Donald Duck sur Disney+ : tout sur les origines du célèbre canard colérique – Actus Ciné


Grâce aux courts métrages mis en ligne sur Disney+, vous allez pouvoir (re)découvrir Donald Duck. Mais connaissez-vous ses origines et la façon dont il a évolué au fil des décennies ?

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  • Les courts métrages Donald Duck sont à retrouver sur Disney+

IL ÉTAIT UNE… VOIX

Pour Walt Disney et ses futurs studios d’animation, l’aventure commence en 1928 : contraint de laisser son premier bébé, Oswald le lapin chanceux, à son producteur, il donne naissance à Mickey Mouse le 18 novembre grâce à Steamboat Willie, parodie du film Cadet d’eau douce de Buster Keaton (Steamboat Bill Jr. en VO) co-réalisée avec son complice Ub Iwerks. Premier court métrage à avoir bénéficié d’une bande-son synchronisée au moment de sa sortie, ce coup d’essai fait figure de coup de maître qui en appelle d’autres et permet de faire grossir l’entourage du héros au fil des années. A Minnie, née en même temps que lui, viennent s’ajouter, entre 1929 et 1930, le cheval Horace, la vache Clarabelle, les chiens Pluto et Dingo. Et un certain Donald Duck, canard vêtu d’une salopette et doté d’une tête noire et d’un chapeau ainsi que de courtes ailes, et que l’on aperçoit sur les illustrations du poème contenu dans l’un des tomes de “The Mickey Mouse Adventures”, publié en 1931.

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La première ébauche de Donald, en 1931

Un personnage qui ne ressemble alors absolument pas à celui que nous connaissons, et dont la vraie naissance remonte à 1934. En grande partie grâce à l’acteur et bruiteur Clarence Nash : présentateur de publicité pour la société Adohr Milk Company au début de la décennie, il postule au sein des studios Disney grâce à un spot dans lequel on lui doit les bruitages de chevaux tirant un wagon de lait, et se retrouve à auditionner pour divers sons d’animaux. C’est au cours d’une lecture de poème où il doit imiter un chevreau que le déclic se produit pour Walt Disney, qui pense alors avoir trouvé la voix du canard parlant auquel il souhaite donner vie, et l’engage en décembre 1933 pour incarner celui qui n’existe pas encore. Mais cela n’est qu’une question de mois. Car le 9 juin 1934, le court métrage Une petite poule avisée, qui appartient à la collection des Silly Symphonies (histoires généralement inspirées des contes et dont l’animation se calque sur une musique), compte un certain Donald Duck parmi ses protagonistes.

Entre sa tenue de marin, voulue par Walt Disney car c’était l’un des vêtements symbolisant l’eau à laquelle un canard renvoie immédiatement, ou son caractère égoïste tout est déjà presque là. Mais contrairement à Mickey, un léger flou règne autour de ses origines, puisque sa création graphique est aussi bien attribuée à Dick Huemer et Art Babbitt qu’à Dick Lundy, qui reprend et développe le personnage dans Mickey bienfaiteur quelques mois plus tard, mais n’aurait en fait pas participé à Une petite poule avisée selon certaines sources. C’est pourtant grâce à lui que sa morphologie change, entre son bec qui rétrécit et devient plus anguleux, ses jambes désormais plus filiformes, ses plumes qui deviennent de vrais doigts ou ses pieds palmés qui grandissent. Sorti le 11 août 1934, le court métrage orchestre la rencontre entre Mickey Mouse et Donald Duck, dont la difficulté à lire un poème devant des enfants va faire surgir cette colère qui le suivra dans tous les films suivants. Et on notera que le poème en question n’est autre que “Marie a un petit agneau”. Soit celui qui était au cœur de la séance au cours de laquelle Clarence Nash a fait naître ce qui allait devenir sa voix.

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Première apparition de Donald Duck, dans “Une petite poule avisée”

Alors qu’il fait également ses débuts sur papier en 1934, avec une transposition de Une petite poule avisée, avant d’être le héros d’une bande-dessinée qui lui est consacrée l’année suivante, il continue de s’animer aux côtés de Mickey, dont il apparaît comme un contrepoint : au même titre que le gaffeur Dingo met en valeur son intelligence, les colères fréquentes du canard souligent le calme de la souris. Mais Donald lui vole régulièrement la vedette dans les courts métrage qui mettent le trio en scène, pendant la seconde moitié des années 30. Ce qui est littéralement le sujet de La Fanfare, où il parasite le concert au cours duquel il ne devait que vendre des glaces, en jouant de la flûte. Le film sort en 1935, alors que les studios Disney engagent un nouveau dessinateur appelé Carl Barks, qui se fait remarquer six mois après son embauche avec un gag qui lui vaut une prime et une entrée dans le pool des scénaristes, où il contribue à la conception d’Inventions modernes.

Un court métrage dévoilé le 29 mai 1937 et dont Carl Barks est le scénariste, pour la première fois de sa carrière, puisqu’il met en scène ce fameux gag qui lui a permis de gravir les échelons : dans un dispositif qui rappelle l’appareil permettant de nourrir Charlot dans Les Temps modernes, Donald essaye une chaise de barbier automatique qui, évidemment, déraille et lui vaut notamment de se retrouver avec le visage recouvert de cirage pour chaussures et le postérieur bien coiffé. Selon Clarence Nash, un spectateur canadien en aurait perdu son dentier à force de rire, et ce succès renforce la popularité du canard dont les débuts en solo, en cette année 1937, sont une véritable réussite. Quelques mois avant la sortie d’Inventions modernes, Don Donald nous présente sa fiancée de l’époque, qui ne s’appelle pas Daisy mais Donna, alors que, du côté des bandes-dessinées, le duo Ted Osborne – Al Taliaferro, en charge de ses aventures, introduit sa sœur Della, et ses trois neveux, Rifi, Fifi et Loulou, le 19 octobre 1937.

Des triplés qui s’animent le 15 avril 1938, dans le court Les Neveux de Donald, à une époque où le 7ème et le 9ème Art fonctionnent comme des vases communicants avec le héros, qu’ils enrichissent régulièrement. Si Riri, Fifi et Loulou sont nés sur papier, c’est le cinéma qui donne vie à son cousin Gus Glouton, ainsi qu’à sa deuxième fiancée, Daisy Duck. Deux personnages que l’on doit à Carl Barks même si ce dernier n’a jamais vraiment revendiqué la création de la seconde, qu’il a déclaré ne jamais avoir aimée. Elle occupera pourtant une part importante de la vie du canard, qui s’illustre dans son premier long métrage en 1941, grâce à deux segments du Dragon récalcitrant, film aux allures de making-of où l’on visite les coulisses du studio et découvre les différentes techniques d’animation. Sorti le 5 décembre de la même année, Donald cuistot est réalisé par Jack King, d’après un scénario de ses complices Carl Barks et Jack Hannah avec qui il a signé quelques chefs-d’œuvres, et il séduit tout autant qu’il marque la fin d’une époque.

DONALD S’EN VA-T-EN GUERRE

Deux jours plus tard, la flotte aéronavale japonaise attaque la base américaine de Pearl Harbor par surprise, et précipite l’entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre Mondiale, conflit auquel le cinéma participe à sa façon, studios Disney inclus. Alors que Mickey est envoyé au front et disparaît des écrans entre 1942 et 1947, Donald occupe deux types de fonction puisqu’il est tantôt soldat et/ou acteur de l’effort de guerre du pays (comme dans Donald à l’armée, qui nous apprend son deuxième prénom, Fauntleroy, Donald parachutiste ou encore Commando Duck, où il doit détruire une base aérienne japonaise), tantôt ambassadeur visitant l’Amérique du Sud dans le moyen métrage Saludos Amigos et le long Les Trois Caballeros. Sa présence sur le continent tient alors autant au fait que sa première fiancée, Donna, était mexicaine qu’au caractère universel de son langage, charabia incompréhensible quelle que soit la langue dans laquelle il s’exprime. A ce titre, le Philadelphia Record le compare à Harpo Marx, dont il se rapproche un peu plus en devenant un coureur de jupons en plumes.

La popularité de Donald explose, et on le voit partout : acteur d’une cinquantaine de courts métrages entre 1934 et 1941, il en tourne le double entre 1941 et 1965. Le tout sans Carl Barks, son père adoptif que l’on associe très souvent sa création. Car le dessinateur et scénariste, qui faisait preuve d’un tempérament aussi colérique que celui du canard, claque la porte du studio à la fin de l’année 1942, en désaccord avec la politique de propagrande alors en vogue. Mais il n’abandonne pas sa muse puisque Western Publishing l’embauche et lui permet de poursuivre ses aventures sur papier pendant un quart de siècle au cours duquel il élargit son univers et donne naissance à une poignée de personnages mémorables. A commencer par son Oncle Picsou, canard le plus riche du monde vaguement inspiré d’un homologue écossais aperçu dans le film de propagrande The Spirit of ’43, qui fait ses débuts en décembre 1947. Le chanceux Gontran Bonheur, les Castors Juniors, Miss Tick, Géo Trouvetou ou les Rapetou suivront peu de temps après.

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Quand Donald joue les super-héros

Un essor dans les bandes-dessinées qui contrebalance la perte de vitesse de sa carrière cinématographique, qui s’achève le 21 juin 1961 avec le court métrage Donald et l’écologie. Cinq ans plus tard, un autre page se tourne lorsque Carl Barks prend sa retraite (même s’il en sortira à intervalles réguliers pour peindre des toiles ou écrire quelques histoires dont il ne signe pas les dessins, jusqu’à son décès en 2000), et c’est en Europe que le personnage se met à évoluer, grâce à des éditeurs danois et italien. Sans doute inspiré par le succès du film Danger Diabolik, sorti l’année précédente, ce dernier lui crée Fantomiald, son alter ego super-héroïque, en 1969. Une nouveauté qui a cependant divisé, car cette double-identité tranche un peu trop, selon certains fans, avec son caractère initial, marqué par un forte dose d’égoïsme et de malchance. Et surtout, elle n’empêche pas son entourage de prendre le pas sur lui, et notamment Picsou, star d’un magazine à son nom lancé en 1952 aux États-Unis et 1972 en France.

Après une décennie 70 marquée par un look plus moderne et proche de celui que l’on connaît aujourd’hui, des rééditions d’histoires de Carl Barks, ou la façon dont le dessinateur chilien Vicar a fait perdurer l’héritage de ce dernier au Danemark, Donald connaît un regain de forme alors qu’il approche de la cinquantaine pendant les années 80 : certaines de ses histoires publiées alors comptent parmi les meilleures, et il fait son retour au cinéma, dans un second rôle, grâce au court métrage Le Noël de Mickey, relecture à la sauce Disney du célèbre “Chant de Noël” de Charles Dickens, dont le personnage n’est autre que son oncle Picsou, alias Scooge en VO, comme l’anti-héros du livre. Sorti en 1983, un an après la publication des premières bandes-dessinées françaises le mettant en scène, il paraît encore en retrait et éloigné du canard colérique que l’on connaît. Et il en est de même dans La Bande à Picsou, série animée lancée en 1987 et qui a contribué à sauver le studio tout autant qu’à donner naissance à Myster MaskSuper Baloo et consorts, mais dans laquelle il n’apparaît que rarement.

DE DAFFY DUCK A PICSOU

Entre temps, Donald Duck a laissé ses empreintes devant le Chinese Theater de Los Angeles en 1984, pour fêter ses 50 ans, avant de perdre son doubleur Clarence Nash l’année suivante. Incarné par Tony Anselmo depuis 1985, c’est grâce à la Warner qu’il prouve que sa cote de popularité est intacte, en s’illustrant dans une scène mémorable de Qui veut la peau de Roger Rabbit ? (1988), où il se livre à duel de pianistes sous haute tension avec Daffy Duck. Vu dans Le Prince et le pauvre en 1990, c’est davantage vers le papier et les jeux vidéo, l’excellent QuackShot (1991) en tête, qu’il faut se tourner pour le retrouver en tant que personnage principal, surtout que Don Rosa rejoint Carl Barks au panthéon des meilleurs auteurs de ses aventures, en racontant la jeunesse de son oncle et dessinant son arbre généalogique. Une famille aux côtés de laquelle on le retrouve entre 1996 et 1997 dans Couacs en vrac, sorte de suite de La Bande à Picsou dans laquelle ses neveux sont ados, avant de le voir dans les séries de courts produits à partir des années 2000.

Vu également dans un segment de Fantasia 2000, sur grand écran, Donald Duck est partout au cours du XXIème siècle, et décroche son étoile sur le célèbre Hollywood Boulevard en 2004. Il n’est peut-être pas aussi célèbre que pendant les années 40, mais il reste ce personnage unique, capable de faire rire petits et grands grâce à son langage, ses colères ou les gags dont il est généralement la victime. Une donnée que les créateurs du reboot de La Bande à Picsou lancé en 2017 avaient bien en tête puisqu’il y apparaît régulièrement, dans sa tenue iconique, et ne manque pas de causer quelques catastrophes. Vous pouvez d’ailleurs en avoir le cœur net grâce à la première saison de la série, disponible sur Disney+, ou la nouvelle version des Trois Caballeros, avant de vous tourner vers les courts métrages qui ont récemment été mis en ligne, histoire de revenir aux sources et vous rappeler pourquoi ce drôle de canard est toujours l’une des icônes de l’univers Disney.

Donald et les autres dans le générique de la nouvelle “Bande à Picsou” :



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