Début des vendanges en blanc dans le Bordelais : un millésime prometteur


Un coup de gel hydroalcoolique sur les mains, avant de prendre les sécateurs : au Château de Rouillac, dans le Bordelais, les vendanges ont commencé mardi pour les blancs, pour un millésime qui s’annonce prometteur.

Une dizaine de vendangeurs s’affairent dans les rangs de vignes qui bordent l’élégant domaine situé en appellation Pessac-Léognan, près de Bordeaux.

Avec la crise sanitaire du Covid-19, la coupe des grappes de sauvignon gris se fait avec gel hydroalcoolique à côté du thermos de café, masque si les vendangeurs se croisent entre les rangées de vigne et désinfection du matériel.

Comme ailleurs dans le Bordelais, les vendanges commencent « avec 10 à 15 jours d’avance » sur 2019, constate Laurent Cisneros, le propriétaire du domaine, détenu en son temps par le baron Haussmann.

« Nous avons eu des conditions climatologiques excellentes : il a fait chaud, il y a eu de la pluie », raconte cet ancien footballeur professionnel qui table « a priori sur une très bonne qualité », avec « une très bonne acidité pour les blancs ». « Mais tant que ça n’est pas dans les cuves, nous restons mesurés », rajoute-t-il avec prudence.

Même son de cloche au Château Carbonnieux, à une dizaine de km, qui commence ses vendanges mercredi. « On a un potentiel pour faire un bon millésime », se réjouit Philibert Perrin, copropriétaire de ce château qui produit des grands crus classés. « Nous avons eu l’ensoleillement suffisant pour ramasser des raisins mûrs. Aux viticulteurs de s’organiser pour vendanger au moment du pic aromatique et gustatif ». « Les années chaudes, en bordelais, il ne faut pas traîner si on veut faire ces sauvignons vifs, aromatiques et rafraîchissants » recherchés par l’appellation, ajoute M. Perrin, également président du Syndicat viticole de Pessac-Léognan.

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« Ni atout, ni handicap »

Dans les graves, les vendanges commenceront jeudi au Château de Chantegrive, avec les sauvignons gris. « Nous avons eu les conditions optimales lors de la floraison, avec du soleil, du vent, pas une goutte de pluie » et ces vignes ont été relativement épargnées par le champignon du mildiou, décrit Chloé Le Bouffo, directrice générale adjointe.

Pour les rouges, qui seront vendangés en septembre, il est encore trop tôt pour se prononcer, poursuit-elle.

La précocité et la chaleur ne sont pas toujours garants de qualité, avertit Antoine Médeville, œnologue chez Œnoconseil. « Souvent, les étés indiens font les grands millésimes à Bordeaux », reconnaît-il toutefois, même s’il y a eu des contre-exemples comme en 2007.

Pour 2020, « on se rapprocherait plus des caractéristiques de 2011, où tout a commencé plus tôt : hiver très doux, floraison très rapide et c’est un signe important de qualité, c’est un signe prometteur », complète-t-il.

« La précocité des vendanges n’est ni un atout, ni un handicap », abonde Axel Marchal, qui enseigne l’œnologie à l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin de l’université de Bordeaux. « Cette précocité a été présente tout au long du cycle, la vigne a fleuri plus tôt que d’habitude, les baies ont commencé à se former plus tôt que d’habitude… Quant à la qualité, il est trop tôt pour le dire », ajoute-t-il.

« Cette année, on pourra faire de très bons vins blancs mais l’effet terroir sera marqué », dit-il, en fonction des sols, des différences de pluviométrie, etc. Ce qui est sûr, c’est qu’« aujourd’hui, l’état sanitaire des blancs est très bon. Le raisin est en très bon état sanitaire. C’est un vrai point d’optimisme », ajoute-t-il.

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Concernant les volumes, les vignerons ne s’attendent pas forcément à une année exceptionnelle.

Pour Laurent Cisneros, ce millésime aura une saveur particulière. Au-delà de la situation sans précédent du confinement, de la crise sanitaire et économique, il marque sa dixième année à la tête du château de Rouillac. « Il devra être apprécié à sa juste valeur émotionnelle », glisse-t-il dans un sourire.



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