ce que Cédric Jubillar a dit aux juges


Le principal suspect dans la disparition de Delphine Jubillar a été entendu 4 heures par les juges mi-octobre. Il clame toujours haut et fort son innocence.

Presque un an après la disparition de Delphine Jubillar, son mari a été interrogé pour la première fois par les juges d’instruction pendant plus de quatre heures mi-octobre. Durant cette audition, dont l’essentiel a été dévoilé par nos confrères du Parisien et confirmé au Figaro par son avocate, le principal suspect lié à la disparition de la mère de famille a reconnu avoir eu des propos «désagréables», «méchants», à l’égard de sa femme, mais il clame toujours son innocence, assurant n’avoir «rien à voir avec [s]a disparition.»

«Il n’a pas lu Françoise Dolto»

Depuis sa mise en examen pour «meurtre sur conjoint», l’artisan peintre n’avait pas encore été entendu par les magistrats en charge du dossier. Durant cet interrogatoire, il a été longuement sondé sur ses relations avec sa femme et ses enfants. Cédric Jubillar a reconnu avoir eu des propos désobligeant envers elle, se justifiant par un trait de caractère: «je n’ai pas un langage soutenu comme certains gens (sic) ou comme vous très haut placées et qui ont des termes polis. Moi j’ai des termes plus désagréables et plus méchants.» Il assume aussi avoir tenu des déclarations menaçantes, en envoyant par exemple ce troublant message à sa mère: «je vais la tuer, je vais l’enterrer, personne ne la retrouvera». Mais il met ses propos sur le compte de son exaspération de l’époque: «j’étais en colère, j’étais en train de me défouler. Comme je vous ai dit, c’est moi le con.»

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Au travers de ses réponses, l’homme est dépeint comme un père colérique envers Louis, leur fils de 7 ans, qui subit coups de pied aux fesses ou gifles en public. Selon son avocate Me Emmanuelle Franck, son client n’est en aucun cas un père violent: «c‘est un gueulard. Manifestement, il n’a pas lu Françoise Dolto. Pour lui, l’autorité paternelle consiste à instituer de la peur. Mais ce n’est pas de la maltraitance, l’école n’a jamais rapporté d’hématome et l’aide sociale n’a jamais été saisie.»

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Face à ce père irritable, Delphine Jubillar n’est pas non plus décrite comme une mère idéale. Elle semblait délaisser ses enfants depuis le début de sa relation avec son amant, durant l’été 2020. «J’étais le seul à m’occuper de l’éducation de Louis, parce que Delphine ne faisait rien, elle ne faisait que de le laisser devant la télé», soutient-il. Plusieurs témoignages évoquent un certain laisser-aller les mois précédents sa disparition. Elyah, 2 ans, avait été présentée sale à la nounou, tandis qu’une source a décrit aux enquêteurs un intérieur mal entretenu, avec «de la vaisselle qui déborde.» «Cela correspond à une réalité de la vie familiale des derniers mois. Manifestement, elle était ailleurs», observe Me Franck.

Un «calvaire»

Très confiant, Cédric Jubillar certifie que la présence de cet autre homme dans la vie de sa femme ne le dérangeait pas: «l’existence d’un amant, je m’en moque un peu. Je suis le seul et unique homme dans sa vie et je suis le premier, donc je me dis que si elle peut aller voir ailleurs et qu’elle me revienne en voyant que c’est nul, tant mieux.» Une affirmation qu’il convient de nuancer avec les faits révélés par l’enquête, à savoir qu’il espionnait les dépenses de sa femme sur sa carte bleue. «Après 15 ans de vie commune, il s’est dit qu’il avait le droit de ne pas être pris pour un idiot, explique son avocate. Il voulait pouvoir se servir de ces informations en cas de litige sur la garde des enfants lors du divorce.» La nuit du 15 au 16 décembre 2020, lors de laquelle tout a basculé, n’a pas été abordée durant ce premier interrogatoire. Elle fera l’objet d’une nouvelle rencontre avec les juges d’instruction le 3 décembre prochain, ce qui n’empêche pas le mis en en cause de se présenter comme «une victime»: «Je suis un innocent mis en prison (…) Au final je suis une victime qui vit dans la prison.»

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Au-delà de cette personnalité clivante, l’interrogatoire met en lumière un homme éreinté par l’isolement en détention: «C’est horrible. Je suis à l’isolement, je ne sais même pas pourquoi. On me dit que c’était du fait que l’affaire soit médiatisée, c’est vraiment un calvaire», souffle-t-il. Depuis le 18 juin, l’homme est enfermé à la maison d’arrêt de Seysses 23 heures sur 24 dans une cellule, comme c’est le cas pour les détenus terroristes. «La nuit, on le réveille toutes les demi-heures avec une lumière», s’insurge son avocate. Le téléphone et les parloirs lui sont interdits. «Nous sommes en novembre et il ne porte qu’un tee-shirt manche longue. Mon confrère va donc lui déposer des pulls demain.»

Cette dernière va déposer mardi, aux côtés de Me Jean-Baptiste Alary et Me Alexandre Martin, une nouvelle demande de remise en liberté devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Toulouse. La défense de Cédric Jubillar entend dénoncer une enquête à charge, où la piste de l’amant n’a jamais été prise au sérieux par les enquêteurs. Le trio de pénalistes pointe aussi une procédure au ralenti, où «l’on joue la montre avec des interrogatoires très éloignés.» Les conclusions de l’analyse de la couette, saisie le 17 décembre 2020 au domicile familial, n’ont ainsi jamais été communiquées aux parties.


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