Claudette Colvin réhabilitée dans une émouvante expérience de réalité augmentée au Centre Pompidou

Si vous vous demandez ce que les nouvelles technologies peuvent apporter à la culture et dans notre appréhension de l’art et de la connaissance, l’expérience en réalité augmentée actuellement au Centre Pompidou lèvera le moindre doute que vous puissiez encore avoir… Adaptée de l’essai biographique de Tania de Montaigne paru aux éditions Grasset en 2015, l’installation intitulée « Noire » et sous-titrée « La vie méconnue de Claudette Colvin » nous décrit le destin de cette jeune fille noire de l’Alabama qui refusa de céder son siège à une passagère blanche dans un bus.

Un propos mis en scène par Stéphane Foenkinos et Pierre-Alain Giraud, conté par la voix enveloppante de Tania de Montaigne, qui vous transporte dans un moment poignant de l’histoire des droits civiques aux États-Unis. Comme si, vous aussi, vous étiez dans ce maudit bus. « Prenez une profonde inspiration, soufflez, désormais vous êtes à Montgomery dans l’Alabama des années 1950 », nous intime Tania de Montaigne.

Noire et donc « moins que rien »

Le 2 mars 1955, Claudette Colvin, 15 ans, est dans le car qu’elle a l’habitude de prendre deux fois par jour, quand, à un arrêt, une blanche monte. Noire et donc « moins que rien », nous dit-on, la loi ségrégationniste veut que la petite cède sa place. Sauf que Claudette va rester assise. On ne vous gâchera pas la suite de cette injustice, retenez simplement que neuf mois plus tard, Rosa Parks va réitérer ce geste de rébellion et que c’est elle que les livres d’Histoire retiendront. Pas Claudette Colvin, l’oubliée.

À la présentation à la presse du dispositif inédit, la petite sœur de Claudette Colvin, qui avait fait le déplacement depuis l’autre côté de l’océan Atlantique, ne cachait pas sa grande émotion de voir l’histoire de son aînée (83 ans aujourd’hui) décrite avec tant de magie. On ne peut que la comprendre après avoir suivi Claudette Colvin, casque HoloLens 2 conçu par Microsoft sur la tête, et système audio à conduction osseuse fiché le long de l’oreille.

À travers des hologrammes, les spectres de cette histoire se réveillent et s’animent sous nos yeux, dans un décor de théâtre que nous sommes invités à arpenter. Le récit se vit sous plusieurs angles et de manière très libre. Les mélodies de Ray Charles, les voix suaves de Nina Simone et Mahalia Jackson, mêlées à des archives vidéo et sonores, vous hérissent les poils. Époustouflant.