dialogue de sourds entre Emmanuel Macron et Boris Johnson


La France attend une «réponse» britannique ce lundi, faute de quoi elle déclenchera ses mesures de rétorsion.

Emmanuel Macron s’est dit « entièrement disponible » pour « aider et soutenir les efforts britanniques » afin de faire un succès de la COP26, qui s’est ouverte dimanche, à Glasgow. Encore faudrait-il auparavant désamorcer le conflit bilatéral sur la pêche post-Brexit. C’est le message qu’a fait passer le président de la République au premier ministre britannique Boris Johnson, dimanche matin, lors d’un entretien en tête-à-tête d’une demi-heure à Rome, en marge du G20. Une discussion « franche, apaisée et respectueuse », selon le chef de l’État.

À en croire l’Élysée, les deux hommes seraient convenus de la nécessité d’une « désescalade » rapide dans ce dossier qui empoisonne les relations franco-britanniques depuis des semaines.
La France exige depuis le début de l’année des licences pour que ses pêcheurs puissent continuer de travailler dans la zone des 6 à 12 milles des côtes britanniques, ainsi qu’auprès des îles de Jersey et Guernesey. Or, Londres aurait refusé à ce stade 40 % de ces demandes, selon Paris, tandis que 90 % des dossiers de licence européens ont été satisfaits (98 % selon la Grande-Bretagne). Des « mesures pratiques » devaient donc être discutées pour l’attribution de ­licences « dans les prochaines heures », a expliqué l’Élysée. Concrètement, il s’agit du sort de quelques dizaines de bateaux – rien d’insurmontable à une bonne volonté partagée.

«Une chose à la fois »

Mais, dans un échange tournant au dialogue de sourds, Londres a démenti la version française du compte rendu de la réunion. « Notre position n’a pas changé », a martelé Boris Johnson, lors d’une conférence de presse en fin d’après-midi. « Aux Français de décider s’ils veulent revenir sur les menaces qu’ils ont proférées ces derniers jours », a précisé son porte-parole.

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La France maintient en effet son intention d’appliquer des mesures de rétorsion dès mardi. Il s’agirait de bloquer les débarquements de bateaux de pêche britanniques dans les ports français et de contrôles renforcés sur les camions arrivant à la frontière. « On verra où nous en serons le 2 novembre. On n’y est pas. Une chose à la fois », justifiait l’Élysée.

« Si les Britanniques ne font aucun mouvement de manière évidente, les mesures prévues le 2 novembre seront mises en œuvre – ce serait une fin de non-recevoir », a assuré Emmanuel Macron. Il précisait avoir communiqué aux Britanniques un document faisant état de propositions françaises sur une « méthode », pour faire la « preuve de la bonne volonté réciproque ». « La balle est dans leur camp. La balle a changé de camp. Le statu quo n’est pas un réengagement », a-t-il conclu.

La tension n’avait cessé de croître ces derniers jours. Aux menaces de la France, le Royaume-Uni avait répliqué par celle de renforcer à son tour les contrôles des bateaux de pêche français dans ses eaux. Il envisage aussi un recours devant l’Union européenne pour violation des accords sur le Brexit.

Article 16

De son côté, Jean Castex a ravivé la fureur de Londres, estimant, dans un courrier à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, « indispensable de montrer clairement qu’il y a davantage de dommages à quitter l’Union européenne qu’à y demeurer ». Ce que les Britanniques ont traduit par un appel à les « punir ».

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Le président a par ailleurs rappelé son interlocuteur à la nécessité de « respecter sa signature » sur le protocole nord-irlandais, qui prévoit des contrôles sur les marchandises transitant entre la Grande-Bretagne et l’Ulster. Il lui a demandé de formuler des propositions d’« amendements » ou d’« évolutions ». Malgré des ouvertures récentes de la Commission européenne sur cette question, Londres menace de déclencher l’article 16 du traité, qui prévoit la suspension unilatérale de son application. Ce qui entraînerait de « graves inconvénients, d’abord pour la stabilité en Irlande du Nord », prévient-on à Paris.

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