EN DIRECT – «J’ai l’impression d’être restée là-bas, piégée par terre»: au procès du 13-Novembre, le traumatisme des rescapés du Bataclan


Aujourd’hui, Hans, veste kaki et cheveux longs, a tenu à témoigner «pour tous ces fantômes.» Le 13 novembre 2015, il avait 43 ans, deux enfants et était au concert des Eagles of Death Metal avec Lou, rencontrée quelques mois auparavant.

Le couple se trouvait dans la fosse quand les trois terroristes ont pénétré dans le Bataclan. Il se souvient des «pétarades», puis de cette «silhouette en ombre chinoise d’un homme qui tenait une arme.» Soudain, une brûlure lui traverse le corps. Il s’effondre au sol: «Je suis tombé sur une femme, j’ai compris à son immobilité qu’elle était morte. Ce qui m’a frappé c’est la quantité de sang, je ne comprenais pas comment c’était possible qu’il y en ait autant, si rapidement. J’ai compris qu’il ne fallait absolument pas bouger et Lou avait disparu.»

Les minutes passent, où Hans doit supporter une douleur qui lui «irradie le corps»: «Le sang de la femme continuait de couler. J’essayais de me comprimer contre son corps pour contenir la douleur et empêcher mon sang de couler. Ça me faisait un mal de chien.»

Lors de l’explosion du gilet explosif de Samy Amimour, il se souvient de cette «myriade de confettis qui retombaient. C’était assez joli. En fait, il y avait du liquide, c’était répugnant.» Durant un court moment de répit, certains spectateurs s’échappent de la salle. «Une tête est alors tombée sur mes pieds, ça ajoutait de l’inconfort à ma situation. Tous mes gestes étaient extrêmement lents. J’essayais de faire rouler cette tête entre mes pieds.»

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Hans tente de comprendre où se situent ses blessures: «Le temps s’est figé, je crois que j’étais un peu dans les vapes, j’ai senti que mon corps commençait à me lâcher. Il y avait comme des épanchements à l’intérieur de moi. Je commençais à avoir très très froid. Je comprends que je commence à partir. Tout le monde se pose la question de savoir ce que ça fait de mourir, qu’est-ce qu’on ressent. Pour moi c’était un peu médiocre. Je n’ai pas vu de lumière au bout de tunnel. J’ai pensé à personne. J’avais juste froid.»

Quelques instants plus tard, les premiers policiers arrivent enfin à l’intérieur de la salle de spectacle. «On m’a mis sur un brancard puis transporté dehors.» Il entend un soignant crier: «Putain il fait un emphysème», avant de perdre connaissance. Hans est un miraculé: une balle est entrée «par la hanche, a démoli quelques trucs au passage, dont la rate, puis s’est logée dans les poumons», explique-t-il. Une autre lui a touché le crâne. «J’ai d’autres cicatrices mais je ne comprends pas bien ce que c’est.»

Par chance, Lou a pu s’extirper indemne de la salle de spectacle. Elle était à son chevet à son réveil à l’hôpital, puis à ses côtés durant ses longs mois de rééducation. Ensemble, ils ont réappris à vivre: «On se réappropriait la rue. Lou promenait son petit vieux», sourit Hans.

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