Découvrir et vivre l’hypersensibilité


L’hypersensibilité décryptée par Jeanne Siaud-Facchin

Nous ne naissons pas tous égaux. Socialement et physiquement, bien sûr, mais aussi émotionnellement et sensoriellement, ce qui est moins connu. Si la grande majorité d’entre nous sommes des êtres sensibles, 20 % de la population est hypersensible.

Mais qu’est-ce que l’hypersensibilité exactement ? Quelles sont ses implications au quotidien pour les hypersensibles de tous âges, adultes et enfants ? Jeanne Siaud-Facchin, psychologue et psychoclinicienne connue chez BloomingYou répond à toutes nos questions !

Pour comprendre ce qu’est l’hypersensibilité, il est important d’avoir une idée juste de la sensibilité. Car, « la sensibilité est souvent confondue ou réduite à la sensibilité émotionnelle. Du même coup confondue avec la sensiblerie. Ce qui n’a rien à voir. La sensibilité, c’est notre façon de voir et d’être perméable à notre environnement à travers nos 5 sens, que cela soit par des images, des sons autour de nous, des musiques, des voix, du contact de la matière. »

L’hypersensibilité, de ce fait, est la capacité à percevoir plus de données de notre environnement. Des données qui seront soit sensorielles, soit émotionnelles.

Quelle est la différence entre l’hypersensibilité émotionnelle et physique ?

Qu’est-ce l’hypersensibilité physique ?

L’hypersensibilité physique est la capacité à percevoir de façon augmentée des stimulus extérieurs : les sons, la lumière, les odeurs, le contact de certaines matières.

JSF : « Les hypersensibles ont la capacité à identifier une personne seulement à son odeur, ou de savoir qu’une personne est passée dans une pièce (je ne parle pas de parfum mais vraiment d’odeur). Quand elles prennent les transports en commun, ces personnes portent une écharpe entortillée autour de leur nez pour ne pas être agressées par toutes les odeurs qu’elles perçoivent, ou être abruties par le bruit en entendant simultanément les voix de 6 personnes.

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S’il s’agit d’hypersensibilité visuelle, les gens voient les moindres détails, défauts, ils ont un champ perceptif de l’œil beaucoup plus large, et ce n’est pas aussi sans conséquences, puisque beaucoup d’informations arrivent au cerveau. »

Nota Bene : L’hyposensibilité, le contraire de l’hypersensibilité

A l’inverse des hypersensibles, il existe les hyposensibles, qui au lieu de capter trop d’informations, n’en captent que très peu. Ils ne perçoivent pas les odeurs, les sons, et tous les goûts leur semblent fades.

JSF : « Ce phénomène est si peu connu qu’on n’y pense jamais, et pourtant c’est handicapant au quotidien. Quand un enfant n’entend pas bien, il a du mal à apprendre à lire. On pense à d’autres troubles : autisme, dyslexie, mais en fait c’est une hyposensibilité. »

Qu’est-ce que L’hypersensibilité émotionnelle ?

JSF : « L’hypersensibilité émotionnelle est un phénomène neurophysiologique. Les neurones miroirs de ces personnes travaillent plus que les nôtres. Ces neurones miroirs sont situés un peu partout dans notre cerveau mais plus spécifiquement dans le préfrontal, et se synchronisent avec les neurones des autres. En langage courant, on dit que nous sommes sur la même longueur d’onde.

Les hypersensibles émotionnels ont donc cette capacité à se connecter aux autres beaucoup plus rapidement que d’autres, et vont sentir instantanément l’état émotionnel de la personne en face. Pour ces personnes hyper empathiques, dès le moindre changement émotionnel de l’état de l’autre, ils le sentent immédiatement .

L’hypersensibilité émotionnelle peut être un atout dans sa vie privée ou au travail, à la condition seulement que l’on ne prenne pas les émotions de l’autre pour siennes. »

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JSF : « L’hypersensibilité émotionnelle devient violente et problématique dès que les personnes se laissent absorber par les émotions des autres. Elles se sentent responsables des émotions des autres, alors qu’il faut trouver cet équilibre entre la capacité d’empathie pour comprendre l’autre et la lucidité de faire le tri entre ce qui appartient à moi et ce qui appartient à l’autre.

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Comment ne pas se laisser absorber par les émotions des autres ?

JSF « Il faut se recentrer sur soi. Les pratiques de pleine conscience sont intéressantes, parce qu’elles permettent de se recentrer sur ses propres émotions. »

En développant son intelligence émotionnelle et en apprenant à reconnaître ses émotions de celles des autres, à travers l’écoute de son corps notamment.

Pour les hypersensibles physiques, il faut être attentif à ce que l’enfant dit. Si un pull le gratte, il faut le prendre au sérieux. On manque encore de médecins spécialisés en hypersensibilité.

Pour les hypersensibles émotionnels, ça va être un enfant qui va avoir les larmes aux yeux.

Pour une bonne éducation émotionnelle, il faut apprendre à l’enfant à distinguer quel ressenti corporel correspond à telle émotion. Apprendre aux enfants à verbaliser ce qui vient de leurs corps, derrière les crises de larme ou de rejet, il y a toujours une émotion douloureuse (la tristesse ou la colère).

N’hésitez pas non plus à rassurer votre enfant sur son hypersensibilité. Certes, il se distingue de la moyenne de ses camarades, mais il possède des prédispositions qu’ils n’auront jamais : « C’est génial d’être hypersensible, on capte des trucs que les autres ne captent pas. »

Les hypersensibles sont-ils tous des hauts-potentiels ?

Qui sont les hauts potentiels ?

JSF : « La terminologie a évolué. En France, les hauts-potentiels étaient appelés surdoués. ,Le terme de haut-potentiel nous est venu de la Suisse et de la Belgique, et a été adopté récemment en France. Les personnes à haut-potentiel représentent 2 à 3 % de la population.

Il est dit et communément admis dans la communauté scientifique qu’un enfant ou un adulte est un haut-potentiel à partir du moment où cette personne obtient un score égal ou supérieur à 130 de QI. La norme statistique étant de 100.

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A ce propos, intelligence cognitive et intelligence scolaire ne font pas toujours bon ménage. Beaucoup d’enfants à haut-potentiel développent des troubles de l’attention ou de l’apprentissage. Mais jusqu’aux petites classes, ils passent entre les mailles du filet, parce que leur précocité leur permet de garder le même niveau scolaire que les autres. Seulement à partir du collège, ils n’arrivent plus à suivre le rythme de la classe et décrochent. »

Le lien entre l’hypersensibilité et le haut-potentiel

JSF : « Il est difficile de définir l’intelligence, il y a quasiment autant de définitions que de chercheurs sur le sujet. Mais étymologiquement, l’intelligence définit la capacité de faire des liens avec ce que l’on comprend, analyse, perçoit, par l’intermédiaire de ses 5 sens, ce que l’on appelle la sensibilité. Donc plus on est intelligent, plus on perçoit des informations, plus grande est la sensibilité. D’où le lien entre le Haut-potentiel et l’hypersensibilité.

Chez les « hauts potentiels », également appelés « zèbres », tout fonctionne à l’excès : hypersensibles, leurs perceptions (sensorielles et instinctives) sont intensifiées. Il en est de même pour leurs facultés intuitives, amplifiées.

En revanche, tous les hypersensibles ne sont pas des haut-potentiels. On peut être hypersensible et capter plein de trucs et pourtant ne pas avoir cette intelligence aiguisée et créative. »

D’après les propos de Jeanne Siaud Facchin recueillis par Amal Dadolle





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