Éric de Chassey : « L’idée que l’histoire de l’art doit se saisir des problèmes de la société actuelle est déjà une position politique… »


Depuis septembre 2021 et jusqu’en juillet 2022, l’INHA fête ses 20 ans à travers une grande programmation intitulée « À quoi sert l’histoire de l’art aujourd’hui ? », regroupant des conférences et des débats, mais aussi des capsules vidéo, ou encore des reproductions d’œuvres commentées dans les gares, via un partenariat avec SNCF Gares & Connexions. Pourquoi est-ce important que l’histoire de l’art fasse parler d’elle et se démocratise ?

Éric de Chassey : Ce qui m’intéresse, c’est d’ouvrir au maximum les portes et les fenêtres de l’histoire de l’art, mais aussi de la société, pour faire en sorte que l’ensemble de nos concitoyens puissent avoir une vision plus complexe du monde. L’intérêt principal de l’œuvre d’art, c’est qu’elle vous emmène sur un terrain qui n’est pas vous. Un tableau oblige toujours à prendre le point de vue d’un autre. L’idée des présentations en gares était de partir d’images frappantes pour parler de l’histoire de l’art comme d’un outil citoyen. Car en plus d’augmenter la connaissance et de donner plus de plaisir, l’histoire de l’art sert à nourrir notre regard de citoyen. Beaucoup pensent qu’on est capables de voir sans savoir. Mais il est primordial de savoir qu’une image est le fruit d’une histoire longue, au fil de laquelle de nombreuses images se sont succédé, citées, contredites. Et ainsi de comprendre pourquoi elle nous frappe. Par exemple, les images de manifestants sur la place de la République nous émeuvent parce qu’elles réactivent entre autres dans notre mémoire les fumées, drapeaux et postures de La liberté guidant le peuple de Delacroix (1830), vue au Louvre ou dans un manuel scolaire…

Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple (28 juillet 1830)

Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple (28 juillet 1830), 1830

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huile sur toile • Musée du Louvre, Paris



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