont bienvenus. Les projets proposés doivent être inédits. Chacun des huit nominés reçoit 5 000 CHF pour développer son projet et le lauréat désigné par un jury international reçoit 80 000 CHF pour finaliser son projet et le publier.

prixelysee.ch

Les nominés de la 5e édition :

Vincen Beeckman
Debi Cornwall
Siân Davey
Nicolai Howalt
Khashayar Javanmardi
Alice Mann
Gloria Oyarzabal
Virginie Rebetez

Arrow

Avec le soutien de Parmigiani Fleurier

Dans un engagement commun pour encourager la créativité et la réalisation de nouvelles œuvres, Photo Elysée et Parmigiani Fleurier sont associés depuis 2014 pour lancer le Prix Elysée. L’histoire de Parmigiani Fleurier s’est construite, dès ses débuts en 1996, sur une forte conviction : redonner une valeur patrimoniale à l’art horloger suisse en l’inscrivant dans une pérennité des savoir-faire manufacturés. Un homme, Michel Parmigiani, en sera le fondateur, la Fondation de Famille Sandoz, le maître d’œuvre, et Fleurier, lieu symbolique et siège de la marque, le berceau des traditions.

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www.parmigiani.com



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